A propos du Général De Gaulle, par le paysan et patriote béarnais Alexis Arette

Alors qu’à l’occasion de l’anniversaire du trépas de Charles De Gaulle, l’on est abreuvé de louanges tout à fait hors de mesure, nous publions cette roborative « lettre ouverte à Eric Zemmour à propos du Général de Gaulle », rendue initialement publique en novembre dernier.

Son auteur, Alexis Arette, est né en 1927 en Béarn.
En 1950, il s’engagea dans les parachutistes pour aller défendre l’Indochine. Blessé en 1954, il fut rapatrié, cité, médaillé militaire et réformé, et redevint paysan (précoce adepte de l’agriculture biologique).
En 1962, il fut emprisonné pour cause d’Algérie Française.
En 1964, il fut élu Président du Groupe Béarnais de l’Union Nationale des Combattants. Il fonda en 1957 le Salon des Poètes de la ville de Pau. Puis partagea ses activités entre l’animation de la culture régionale, dont il présida la commission culturelle. Élu Président National de la Fédération Française de l’agriculture en 1982 et Conseiller régional d’Aquitaine en 1988 (réélu en 1992), il fut l’auteur de très nombreuses conférences.

Le général Giraud et le colonel de Gaulle (derrière : Roosevelt et Churchill) à Alger en 1943

« « Leur faire aimer leur servitude, telle est la tâche assignée aujourd’hui, par les états totalitaires aux ministres de la propagande, aux rédacteurs en chef des journaux, et aux maitres d’école. Il est possible que s’abatte sur nous, d’ici 50 ans, l’horreur d’un seul totalitarisme supra-national, se développant sous le besoin du rendement, de la stabilité pour prendre la forme de la tyrannie–providence ! » [Aldous Huxley (1956) Préface du « Meilleur des Mondes »]

Monsieur,

Après quelques-unes de vos déclarations concernant les mérites du général de Gaulle, je m’attendais à ce que, ce 9 Novembre vous alliez à Colombey-les-deux-Eglises, rejoindre les autres laudateurs, que je tiens pour d’éminents abrutis.

Au temps où le Front National ne s’était pas encore converti au Gaullisme, j’avais battu un record, que Le Pen lui-même avait loué, avant de m’éliminer pour n’en point subir quelque ombre. Nommé « Orateur National », j’avais tenu 77 réunions, de Lille à Bastia, avec le sentiment qu’il fallait en finir avec la honteuse légende d’un de Gaulle sauveur de la patrie. J’ai gardé le bon souvenir d’une de mes conférences en Auvergne, où la cellule locale du parti Communiste vint m’entendre dans un silence très attentif. Ce n’est qu‘une semaine après, qu’il publia un feuillet sous le titre : « Comment faut-il répondre à Alexis Arette. »

J’ai vécu ce temps où, avec beaucoup de camarades, paras entre autres, nous nous consacrâmes à restaurer une image de la France mise à mal par les massacres de la Libération, et la livraison de nos harkis désarmés à leurs égorgeurs, et j’ai eu quelque joie, n’étant plus mobile, de vous entendre prendre, avec un immense talent et un très grand courage, la nécessité d’une réaction patriotique, mais je n’ai pas compris comment vous avez jugé positif, le criminel héritage Gaullien !

C’est à ce point, qu’en me souvenant que Pie XII après prédit le ressourcement de la France et de l’Eglise, « malgré la présence du premier Antéchrist », j’ai pensé que cet ennemi de notre genre, pouvait être l’Homme du 18 Juin, car c’est à cette date qu’il plongea délibérément dans le mensonge, en affirmant que notre gouvernement avait capitulé, ce qui est une reddition, alors que nous avions obtenu des Allemands un armistice inespéré, car l’armistice n’est qu’une suspension des armes ! La suite, c’était, ou bien un traité de paix, ou bien la reprise du conflit. C’est ce qu’avait compris le premier mouvement de résistance Alsacien, qui fut subventionné par les fonds secrets, par le Maréchal, et qui, plus tard s’impliqua dans l’évasion du Général Giraud, qui, parvenu en Zone libre, dînait le soir même avec le Maréchal !

