Surtout concernant les cadres… La philosophie originelle de l’assurance chômage était de permettre aux assurés qui subissent un aléa dans leur carrière, de conserver un minimum de revenus (57% du salaire brut) le temps de retrouver du travail (maximum 2 ou 3 ans en fonction de l’âge). Depuis bien longtemps certains abusent, et alternent volontairement période d’emploi et période d’indemnisation avec pour objectif de travailler le moins possible. Quant aux intermittents, ils génèrent plus de 30% de la dette annuelle de l’assurance chômage !
Plutôt que de faire la chasse aux véritables abus, le parti de Macron souhaite rendre dégressif les indemnités dans le temps, spécialement celles des cadres ! En résumé, la population la moins consommatrice de droits chômage, mais également celle qui finance le plus cette branche de la protection sociale, serait la plus pénalisée en proportion de son revenu !
La ficelle politique est grosse… Si les portes-flingue du président font de la réclame de caniveau en présentant une mesure qui impacte seulement « les plus riches », une fois le principe en place pour les cadres, il sera sans aucun doute étendu à tous les assurés !
Trouvé sur BFM : La dégressivité des allocations chômage, une des pistes avancées pour inciter au retour à l’emploi, n’est pas une idée nouvelle. Testée dans les années 90, elle s’était traduite par plus de précarité sans générer d’économies.
La dégressivité des allocations chômage sera à nouveau sur la table lors de la prochaine négociation sur la réforme de l’assurance chômage, qui débutera le 9 novembre. Avant la précédente négociation, la ministre du Travail de l’époque, Myriam El Khomri, avait déjà incité début 2016 les partenaires sociaux à se pencher sur la question.
Cette piste a resurgi à la fin de l’été, lancée par un député LREM, Aurélien Taché, qui entend la réserver aux cadres, avec par exemple une diminution de l’indemnisation au bout de six mois.
L’exécutif avait d’emblée fait savoir qu’il n’avait « pas de tabou » sur le sujet. Un mois plus tard, le Premier ministre Édouard Philippe a expliqué que la dégressivité pouvait être envisagée pour les demandeurs d’emploi qui ont « une très forte employabilité, pour ceux qui ont des salaires très élevés ».
Dès son évocation, la CFE-CGC, qui défend les cadres, a montré les dents, accusant le gouvernement de « faire du populisme » en ciblant une catégorie aux revenus plus élevés. « Les cadres sont ceux qui sont les moins exposés au chômage », argumente Aurélien Taché, jugeant la réaction de la CFE-CGC « corporatiste ».
1100 cadres peuvent prétendre à 6615 euros d’allocations par moisQuant à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, elle souligne qu' »on est un des rares pays d’Europe qui indemnise les demandeurs d’emploi deux ans, trois ans pour les seniors, sans dégressivité ».
Dans la lettre de cadrage envoyée fin septembre aux organisations syndicales et patronales, feuille de route de la future négociation, nulle trace du mot « dégressivité ». Mais elle peut se glisser entre les lignes suivantes: « des règles identiques pour tous les demandeurs d’emplois, sous l’apparence de l’égalité, ne tiennent pas compte des différences de capacité à retrouver un emploi. Les partenaires sociaux sont invités à corriger cette situation ».
L’assurance chômage prévoit une allocation maximale de 6615 euros pour les 1100 cadres les mieux payés de France (salaire atteignant au moins quatre fois le plafond mensuel de la sécurité sociale soit 13.244 euros en 2018). Ils représentent « 0,05% du nombre total des bénéficiaires », selon l’Unédic et leurs contributions au financement de l’assurance-chômage est parallèlement la plus élevée: leurs cotisations (patronales et salariales) sont par exemple calculées cette année sur la base de 13.244 euros. Aurélien Taché suggère de plafonner les indemnités des cadres à 3000 euros, soit le triple du montant moyen de l’allocation chômage (1020 euros).
« Des trappes à précarité »A l’instar des autres syndicats, la CFE-CGC met en cause l’efficacité économique de la dégressivité, estimant qu’elle ouvre des « trappes à précarité ». « Voyant leurs allocations décroître, les gens acceptaient n’importe quel emploi qui se trouvait être sous-qualifié par rapport à leur qualification d’origine, et à nouveau le perdaient », explique ainsi son président, François Hommeril, en référence à la période 1992-2001 où elle a été expérimentée.
Alors baptisée « allocation unique dégressive », la dégressivité s’opérait par paliers courts et fréquents pouvant aller de 8 à 25% d’indemnité en moins. Les « bénéfices de la dégressivité sont douteux » et elle « crée des effets indésirables », relevait en 2016 une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OCFE), « sans garantir le redressement des comptes de l’Unédic ni celui des comportements de reprise d’emploi ».
« Aucune étude économique sur les systèmes d’assurance chômage dans le monde n’a prouvé l’efficacité de la dégressivité », a renchéri le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Le Medef y voit lui « une option », « sans que ce soit l’alpha et l’oméga de la réforme ».