Après avoir rappelé que Vladimir considérait que la dislocation de l’URSS était la « plus grande catastrophe géopolitique du siècle dernier », nous relayons ci-dessous un point de vue qui nous semble intéressant, loin du prêt-à-penser « dissident » (oxymore) :
« Beaucoup de commentateurs s’érigeant en géopoliticiens, voire historiens confirmés, derrière leurs claviers, s’obstinent à ne pas voir que la guerre non déclarée déclenchée par la Russie contre l’Ukraine et son intégrité territoriale en 2014, violant allègrement les dispositions du Mémorandum de Budapest de 1994 et du traité d’amitié de 1997, a redonné une certaine impulsion à une alliance atlantique en état de somnolence avancée, avec des pays qui avaient raboté radicalement leurs effectifs et budgets militaires.Il n’était écrit nulle part que le pays allait faire le forcing pour demander son adhésion à l’OTAN après l’insurrection du Maïdan de 2013-2014, pour qui est familier des réalités politiques locales, pas plus que cela avait été le cas après la « révolution Orange » de 2004.
Washington, alors prioritairement tourné vers le théâtre Asie-Pacifique, a saisi opportunément l’occasion d’assurer un minimum de service après-vente atlantiste, en s’impliquant ostensiblement à nouveau dans son protectorat européen pour préserver sa crédibilité, en rassurant régulièrement par des déploiements de force symboliques certains pays membres qui ont de bonnes raisons de se méfier des discours revanchistes et révisionnistes de Moscou.C’est le joueur de poker du Kremlin, bon tacticien, mais piètre stratège lorsqu’il s’agit de l’Ukraine, qui a ainsi encouragé et provoqué un renforcement de l’OTAN, une tendance qu’il souhaitait dit-il conjurer : un bel exemple de contre-productivité et d’hétérotélie pour ceux qui sont encore capables de ne pas confondre les causes et les conséquences.Ceux qui souhaitaient comme moi et depuis longtemps voir mises en place de véritables conditions pour une réconciliation équitable et durable entre les deux pays voient leurs espoirs s’envoler, avec une Ukraine désormais perdue pour la Russie pour au moins des générations.L’hubris d’un dirigeant vieillissant qui n’a jamais surmonté une blessure narcissique liée à la chute de l’URSS, conjugué à son incapacité à comprendre l’Ukraine, à des élans revanchistes et révisionnistes, aura des conséquences encore incalculables, y compris pour sa population dont il est censé défendre les intérêts. »