L’Eglise a toujours considéré que le satanisme était fondé sur le mensonge de l’Esprit mauvais et que Satan avait entraîné, dans son mensonge, un tiers des étoiles du ciel. De Gaulle allait faire mieux dans l’impiété, il allait se servir des héros de la Résistance, des hommes comme Estienne d’Orves, pour couvrir les crimes abominables des staliniens qui ne résistèrent que lorsque l’Allemagne attaqua la Russie, alors que Daladier avait commencé à faire fusiller, ces communistes saboteurs !

Et c’est ainsi que fut créé le mythe de « l’unité de la Résistance », qui permit aux résistants marxistes de passer pour des patriotes, alors qu’ils avaient tué plus de Français « pétainistes », que d’Allemands !

Il est vrai que vous n’avez pas vécu cet atroce mensonge. Vous n’êtes pas un témoin comme je le suis. C’est ainsi que vous n’avez pas tenu compte du témoignage de Jean Paulhan, Grand Officier de la Légion d’Honneur au titre de la Résistance, car d’avoir résisté disait-il : « Je n’en tire aucune gloire. Plutôt de la honte ! Tout ce que je me propose de dire, c’est que ni Maurras, ni Brasillach, ni Pétain n’ont jamais été jugés ! C’est qu’il n’est pas un des 400 000 Français qui ne se sont vus, à la Libération, exécutés, envoyés au bagne, révoqués, ruinés, taxés d’indignité nationale, et réduits au rang de parias, c’est qu’il n’est pas un seul de tous ceux-là, qui n’ait été frappé au mépris du droit et de la justice ! »

François-Georges Dreyfus, comme vous, Français d’ascendance juive, comme je suis Français d’ascendance béarnaise, a pu dire, avec un beau talent d’historien que, si le Maréchal Pétain n’avait pas été là, lui non plus n’aurait pas été sauvé du génocide ! Dans quelle mesure pouvez-vous en créditer de Gaulle ? Savez-vous que c’est un juif Français comme vous, Emmanuel Berl, qui passe pour avoir rédigé les premières allocutions du Maréchal ?  Avez- vous retenu que c’est une juive Française, Simone Weil qui a considéré que, non seulement le Maréchal avait fait son possible, mais qu’il avait plus utile aux juifs Français, qu’aux Français de souche ? Savez-vous qu’une autre Juive Française, Simone Veil, ne fut pas inquiétée tant qu’exista la zone libre ? Savez-vous que le général Odic s’entendit recommander par de Gaulle de ne jamais avouer que l’armistice était inévitable ?

Peut-être n’avez-vous pas lu, du préfet Gabriel Delaunay, résistant notoire, « La nuit sans aube » sur qui les médias firent silence, car il y exposait comment les militants soviétiques avaient agi de telle façon qu’il y eut, dans le pays, le plus grand nombre possible de représailles allemandes, afin de préparer le climat de la future révolution !

Savez-vous, ce que m’a rapporté le Colonel Savelli, que Leclerc, consultant de Gaulle, sur le fait que le gouvernement souhait le renvoyer en Indochine, entendit, après une discussion orageuse, le grand homme s’exclamer : « Mais enfin, Leclerc, si vous réussissiez là-bas, qu’est- ce que je deviens, moi ? »

Je me demande si vous avez examiné la façon dont les communistes s’imposèrent à de Gaulle en Algérie, en commençant une épuration criminelle, et comment on s’empara de l’armée reconstruite par Weygand et Giraud, celle qui, commandée par Juin et par de Lattre, contribua si fort à la victoire ! Vous êtes-vous demandé pourquoi ces chefs prestigieux étaient- ils restés fidèles à l’Etat Français, provoquant la sordide jalousie du vaincu de Montcornet ?

Je suis témoin, monsieur Zemmour de l’assassinat, dans mon pays, par les Espagnols rouges, du jeune poète Lasserre, considéré comme un espoir du félibrige, et de son père, pour faire bonne mesure ! Je suis témoin d’un jeune homme, dont j’ai perdu le nom, qui descendait, joyeux, les escaliers du Palais de justice de Pau, car il venait d’être innocenté des accusations portées  contre  lui  par  les  communistes !  Une  rafale  de  ces  « héros »  l’expédia,  et  les assassins « résistants » ne furent pas inquiétés !

