Alors que la République ne fait transige pas lorsqu’il s’agit de vendre de l’armement aux monarchies islamistes du Golf pour bombarder les Yéménites, elle se bouche le nez avec le Brésil depuis l’élection de Bolsonaro. les postures idéologiques à géométrie variable du gouvernement commencent à affoler les industriels de l’armement.
La Tribune : « Après avoir réalisé de très belles opérations au Brésil (sous-marins, hélicoptères, satellite), la France s’est mise en retrait depuis l’élection de Jair Bolsonaro. Ce dont les industriels français très impliqués au Brésil s’inquiétent.
L’inquiétude grandit au sein des industriels français au Brésil. Et le récent échec de Naval Group, face à l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), qui a remporté à la grande surprise des observateurs l’appel d’offres sur la vente de quatre corvettes, n’a évidemment pas remonté leur moral à LAAD, le salon de l’armement de Rio de Janeiro. Plus de trois mois après l’arrivée du nouveau président brésilien, Jair Bolsonaro, la relation bilatérale entre Paris et Brasilia ressemblent désespérément à un encéphalogramme plat.
Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, les ministres français ont jusqu’ici soigneusement évité le Brésil. L’absence de la France au moment de la mise à l’eau du premier sous-marin Scorpène « Made in Brazil » en décembre dernier – un événement historique pour le Brésil – a été naturellement remarquée par les Brésiliens. A LAAD, le vice-président brésilien, le général Hamilton Mourao, a inauguré mardi le salon en compagnie du ministre de la Défense, le général Fernando Azevedo e Silva, en remerciant nommément les pays étrangers d’avoir envoyé des délégations. La France, qui n’a envoyé aucune délégation de haut niveau, n’a pas été bien sûr citée. La posture de Paris est en complète contradiction avec son choix d’il y a plus de dix ans de développer un partenariat stratégique avec le Brésil en renforçant la base industrielle technologique et de défense (BITD) brésilienne à travers de nombreux transferts de technologies (ToT).
Il y a donc urgence à réactiver une relation normale entre la France et le Brésil, estiment dans leur ensemble les industriels français présents au Brésil. D’autant qu’ils ont « le sentiment que l’activité au Brésil semble repartir », analyse un industriel français à LAAD, qui semblaient satisfait de ses nombreux rendez-vous. Tant au niveau diplomatique qu’économiquement, « la France ne peut pas faire l’impasse sur le deuxième pays du continent américain… derrière les Etats-Unis« , soupire un observateur. Il y a également urgence à renouer une relation de confiance entre les deux pays au regard des très importants ToT effectués par les industriels français au Brésil. Des programmes qu’il faudra entretenir, puis moderniser pour garder la confiance des Brésiliens : sous-marins (Naval Group), hélicoptères (Airbus) et satellite de télécoms (Thales). Ces ToT lient le Brésil à la France sur 40 ans. Ce qui pourrait mener la France et ses industriels vers de nouveaux succès au Brésil. »