2e Dimanche de l’Avent (textes et commentaires)

Nous vous proposons une présentation des textes liturgiques propres à ce dimanche (rite catholique traditionnel).

Jean, dans sa prison
St Jean-Baptiste, de sa prison, envoie ses disciples questionner Jésus.

« Reprenant la prophétie d’Isaïe, saint Jean-Baptiste, le dernier des prophètes et le précurseur immédiat du Sauveur, invitait les foules de Palestine à reconnaître en Jésus de Nazareth le Messie attendu, celui qui rend la lumière aux aveugles, ressuscite les morts et annonce aux pauvres la bonne nouvelle du salut. C’est encore sa voix et celle des grands prophètes d’Israël que l’Église nous fait entendre (Intr., Évangile). Mais le peuple de Dieu s’est accru de toutes les nations qui peuplent la terre et la Jérusalem nouvelle s’est étendue aux dimensions du monde. Saint paul déjà le proclamait (Épître) ; l’Église le redit après lui, invitant tous les hommes à se tourner vers le Christ ; et à se lever pour accueillir dans la joie le salut que Dieu leur envoie (Comm.). »

Dom G. Lefebvre

COMMENTAIRE DE DOM GUÉRANGER
(dans l’Année liturgiquedisponible ici avec ses autres livres) :

« L’Office de ce Dimanche est rempli tout entier des sentiments d’espérance et de joie que donne à l’âme fidèle l’heureuse nouvelle de la prochaine arrivée de celui qui est son Sauveur et son Époux. L’Avènement intérieur, celui qui s’opère dans les âmes, est l’objet presque exclusif des prières de l’Église en ce jour : ouvrons donc nos cœurs, préparons nos lampes, et attendons dans l’allégresse ce cri qui se fera entendre au milieu de la nuit : Gloire à Dieu ! Paix aux hommes !

L’Église Romaine fait en ce jour la Station en la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem. C’est dans cette vénérable Église que Constantin déposa une portion considérable de la vraie Croix, avec le Titre qui y fut attaché par ordre de Pilate, et qui proclamait la Royauté du Sauveur des hommes. On y garde encore ces précieuses reliques ; et, enrichie d’un si glorieux dépôt, la Basilique de Sainte-Croix-en-Jérusalem est considérée, dans la Liturgie Romaine, comme Jérusalem elle-même ; ainsi qu’on peut le voir aux allusions que présentent les diverses Messes des Stations qu’on y célèbre. Dans le langage des saintes Écritures et de l’Église, Jérusalem est le type de l’âme fidèle ; telle est aussi la pensée fondamentale qui a présidé à la composition de l’Office et de la Messe de ce Dimanche. Nous regrettons de ne pouvoir développer ici tout ce magnifique ensemble, et nous nous hâtons d’ouvrir le Prophète Isaïe. et d’y lire, avec l’Église, le passage où elle puise aujourd’hui le motif de ses espérances dans le règne doux et pacifique du Messie. Mais adorons d’abord ce divin Messie.

Regem ventúrum Dóminum, veníte, adorémus. Le Roi qui doit venir, le Seigneur, venez, adorons-le.

Du Prophète Isaïe. Chap. XI. (Voir leçons des Matines plus haut)

Que de choses dans ces magnifiques paroles du Prophète ! La Branche ; la Fleur qui en sort ; l’Esprit qui se repose sur cette fleur ; les sept dons de cet Esprit ; la paix et la sécurité rétablies sur la terre ; une fraternité universelle dans l’empire du Messie. Saint Jérôme, dont l’Église emprunte aujourd’hui les paroles dans les Leçons du second Nocturne, nous dit « que cette Branche sans aucun nœud qui sort de la tige de Jessé, est la Vierge Marie, et que la Fleur est le Sauveur a lui-même, qui a dit dans le Cantique : Je suis la fleur des champs et le lis des vallons ». Tous les siècles chrétiens ont célébré avec transport et la Branche merveilleuse, et sa divine Fleur. Au moyen âge, l’Arbre de Jessé couvrait de ses prophétiques rameaux le portail des Cathédrales, étincelait sur leurs vitraux, s’épandait en broderie sur les tapisseries du sanctuaire ; et la voix mélodieuse des prêtres chantait le doux Répons composé par Fulbert de Chartres et mis en chant grégorien par le pieux roi Robert :

R/. La tige de Jessé a produit une branche, et la branche une fleur ; * Et sur cette fleur l’Esprit divin s’est reposé. V/. La Vierge Mère de Dieu est la branche, et son fils est la fleur ; * Et sur cette fleur l’Esprit divin s’est reposé.