Sous Jacques Chirac, les patriotes gaullistes réparèrent l’oubli, et l’on apposa une plaque commémorative sur le Monument aux morts de la ville de Pau, pour célébrer les exploits des « guérilleros » !

Erasme a dit, je crois, qu’il faut mêler à la sagesse, un grain de folie. Moi, je crains qu’à votre grand talent vous ne mêliez plus qu’un grain de confusion. Certes, vous n’atteignez pas les triste dessous de Marine le Pen, mais elle a les excuses d’une très mauvaise éducation familiale. Et je sais bien que mes propos sont conditionnés par ma Guerre d’Indochine, mais je sais que de Lattre de Tassigny avait raison, en exhortant Salan à gagner la Guerre d’Indochine, car disait-il, « si nous perdons en Indo, nous perdrons en Afrique, et la révolution du pire gagnera la métropole. » Et nous en sommes là !

Moi, j’ai vu, à la Santé, les frères Venton, joyeux d’avoir été totalement innocentés des accusations portées contre eux par le parti communiste. Ils furent confiés à la police, qui devait les ramener en Algérie.  On les découvrit quelques jours après, dans une fosse commune. La police s’avérait gaulliste ! Moi j’ai vu, toujours à la Santé, Piegs et Dovecar, transférés dans la cellule des condamnés à mort, deux jours avant leur procès : Ils étaient condamnés d’avance !

J’ai su dernièrement que le général Katz, que nous tenions pour un atroce boucher, devant le spectacle des coraniques assassinant les pieds-noirs dans la rue, avait, tout de même, demandé à l’Elysée que ce qu’il devait faire. De Gaulle aurait répondu : « Ne bougez pas ! »

Je sais depuis toujours que le accords d’Evian n’ont pas existé ! Boumediene n’ayant pas accepté de les entériner. Je sais, selon ce que devait en dire monsieur Poniatowski, que le gouvernement gaulliste n’a jamais tenté de délivrer nos prisonniers du FLN, qui ont fini dans les mines de sel du Sahara. Il en fut de même pour les femmes pieds-noires enlevées par les Coraniques, à ceci près qu’elles finirent dans le bordel de l’armée algérienne. Je n’ai pas entendu dire que la pieuse madame de Gaulle ait prié pour qu’elles supportent, avec une foi Gaullienne, l’ignominie de leur condition.

Enfin, en supprimant l’indexation des prix agricoles, de Gaulle ordonnait le génocide paysan, dont les récentes pendaisons en sont le plus clair résultat. Ainsi, modeste agriculteur, quoique dénommé « premier Paysan de France » dans le concours du Centre des Jeunes Agriculteurs de 1957, j’ai dû nourrir les miens, avec, reconnaissait Rocard, moins de la moitié du Smic, et j’ai dû considérer comme une boutade spirituelle, la déclaration de ce triste sire de Colombey : « Les paysans, c’est comme les anciens combattants ! Quand il n’y en aura plus, le problème sera résolu ».

Moi qui, avec mes Commandos d’Indochine, ai souvent regardé la mort en face, j’ai trouvé que le Gaullisme avait une gueule cent fois pire, et que mon devoir serait de le combattre, sans me soucier du jugement des cloportes tricolores. C’est ce que je fais, en vous écrivant sous le regard inquisiteur des nouveaux barbouzes judiciaires, qui m’accusent de souhaiter la guerre civile quand je conseille à mes amis de défendre par tous les moyens ce qui nous reste d’honneur !

Et je garde, malgré tout, quelque chose qui ressemble à la « petite fille espérance », dans le chaos dont vous ne dénoncez qu’une partie.

Je crois que le forban politique qui a tellement contribué à établir en France la malhonnêteté légale, doit être replacé dans ce que j’avais dit au Bachaga Boualem, alors que la ville de Pau n’était pas encore centriste, soit « Que le manteau de Charlemagne sur les épaules de Ganelon, ça ne pouvait faire un roi de France ! »  Et j’ose penser que si Dieu ne voulut point nous le conserver jusqu’au 11 Novembre, ce fut afin qu’il ne partage point la gloire des Poilus !

Sur le reste Monsieur Zemmour, croyez-moi bien vôtre. »

Alexis Arette, le 10 novembre 2021
Maison Landresse (12e siècle), à Momas
Paysan. Combattant volontaire