[En exclusivité pour Contre-info] Par Laurent Glauzy.
Peut-on réduire l’histoire de l’esclavage à l’homme noir ? Des esclaves blancs ont existé. Ont-ils moins souffert que les esclaves noirs ? Qui furent les véritables mercantis de l’esclavage ?
Rien n’interdit encore d’aborder la question de l’esclavage dans un esprit révisionniste et libre. L’IHR (Institute for Historical Review) propose deux ouvrages qui démontent le mythe de La Case de l’Oncle Tom : They Were White and They were Slaves (Ils étaient blancs et ils étaient esclaves) de Michael A. Hoffman et The Secret Relationship Between Blacks and Jews (Les relations secrètes entre les Noirs et les juifs) de Farrakhan. Dans Les différenciations raciales entre les Noirs et les Blancs, Thomas Jefferson relève que sous l’Empire romain au siècle d’Auguste, la condition des esclaves est bien pire que celle des Noirs dans le continent américain. Malgré cela, Epictète, Térence et Phèdre, esclaves de race blanche, furent les précepteurs des enfants de leurs maîtres. Au IXe siècle, des dizaines de milliers d’esclaves sont vendus sur les terres occupées par l’Islam, comme dans le Royaume de Cordoue. Les Vikings participent à ce commerce juteux. Les captifs sont blancs. Ils viennent d’Islande, d’Ecosse et d’Irlande. Les enfants, non rentables, n’ont pas été embarqués mais tués sur place et les drakkars s’en sont retournés chargés de denrées et de bijoux.
Du Xe au XVe siècle, la majorité des esclaves est issue des peuples slaves, d’où le mot tire son étymologie. Les femmes sont vouées à la prostitution, les hommes aux galères. La castration est courante. Peu y survivent. Avec la disparition des sociétés traditionnelles et le recul du catholicisme sous la poussée des protestantismes, des populations entières sombrent dans une profonde misère.
L’Angleterre concentre tous ces signes. Sa monarchie, très tôt liée aux desseins de la franc-maçonnerie, contribue à accentuer les souffrances d’un peuple contraint à un esclavage aujourd’hui cadenassé dans les amnésies du politiquement correct. Pourtant, cet esclavage, non répertorié comme tel et se développant en Angleterre, est bien plus cruel que celui qu’ont subi les pauvres Noirs d’Amérique. En 1765, sur vingt-trois enfants employés par l’entreprise St Clément Dane’s, dix-huit sont mortellement blessés. Soixante-quatre des soixante-dix huit enfants ouvriers d’une entreprise d’Holborn connaissent le même sort.
A St Qeorge’s Middlesex, seize enfants sur dix-huit meurent d’accidents du travail. En Angleterre, le taux de mortalité de cette main-d’œuvre enfantine est estimé à 90 %. Les rythmes imposés sont insoutenables. Les journées de travail durent en moyenne seize heures. Les enfants sont employés à nettoyer les conduits de cheminées dont, par souci d’économie, les foyers ne sont pas éteints. Les accidents sont nombreux. Mal ou pas rémunérés, les petits ramoneurs qui doivent mendier leur nourriture sont décimés par la tuberculose et le cancer des bronches. Dans The White Slaves of England, John C. Cobden décrit la cruauté des patrons.
En 1833, dans une usine de Manchester, un garçon de moins de dix ans est en retard. Il est contraint de porter autour du cou des poids de dix kilos. D’autres, meurent roués de coups. Dans les mines des dizaines de milliers d’enfants servent de bêtes de somme, attelés à des chariots. Dans les cimetières, les épitaphes témoignent de l’âge de ces esclaves : « William Smith, huit ans, mineur, mort le 3 janvier 1871 ». A l’entour, des enfants de quatre ans reposent dans les autres petites tombes. Dans The Factory System Illustrated William Dodd note qu’en 1846 plus de dix mille ouvriers anglais (en majorité des enfants), ont été blessés, mutilés ou déchiquetés par des machines.
En 1840, un médecin de Stockport voit mourir une jeune fille la chevelure happée par le roulement à billes d’une machine. John Randolph, Virginien de Roanoke, voyage en Irlande et en Angleterre, accompagné de son serviteur. Il écrit : « Je ne pensais pas être autant choqué par la misère des paysans du Limmerick et de Dublin. Johnny est même fier d’être un esclave noir de Virginie. Il était horrifié de voir des taudis, des blancs mourant de faim ». La vie des paysans du Sud de l’Angleterre, témoigne l’historien anglais William Cobbet, est pire que celles des esclaves noirs américains. En 1834, des fermiers du Dorset tentent de former un syndicat pour préserver de la famine les veuves et les orphelins. Ils sont déportés en Australie. Outre-Atlantique, le sort des esclaves blancs, premiers déportés dans le nouveau monde où l’appât du gain a aboli toute morale, est tout aussi inhumain.
