Au moins le message est clair, la Laïcité est un nom de code pour
anti-catholique!
Le 14 novembre dernier, la jeune Ukrainienne recevait le “grand prix
international » de la laïcité lors d’une cérémonie présidée par l’ancien
Grand Maître du GODF Patrick Kessel, dans le Grand Salon de l’Hôtel de
Ville de Paris. Tout cela en présence du maire de la ville Anne Hidalgo, et
des deux anciens ministres Manuel Valls et Jean-Pierre Chevènement. Les
invités étaient également reçus par Patrick Klugman, adjoint à la Mairie de
Paris et… avocat des Femen !
La laïcité donc. Mais quel rapport avec des femmes, une en l’occurence, qui
met un point d’honneur à s’exposer seins nus à l’intérieur des églises ? Il
y a là l’essentiel de leurs actions d’éclats, entre deux apparitions au
sein d’une manifestation. Parce que soyons clairs, le combat des Femen se
concentre contre la religion catholique en actes, et vise parfois la
religion musulmane, timidement et en paroles.
Inna Shevchenko a répondu en se déclarant honorée de recevoir un prix
qui *“célèbre
les libertés de conscience et d’expression, aujourd’hui gravement menacées
par des extrémistes religieux, pour qui il est plus facile de tuer que
d’accepter une opinion différente.”* Sauf qu’encore une fois, les
courageuses Femen ont été aperçues en train de scier une Croix à Kiev,
mimant un avortement sur l’autel d’une église parisienne, gazant des
familles défilant pour s’opposer à la légalisation du mariage homosexuel,
tapant sur des cloches à l’intérieur de Notre-Dame de Paris (acte condamné
le jour même par une très grande partie de la classe politique aujourd’hui
bien silencieuse, et par Manuel Valls lui-même, présent pour cette remise
de prix!), insultant le pape… On ne saisit pas directement le rapport avec
un extrémisme religieux qui tuerait. Il y a en a bien un, pourtant, c’est
vrai. Visé une fois, soyons honnêtes, par un tweet… rapidement retiré !
Mais ce 14 novembre, n’écoutant que son courage, Inna Shevchenko a fini par
évoquer l’*“islamisme”* (notons que la distinction entre islam et islamisme
est faite alors que le catholicisme n’est qu’un bloc rétrograde à abattre).
Pour mieux s’empresser d’accabler ensuite *“les populistes”* tout au long
de son discours sans que les liens ne soient établis, et pour cause.
*“Ils essaient de nous enterrer, mais ils ne savent pas que nous sommes des
graines”*, a également déclaré la jeune femme, ignorant sans doute qu’elle
paraphrasait… l’Evangile. Caprice d’une mauvaise gagnante pour reprendre le
bon mot d’Alain Finkielkraut. Car qui peut croire aujourd’hui que le *“droit
des femmes”* – qui sert à défendre un bloc de revendications incomparables
– soit aujourd’hui *“enterré”* alors que leur porte-parole la plus
agressive et la plus radicale est décorée dans les salons de la Mairie de
Paris ?
Là encore Inna Shevchenko anticipe en se disant* “plus habituée à être
arrêtée, attaquée et accusée” *que décorée. Certes, sauf qu’elle a été
arrêtée et portée devant des tribunaux – bien souvent miséricordieux – pour
le trouble à l’ordre public qu’elle génère, certainement pas pour les idées
qu’elle défend.
Enfin, une description de la laïcité : *“parce que la laïcité est aussi un
combat de femmes. Les droits des femmes peuvent progresser là où les
libertés de conscience et de choix sont garanties”*. Faut-il lui rappeler
que les libertés de conscience et de choix doivent, dès lors, également
être garantis à ceux qui pensent différemment ? Ceux qui ont la foi, au
hasard. Faut-il insister pour dire qu’il est incroyablement totalitaire
d’imposer avec fracas sa hargne au coeur d’une église dans laquelle les
catholiques sont encore libres de s’opposer pacifiquement à des décisions
politiques par essence discutables ?
Inna Shevchenko poursuit : *“La laïcité et le féminisme visent à libérer
les femmes et les hommes du dictat d’une autorité supérieure, les deux
rejettent les règles imposées par la force sur la vie des individus.”* Quel
est le rapport ? Une fois de plus, les* “individus”* sont comme elles des
adultes et choisissent – précisément – de se rendre dans une église ou de
participer à une manifestation. C’est leur droit le plus strict et la
laïcité n’a jamais eu aucune légitimité pour l’empêcher. *“La laïcité et le
féminisme propagent la solidarité et l’égalité dans la société”*, a-t-elle
encore ajouté. Mais pendant qu’elle insulte le pape au coeur d’une
cathédrale, l’Eglise s’illustre partout dans le monde à travers des écoles,
des orphelinats, des centres médicaux, des distributions de nourriture et
de biens… C’est ça aussi la réalité de l’Eglise. Quelle est celle du
mouvement des Femen, concrètement, puisqu’on discute solidarité et égalité ?
Au terme d’un discours militant dans lequel la laïcité s’est transformée
-comme souvent- en arme de combat anti-religieux, Inna Shevchenko
conclut : *“Je
continuerai le combat jusqu’à ce que les fanatiques religieux, les sexistes
et les mysogines nourris par les dogmes monothéistes ne se mettent plus à
genoux pour prier, mais pour demander pardon aux femmes qu’ils ont un jour
fait souffrir.”* Nombreux sont ceux qui ont essayé, dans l’Histoire,
d’empêcher la prière. Aucun n’y est parvenu malgré des méthodes parfois peu
recommandables. Et les chrétiens sont encore là, à genoux pour certains,
chaque matin en effet, et parfois même devant une femme qu’ils ont le culot
d’appeler la mère de Dieu. Tout n’est pas si simple décidément…
Anne Hidalgo a finalement salué* “une belle personnalité laïque qui défend
les droits et l’émancipation des femmes”*, tandis que le président du CLR
s’est senti obligé de préciser *“nous sommes anticlérical, mais pas
anti-religieux”*. La première partie de la phrase a le mérite de
l’honnêteté, la seconde est peu crédible devant le pedigree de la lauréate
ukrainienne.
Que des militants s’acharnent contre le religieux, c’est courant. Que la
Mairie de Paris ouvre ses portes pour les récompenser est un message :
celui de l’adoption d’une laïcité particulièrement agressive.
L’Eglise accepte, et depuis fort longtemps en France, de ne pas attribuer à
Dieu ce qui est à César. La République d’Anne Hidalgo ou de Manuel Valls,
elle, récompense ceux qui tentent d’imposer les lubies de César au coeur du
temple de Dieu. On se demande qui* “menace”* qui.