Et le dévot saint Bernard, commentant ce Répons dans sa deuxième Homélie sur l’Avent, disait : « Le Fils de la Vierge est la fleur, fleur blanche et pourprée, choisie entre mille ; fleur dont la vue réjouit les Anges, et dont l’odeur rend la vie aux morts ; Fleur des champs, comme elle le dit elle-même, et non fleur des jardins ; car la fleur des champs pousse d’elle-même sans le secours de l’homme, sans les procédés de l’agriculture. Ainsi le chaste sein de la Vierge, comme un champ d’une verdure éternelle, a produit cette divine fleur dont la beauté ne se corrompt pas, dont l’éclat ne se fanera jamais. O Vierge ! branche sublime, à quelle hauteur ne montez-vous pas ? Vous arrivez jusqu’à celui qui est assis sur le Trône, jusqu’au Seigneur de majesté. Et je ne m’en étonne pas ; car vous jetez profondément en terre les racines de l’humilité. O plante céleste, la plus précieuse de toutes et la plus sainte ! O vrai arbre de vie, qui seule avez été digne de porter le fruit du salut ! »

Parlerons-nous de l’Esprit-Saint et de ses dons, qui ne se répandent sur le Messie qu’afin de descendre ensuite sur nous, qui seuls avons besoin de Sagesse et d’Intelligence, de Conseil et de Force, de Science, de Piété et de Crainte de Dieu ? Implorons avec instances ce divin Esprit par l’opération duquel Jésus a été conçu et formé au sein de Marie, et demandons-lui de le former aussi dans notre cœur. Mais réjouissons-nous encore sur les admirables récits que nous fait le Prophète, de la félicité, de la concorde, de la douceur qui règnent sur la Montagne sainte. Depuis tant de siècles le monde attendait la paix : elle vient enfin. Le péché avait tout divisé ; la grâce va tout réunir. Un tendre enfant sera le gage de l’alliance universelle. Les Prophètes l’ont annoncé, la Sibylle l’a déclaré, et dans Rome même encore ensevelie sous les ombres du Paganisme, le prince des poètes latins, écho des traditions antiques, a entonné le chant fameux dans lequel il dit : « Le dernier âge, l’âge prédit par la Sibylle de Cumes va s’ouvrir ; une nouvelle race d’hommes descend du ciel. Les troupeaux n’auront plus à craindre la fureur des lions. Le serpent périra ; et l’herbe trompeuse qui donne le poison sera anéantie [1]Ultima Cumæi venit jam carminis aetas…
Jam nova progenies cælo demittitur alto…
…Nec magnos metuent armenta leones…
Occidet et serpens, et fallax herba veneni
Occidet. …
. »

Venez donc, ô Messie, rétablir l’harmonie primitive ; mais daignez vous souvenir que c’est surtout dans le cœur de l’homme que cette harmonie a été brisée ; venez guérir ce cœur, posséder cette Jérusalem, indigne objet de votre prédilection. Assez longtemps elle a été captive en Babylone ; ramenez-la de la terre étrangère. Rebâtissez son temple ; et que la gloire de ce second temple soit plus grande que celle du premier, par l’honneur que vous lui ferez de l’habiter, non plus en figure, mais en personne. L’Ange l’a dit à Marie : Le Seigneur Dieu donnera à votre fils le trône de David son père ; et il régnera dans la maison de Jacob à jamais, et son règne n’aura point de fin. Que pouvons-nous faire, ô Jésus ! si ce n’est de dire, comme Jean le bien-aimé, à la fin de sa Prophétie : Amen ! Ainsi soit-il ! Venez, Seigneur Jésus !

A LA MESSE.
La solennité du Sacrifice s’ouvre par un chant de triomphe qui s’adresse à Jérusalem, Ce chant exprime la joie qui saisira le cœur de l’homme, quand il aura entendu la voix de son Dieu. Il célèbre la bonté de ce divin Pasteur, pour lequel chacune de nos âmes est une brebis chérie, qu’il est prêt à nourrir de sa propre chair.

Introït :
Peuple de Sion, voici que le Seigneur vient pour sauver les nations. Il va faire retentir sa voix majestueuse, et vous aurez le cœur en joie. (Is. 30, 30.)
Ecoutez-moi, Pasteur d’Israël, vous qui menez le peuple de Joseph comme un berger son troupeau. (Ps. 79, 2)

Dans la Collecte, le prêtre insiste sur la pureté que nos cœurs doivent avoir pour l’Avènement du Sauveur.

Collecte :
Excitez, Seigneur, nos cœurs pour préparer la route à votre Fils unique, afin que sa venue nous permette de vous servir avec une âme plus pure.

ÉPÎTRE.
Lecture de l’Epître de Saint Paul aux Romains :
Mes Frères : Tout ce qui a été écrit avant nous l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience et la consolation que donnent les Ecritures, nous possédions l’espérance. Que le Dieu de la patience et de la consolation vous donne d’avoir les uns envers les autres les mêmes sentiments selon Jésus-Christ, afin que, d’un même cœur et d’une même bouche, vous glorifiez Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. J’affirme, en effet, que le Christ a été ministre des circoncis, pour montrer la véracité de Dieu, en accomplissant les promesses faites à leurs pères, tandis que les Gentils glorifient Dieu à cause de sa miséricorde, selon qu’il est écrit :  » C’est pourquoi je te louerai parmi les nations, et je chanterai à la gloire de ton nom.  » L’Ecriture dit encore :  » Nations, réjouissez-vous avec son peuple.  » Et ailleurs :  » Nations, louez toutes le Seigneur ; peuples, célébrez-le tous.  » Isaïe dit aussi :  » Il paraîtra, le rejeton de Jessé, celui qui se lève pour régner sur les nations ; en lui les nations mettront leur espérance.  » Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, afin que, par la vertu de l’Esprit-Saint, vous abondiez en espérance ! 

