L’objectif de cette attaque du CRAN n’est évidement pas d’éviter une humiliation aux noirs de France. Si nous posions la question dans la rue : « qui est Colbert ? », nous aurions une majorité écrasante de Français incapable de répondre. L’ignorance est sans aucun doute, encore plus importante chez les concernés (populations immigrées). Sous prétexte de défendre « la mémoire de l’esclavage », le CRAN en profite pour faire un beau coup de com’ et rappeler qu’il existe. Ca lui servira pour réclamer des subventions supplémentaires, ou simplement maintenir les dotations actuelles. Mais ce type d’opération médiatique, largement relayée par la presse « mainstream », permet d’entretenir l’ignorance, la culpabilité et la haine de soi des Français.
Tous les médias ont parlé de Charlottesville, de la statue du général Lee, de la « white supremacy », etc. Mais rares sont ceux qui ont évoqué ce problème dans le contexte français. Or la question des emblèmes esclavagistes dans l’espace public se pose également dans notre pays. Elle est formulée depuis au moins trente ans par des citoyens – qu’ils viennent de l’outre-mer ou non – qui demandent que ces symboles soient retirés.
Cette exigence suscite chez certains de nos compatriotes une certaine angoisse : jusqu’où, disent-ils, faudra-t-il aller ? La réponse est claire : on ne pourra sans doute pas modifier tous les symboles liés à l’esclavage dans l’espace public, tant ils sont nombreux et intimement liés à notre histoire nationale. Mais on ne peut pas non plus ne rien faire, en restant dans le déni et dans le mépris, comme si le problème n’existait pas. Entre ceux qui disent qu’il faut tout changer et ceux qui disent qu’il ne faut rien changer, il y a probablement une place pour l’action raisonnable.