1er Dimanche après Pâques, de « Quasimodo » – textes et commentaire

Nous vous proposons une présentation des textes liturgiques propres à ce dimanche (rite catholique traditionnel), avec leur commentaire.

St Thomas touchant les plaies du Christ ressuscité

« L’octave de Pâques s’est achevée hier ; les néophytes [ceux qui ont été baptisés à Pâques – NDCI] ont déposé leur robe blanche. Mais Pâques subsistera en eux par la pureté de leur vie (Coll.). L’Église n’abandonne pas ceux qu’elle a conduit au baptême; elle affermit leur foi (Ép., Év.) ; elle les nourrit, comme des enfants nouveaux-nés, du lait pur de sa doctrine (Intr). »

Dom Guéranger

TEXTES AVEC COMMENTAIRE DE DOM GUÉRANGER
(dans l’Année liturgiquedisponible ici avec ses autres livres)

« Ce Dimanche, appelé vulgairement le Dimanche de Quasimodo [des premiers mots de l’Introït en latin – NDCI] , porte dans la Liturgie le nom de Dimanche in albis, et plus explicitement in albis depositis, parce que c’était en ce jour que les néophytes paraissaient à l’Église sous les habits ordinaires. Au moyen âge, on l’appelait Pâque close : sans doute pour exprimer qu’en ce jour l’Octave de Pâques se terminait. La solennité de ce Dimanche est si grande dans l’Église, que non seulement il est du rite Double, mais qu’il ne cède jamais la place à aucune fête, de quelque degré supérieur qu’elle soit.

L’Introït rappelle les gracieuses paroles que saint Pierre adressait, dans l’Épître d’hier, aux nouveaux baptisés. Ce sont de tendres enfants remplis de simplesse, et aspirant aux mamelles de la sainte Église le lait spirituel de la foi, qui les rendra forts et sincères.

Introït
Comme des enfants nouveau‑nés, alleluia : enfants spirituels, aspirez au lait pur et sincère. Alleluia, alleluia, alleluia. Ps. Célébrez dans la joie le Dieu notre protecteur : louez avec allégresse le Dieu de Jacob. Gloire au Père. Comme des enfants.

En ce dernier jour d’une si grande Octave, l’Église fait, dans la Collecte, ses adieux aux pompes solennelles qui viennent de s’écouler, et demande à Dieu que leur divin objet demeure empreint dans la vie et la conduite de ses enfants.

Collecte
Faites, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, qu’ayant achevé la célébration des fêtes pascales, nous en retenions l’esprit dans nos habitudes et dans notre vie. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Épître
Lecture de l’Épître du bienheureux Jean, Apôtre. 1, Chap. 5.

Mes bien-aimés, quiconque est né de Dieu est victorieux du monde ; et la victoire qui soumet le monde, c’est notre foi. Quel est celui qui triomphe du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? C’est ce même Jésus-Christ qui est venu avec l’eau et le sang ; non seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et c’est l’Esprit qui rend témoignage que le Christ est la vérité. Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, le Verbe et le Saint-Esprit ; et ces trois sont une même chose. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre : l’Esprit, l’eau et le sang ; et ces trois sont une même chose. Si nous recevons le témoignage des hommes, celui de Dieu est plus grand. Or ce grand témoignage de Dieu, c’est celui qu’il a rendu au sujet de son Fils. Celui qui croit au Fils de Dieu, a en soi le témoignage de Dieu.

L’Apôtre saint Jean célèbre en ce passage le mérite et les avantages de la foi ; il nous la présente comme une victoire qui met le monde sous nos pieds, le monde qui nous entoure, et le monde qui est au dedans de nous. La raison qui a porté l’Église à faire choix pour aujourd’hui de ce texte de saint Jean se devine aisément, quand on voit le Christ lui-même recommander la foi dans l’Évangile de ce Dimanche. « Croire en Jésus-Christ, nous dit l’Apôtre, c’est vaincre le monde » ; celui-là n’a donc pas la foi véritable qui soumet sa foi au joug du monde. Croyons d’un cœur sincère, heureux de nous sentir enfants en présence de la vérité divine, toujours disposés à accueillir avec empressement le témoignage de Dieu. Ce divin témoignage retentira en nous, selon qu’il nous trouvera désireux de l’entendre toujours davantage. Jean, à la vue des linceuls qui avaient enveloppé le corps de son maître, se recueillit et il crut ; Thomas avait de plus que Jean l’attestation des Apôtres qui avaient vu Jésus ressuscité, et il ne croyait pas. Il n’avait pas soumis le monde à sa raison, parce que la foi n’était pas en lui.

Les deux Versets alleluiatiques sont formés de passages du saint Évangile qui ont rapport à la Résurrection. Le second retrace la grande scène qui eut lieu aujourd’hui même dans le Cénacle.

Alleluia, alleluia. V/. Au jour de ma résurrection, dit le Seigneur, je vous précéderai en Galilée. Alleluia. V/. Huit jours après, les portes étant fermées, Jésus parut au milieu de ses disciples, et il leur dit : La paix soit avec vous ! Alleluia.

Évangile
La suite du saint Évangile selon saint Jean. Chap. 20.