Ayez donc patience, Chrétiens ; croissez dans l’espérance ; et vous goûterez le Dieu de paix qui va venir en vous. Mais soyez unis de cœur les uns aux autres ; car c’est la marque des enfants de Dieu. Le Prophète nous annonce que le Messie fera habiter ensemble le loup et l’agneau ; et voici que l’Apôtre nous le montre réunissant dans une même famille le Juif et le Gentil. Gloire à ce souverain Roi, puissant rejeton de la tige de Jessé, et qui nous commande d’espérer en lui ! Voici que l’Église nous avertit encore qu’il va paraître en Jérusalem (Graduel) :

Graduel :
De Sion où brille sa beauté, Dieu va paraître au grand jour.
V/. Rassemblez-lui ses fidèles, qui ont scellés par des sacrifices leur alliance avec lui.
Allelúia, allelúia. V/. J’étais tout heureux quand on m’a dit : “Nous irons dans la maison du Seigneur. Alléluia.

ÉVANGILE.
Suite du Saint Evangile selon saint Mathieu :
En ce temps-là : Jean, dans sa prison, ayant entendu parler des œuvres du Christ, lui envoya dire par ses disciples : « Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! » Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules au sujet de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? Qu’êtes-vous donc aller voir ? Un homme vêtus d’(habits) somptueux ? Mais ceux qui portent des (habits) somptueux se trouvent dans les demeures des rois. Mais qu’êtes-vous allés (voir) ? Voir un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. C’est celui dont il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de vous, pour vous préparer la voie devant vous.

C’est bien vous, Seigneur, qui deviez venir, et nous ne devons pas en attendre un autre. Nous étions aveugles, vous nous avez éclairés ; notre marche était chancelante, vous l’avez raffermie ; la lèpre du péché nous couvrait, vous nous avez guéris ; nous étions sourds à votre voix, vous nous avez rendu l’ouïe ; nous étions morts par nos iniquités, vous nous avez tirés du tombeau ; enfin, nous étions pauvres et délaissés, vous êtes venu nous consoler. Tels ont été, tels seront les fruits de votre visite dans nos âmes, ô Jésus ! visite silencieuse, mais puissante ; dont la chair et le sang n’ont point le secret, mais qui s’accomplit dans un cœur touché. Venez ainsi en moi, ô Sauveur ! Votre abaissement, votre familiarité ne me scandaliseront pas ; car vos œuvres dans les âmes disent assez que vous êtes un Dieu. C’est parce que vous les avez créées que vous pouvez les guérir.

Après le chant du Symbole de la Foi, quand le Prêtre procède à l’oblation du Pain et du Vin, unissez-vous à l’Église qui demande d’être vivifiée par l’Hôte divin qu’elle attend :

Offertoire :
Ô Dieu, vous vous tournerez vers nous, et vous nous rendrez la vie ; et votre peuple se réjouira en vous. Montrez-nous, Seigneur, votre miséricorde, et donnez-nous le Salut dont vous êtes la source.

Secrète :
Soyez apaisé, Seigneur, vous vous en prions, par les prières et les sacrifices de notre humilité : et puisque nous n’avons pas de mérite à y joindre en recommandation, que votre grâce vienne à notre secours.

Préface de la Sainte Trinité

Pendant la Communion, la voix de l’Église fait retentir encore la félicité de Jérusalem. Son Dieu vient à elle, et il veut la traiter en Épouse : qu’elle se prépare donc à l’honneur de cette visite, en s’élevant au-dessus de tout ce qui est inférieur à cet Époux divin qui daigne descendre pour elle :

Communion :
 Lève-toi, Jérusalem , et monte sur un lieu élevé : et considère les délices que ton Dieu versera en toi.

L’Église, dans l’Oraison suivante, explique en quoi consiste cette élévation que Jérusalem doit chercher : aimer les choses du ciel d’où vient le Sauveur, mépriser celles de la terre dont l’amour sépare de Dieu :

Postcommunion :
Rassasiés de la nourriture spirituelle, nous vous supplions , Seigneur, de nous apprendre, par la participation de ce Mystère, à mépriser les choses de la terre et à aimer celles du ciel. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

Notes   [ + ]

1. Ultima Cumæi venit jam carminis aetas…
Jam nova progenies cælo demittitur alto…
…Nec magnos metuent armenta leones…
Occidet et serpens, et fallax herba veneni
Occidet. …

1 commentaire concernant l'article “2e Dimanche de l’Avent (textes et commentaires)”

Les commentaires sont fermés.