A Montmoreau-Saint-Cybard, en Charente, deux classes de 3e ont reçu, voici un mois, un sujet de rédaction assez singulier. Voyez-vous-mêmes : « Vous venez d’avoir 18 ans. Vous avez décidé d’en finir avec la vie. Votre décision semble irrévocable. Vous décidez dans un dernier élan de livrer les raisons de votre geste. En dressant votre autoportrait, vous décrivez tout le dégoût que vous avez de vous-même. Votre texte retracera quelques événements de votre vie à l’origine de ce sentiment. »
Ou comment apprendre à justifier son propre suicide. Cynique. Surtout à un âge où le jeune se construit, en recherche de repères. L’éducation, n’est-ce pas d’abord aider l’enfant, en quête de sens, à découvrir et à aimer le Vrai, le Bien, le Beau ? Quelles valeurs pouvait donc véhiculer un tel sujet, en phase il est vrai avec une société de consommation déshumanisée et en perte de sens ?
En attendant, ce devoir n’était accompagné d’aucun cours de sensibilisation à la problématique du suicide : lequel demeure la deuxième cause de mort chez les jeunes de 15 à 24 ans.
« Un sujet comme ça, c’est quasiment de l’incitation !« , a déclaré le président des parents d’élève du collège à La Charente libre. Faut-il d’ailleurs souligner ce commentaire du professeur, à côté de la note d’un élève : « Pas assez précis » ?
Le professeur, un enseignant de lettres d’une trentaine d’années, a été « suspendu à titre conservatoire, le temps que l’enquête administrative soit diligentée » a annoncé le rectorat.