Le président de la République, en tournée en Afrique pour en finir avec ce qu’il restait de l’influence française, est allé en pèlerinage sur l’île de Gorée. Ce lieu, dans la mythologie moderne, est sensé constituer un haut lieu de l’esclavage des Noirs par les Blancs chrétiens (et uniquement eux, alors que les Noirs eux-mêmes, les Juifs et les Arabes sont oubliés).
L’africaniste Bernard Lugan rappelle la réalité de l’histoire de cette île.
« Quand François Hollande cautionne le mythe de Gorée
A Gorée, la tête couverte de cendres et sacrifiant à la sempiternelle et de plus en plus lassante repentance, François Hollande a donc fait l’inévitable visite de la « Maison des esclaves ».
Or cette célébrissime bâtisse dans laquelle auraient été gardés prisonniers des centaines de milliers, voire des millions de malheureux, ne fut pas une « esclaverie ». De plus, elle semble n’avoir été construite qu’en 1783, soit plusieurs dizaines d’années après la fin du commerce esclavagiste européen dans cette Sénégambie où la seule traite encore pratiquée à l’époque l’était à destination de l’Afrique du Nord et du monde arabo musulman…
L’attitude du président de la République est d’autant plus insolite que la presse a, et par le menu, rapporté comment il a soigneusement préparé son déplacement, se faisant même initier par des historiens aux secrets d’un continent qu’il ne connaît pas. Probablement aura-t-il été enseigné par ceux qui soutiennent que les ethnies africaines sont des créations coloniales…
Eut-il consulté les vrais connaisseurs du passé africain, et plus particulièrement ceux du Sénégal, qu’il eut appris d’eux la véritable histoire de la « Maison des esclaves ». Bien éloignée du pieux catéchisme récité par les guides locaux, elle a été écrite par deux historiens de l’IFAN (Institut fondamental de l’Afrique noire), Abdoulaye Camara, préhistorien-archéologue ancien conservateur du Musée de Gorée puis du Musée d’Art africain de Dakar, et par le père Joseph Roger de Benoist, un des plus « pointus » parmi les historiens du Sénégal. A ce sujet, le lecteur curieux pourra se reporter au journal Le Monde en date du 27 décembre 1996 et à l’article intitulé « Le mythe de la Maison des esclaves qui résiste à la réalité » ; il pourra également consulter l’article que j’ai fait paraître sur mon blog le vendredi 12 octobre 2012.
A la différence de Gorée, les sites de Cape Coast au Ghana, principal point d’exportation des esclaves vendus par le royaume Fanti aux négriers anglais, hollandais et suédois qui s’y succédèrent, d’Elmina à l’est de Cape Coast et de Christiansborg (ou Osu), sur l’actuel site d’Accra furent, eux, d’incontestables centres de traite. Mais ils sont moins médiatiques… et situés hors de la zone francophone. Autrement dit sur la lune. »