Trouvé sur Le Monde : « Groupes privés, partages industrialisés, « cibles » désignées à la « riposte » collective, comptes anonymes démultipliés, faux profils, violence des propos… Depuis l’été 2018 et l’affaire Benalla, certains « marcheurs » qui peuplent les réseaux sociaux ont changé d’attitude : loin de la « bienveillance » préconisée par le chef de l’Etat pendant la campagne présidentielle, une partie de la Macronie numérique s’est durcie et convertie à des méthodes jusqu’alors pratiquées par d’autres acteurs du champ politique, notamment aux extrêmes.
Aurore Bergé, députée et porte-parole du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale, qui gère la « riposte » depuis la rentrée 2018, ne s’en cache pas : « On est le parti le plus attaqué, on doit être vigilants, on doit armer les militants à réagir. »
Un ancien e-militant socialiste rompu aux joutes en ligne l’assure : si ces pratiques sont devenues habituelles dans tous les partis, elles ne faisaient pas initialement partie de la culture des « marcheurs ». « Au début, on était réglo, mais ça ne marchait pas, nos militants sont vieux et fréquentent peu les réseaux, raconte-t-il. Alors on est passés à des pratiques plus limites, comme avoir un double compte. » Soit un compte « officiel » avec un vrai nom, et un autre sous pseudonyme, où l’on s’autorise des attaques plus véhémentes ou plus ciblées. Pour lui, ce militantisme dissimulé a atteint, dans la nébuleuse macroniste, une ampleur industrielle : « On est passé à une autre dimension, avec des créations de comptes tous les jours. »
L’intérêt de cette multiplication est évidemment de faire nombre pour espérer contrer le « bruit » des opposants. Humaine ou automatisée, cette méthode, qui revient à « gonfler » son importance sur les réseaux sociaux, a un nom : l’astroturfing, ou « simulation d’une opinion spontanée », selon la définition du spécialiste en intelligence économique Charles Ponsard.
Au fil des recherches sur Twitter, des dizaines de profils d’obédience macroniste apparaissent, créés récemment et qui se contentent de deux activités : relayer ou « liker » industriellement des messages de partisans. Certains de ces comptes affichent une activité qui interroge, parvenant à aligner des dizaines de partages en une minute, des centaines, voire des milliers, en quelques heures… Un exploit qui suggère une forme d’automatisation, même si certains comptes tenus par de vraies personnes partagent également compulsivement des contenus.