En ce temps-là, sur le soir, le jour d’après le sabbat, les portes du lieu où les disciples étaient rassemblés étant fermées, de peur des Juifs, Jésus vint, et debout au milieu d’eux, il leur dit : La paix soit avec vous ! Et ayant dit ces mots, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent dans la joie de voir le Seigneur. Il leur dit de nouveau : La paix soit avec vous ! Comme mon Père m’a envoyé, je vous envoie. Cela dit, il souffla sur eux et leur dit : Recevez le Saint-Esprit. Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez. Or Thomas appelé Didyme, l’un des douze, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt là où étaient les clous, et ma main dans son côté, je ne croirai point. Huit jours après, les disciples étant encore dans le même lieu, et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes fermées, et debout au milieu d’eux, il leur dit : La paix soit avec vous ! Puis il dit à Thomas : Mets ici ton doigt, et vois mes mains ; approche ta main et mets-la dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais fidèle. Thomas répondant lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. Jésus fit encore devant ses disciples beaucoup d’autres miracles qui ne sont point écrits en ce livre ; mais ceux-ci ont été écrits, afin que vous croyiez que Jésus est le Fils de Dieu, et qu’en le croyant vous ayez la vie en son nom.

Nous avons insisté suffisamment sur l’incrédulité de saint Thomas ; il est temps maintenant de glorifier la foi de cet Apôtre. Son infidélité nous a aidés à sonder notre peu de foi ; que son retour nous éclaire sur ce que nous avons à faire pour devenir de vrais croyants. Thomas a contraint le Sauveur, qui compte sur lui pour en faire une des colonnes de son Église, à descendre avec lui jusqu’à la familiarité ; mais à peine a-t-il introduit son doigt téméraire dans les plaies de son maître que, tout aussitôt, il se sent subjugué. Le besoin de réparer, par un acte solennel de foi, l’imprudence qu’il a commise en se croyant sage et prudent, se fait sentir à lui : il jette un cri, et ce cri est la protestation de foi la plus ardente qu’un homme puisse faire entendre : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Remarquez qu’il ne dit pas seulement ici que Jésus est son Seigneur, son Maître ; qu’il est bien le même Jésus dont il a été le disciple ; ce ne serait pas encore la foi. Il n’y a plus foi, quand on palpe l’objet. Thomas aurait eu la foi de la Résurrection, s’il avait cru sur le témoignage de ses frères ; maintenant, il ne croit plus simplement, il voit, il a l’expérience. Quel est donc le témoignage de sa foi ? C’est qu’il atteste en ce moment que son Maître est Dieu. Il ne voit que l’humanité de Jésus, et il proclame tout d’un coup la divinité de ce Maître. D’un seul bond, son âme loyale et repentante s’est élancée jusqu’à l’intelligence des grandeurs de Jésus : « Vous êtes mon Dieu ! » lui dit-il. 0 Thomas, d’abord incrédule, la sainte Église révère votre foi, et elle la propose pour modèle à ses enfants au jour de votre fête. La confession que vous avez faite aujourd’hui vient se placer d’elle-même à côté de celle que fit Pierre, lorsqu’il dit à Jésus : « Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant ! » Par cette profession que ni la chair, ni le sang n’avaient inspirée, Pierre mérita d’être choisi pour être le fondement de l’Église ; la vôtre a fait plus que réparer votre faute ; elle vous rendit pour un moment supérieur à vos frères, que la joie de revoir leur Maître transportait, mais sur lesquels la gloire visible de son humanité avait fait jusqu’alors plus d’impression que le caractère invisible de sa divinité.

L’Offertoire est formé d’un passage historique de l’Évangile sur la résurrection du Sauveur.

Offertoire
L’Ange du Seigneur descendit du ciel, et il dit aux femmes : Celui que vous cherchez est ressuscité, ainsi qu’il l’avait dit. Alleluia.

Dans la Secrète, la sainte Église exprime l’enthousiasme dont le mystère de la Pâque est en elle la source ; et elle demande que cette joie se transforme en celle que doit nous apporter la Pâque de l’éternité.

Secrète
Daignez recevoir, Seigneur, les dons que votre Église vous offre dans sa joie ; et puisque vous lui avez donné le sujet d’une si vive allégresse, accordez-lui le fruit de l’éternelle félicité. Par Jésus‑Christ notre Seigneur. Amen.

En distribuant aux néophytes et au reste du peuple fidèle l’aliment divin, l’Église rappelle, dans l’Antienne de la Communion, les paroles de Jésus à Thomas. Cet Apôtre pénétra de son doigt les membres sacrés du Sauveur : Jésus, dans la divine Eucharistie, se révèle à nous d’une manière plus intime encore ; mais pour profiter de la condescendance d’un maître si rempli de bonté, il nous faut avoir cette foi vive et courageuse qu’il recommanda à son Apôtre.

Communion
Porte ici ta main, et reconnais la place des clous, alleluia ; et ne sois plus incrédule, mais fidèle. Alleluia, alleluia.

L’Église conclut les prières du Sacrifice en demandant que le divin mystère institué pour soutenir notre faiblesse soit, dans le présent et dans l’avenir, le moyen efficace de notre persévérance.

Postcommunion
Nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, que ces saints et sacrés mystères dont vous avez fait le rempart de notre régénération, soient pour nous le remède présent et celui de l’avenir. Par Jésus‑Christ notre Seigneur. Amen. »