En 1645, dans un courrier adressé au gouverneur du Massachusetts, John Winthrop, un certain George Downing conseille aux propriétaires qui veulent faire fortune dans les Antilles d’acheter des esclaves provenant d’Angleterre. En 1640, dans les plantations de canne à sucre des Iles de La Barbade (actuellement haut lieu de la Jet Society), 21 700 blancs sont recensés sur 25 000 esclaves. De 1609 à 1800, près des deux tiers des blancs arrivent en Amérique comme esclaves. Ils constituent la grande majorité de cette main-d’œuvre : il est moins difficile d’obtenir des esclaves blancs que des Nègres. Les chefs des tribus africaines doivent être saoulés par les marchands de « bois d’ébène ». Les Noirs ne sont capturés qu’après des traques qui durent de longues semaines dans des conditions excessivement périlleuses à travers les forêts et les savanes africaines. Le « rendement » est très mauvais. La plupart des captifs meurent, à bout de force, avant d’atteindre les bateaux. Les pistes sont jonchées d’ossements. Une bonne partie des survivants succombera pendant la traversée. En revanche dans les villes et la campagne irlandaise ou écossaises, les kidnappers – que l’édition 1796 du Dictionary of vulgar longue définit comme : « Personne volant des enfants pour les envoyer dans les colonies ou les plantations des Antilles » – fournissent à moindre frais des esclaves moins coûteux à livrer. Selon History of the United States, d’Edward Channing, dix mille enfants kidnappésont été déportés aux Etats-Unis en 1670. Michael A. Hoffman évoque le négoce du capitaine Henry Brayne : « En novembre 1670, son bateau quitte la Caroline. Il est alors chargé de charpentes qui doivent être livrées aux Antilles anglaises en échange d’une cargaison de sucre pour Londres. Ici, le Capitaine prend à bord deux cents à cinq cents esclaves blancs à destination de la Caroline ». Toutes ces raisons conjuguées au fait qu’un esclave blanc a moins de valeur qu’un noir habitué au climat tropical de la Virginie ou de la Floride, expliquent le prix très bas des esclaves blancs.
Par conséquent, les esclavagistes ne les ménagent pas : il les affectent aux tâches les plus dures et les plus répugnantes, les soumettent à des actes de maltraitance et de sadisme. Des enfants seront pendus par les mains à une corde, amputés et tués. Le trésorier de l’Etat de Virginie, George Sandys, atteste du peu de valeur d’un esclave blanc : il en échange 7 contre 150 livres de tabac. Dans A True and Exact History, Richard Ligon mentionne en 1657 le troc d’une esclave blanche contre un cochon. Dans les Antilles anglaises, les quatre cinquièmes des esclaves blancs meurent l’année de leur arrivée. Dans Sugar and Slaves : The Rise of the Planter Class in the English West Indies, l’historien Richard Dunn démontre que les plantations de canne à sucre des Antilles anglaises étaient le tombeau des esclaves blancs. Ecœuré par ces pratiques, le colonel William Brayne écrit en 1656 aux autorités anglaises pour demander l’importation d’esclaves noirs. Mais l’esclavage des blancs est encouragé par les hautes instances politiques et la Couronne. En 1615, le parlement anglais, soutenu par Charles Ier, donne tout pouvoir aux magistrats pour permettre la déportation des Anglais les plus pauvres. Sous le règne de Charles II (1630-1685), même le petit Pays de Galles n’est pas épargné.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des économistes insistent sur le « bien-fondé » de l’esclavage des blancs, main-d’œuvre qui permet le développement des colonies anglaises et favorise l’expansion de l’Empire britannique. En 1618, des aristocrates adressent une pétition au Conseil de Londres exigeant que les enfants qui errent dans les rues soient déportés en Virginie. En janvier 1620, des enfants tentent de s’enfuir de la prison de Briedewell. Une mutinerie éclate. On craint que le mouvement se généralise. Un courrier est envoyé au secrétaire du Roi, Sir Robert Naunton. Le 31 janvier, le Privy Council autorise à titre d’exemple le recours aux sentences capitales. Cela durera jusqu’au XIXe siècle, époque à laquelle les propriétaires d’usines de Nouvelle-Angleterre militent pour l’abolition de l’esclavage noir tout en exploitant sans vergogne les enfants blancs. Ce n’est pas une attitude nouvelle. Dès février 1652, les propriétaires des plantations ont obtenu la légalisation et l’extension du kidnapping des blancs. Les villes du Commonwealth voient les plus pauvres, accusés de mendicité partir chaînes aux pieds pour l’Amérique. Les juges perçoivent les pots-de-vin liés à ce trafic. La part de Sa Majesté n’est pas la moindre.
Laurent Glauzy
Article tiré de Atlas de géopolitique révisée, tome I
Laurent Glauzy est aussi l’auteur de :
Illuminati. « De l’industrie du Rock à Walt Disney : les arcanes du satanisme ».
Karl Lueger, le maire rebelle de la Vienne impériale
Atlas de géopolitique révisée, tome II
Chine, l’empire de la barbarie
Extra-terrestres, les messagers du New-Age
Le mystère de la race des géants