Enquête exclusive Contre-info.com :
Un patrimoine bradé
Construit en 1851, le séminaire de Luçon (sud de la Vendée) couvre une surface de 8 000 mètres carrés, comprenant également une vaste chapelle. Il accueillait jusqu’en 1971 les prêtres en devenir.
Aujourd’hui, toutes les portes et fenêtres claquent au vent, tous les vitraux de la chapelle ont été remplacés par des vitres transparentes, elle-mêmes brisées.
Confronté à la détérioration du site, le maire UMP n’a rien trouvé de mieux que de vendre terrains (30 000 m²) et bâtiments à un consortium privé pour en faire un hôtel de luxe ! Pis encore, la chapelle devait être transformée en « un lieu de spectacles et de culture », nommément en théâtre…
Providence divine, le groupe désormais propriétaire fait face à de nombreuses difficultés financières qui l’ont empêché de mener à bien ses travaux, estimés à 10 millions d’euros. Pour l’heure, seule l’abside de cette chapelle de style roman a été grossièrement bétonnée ; une statue de la Sainte Vierge semble avoir disparu de la cour principale. Le projet immobilier prévoit la construction de plus de 10 000 m² de nouveaux bâtiments en béton…
Des tags satanistes à l’intérieur de la chapelle
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Ouverts aux quatre vents, le séminaire et sa chapelle n’en sont pas moins isolés de la population luçonnaise, malgré une présence au cœur de la ville, entre un quartier de HLM et les maisons au toit de tuiles du sud de la Vendée. Le mur d’enceinte en pierre est toujours là et l’entrée principale du séminaire est bloquée par un minuscule cadenas. Pourtant une autre entrée qui lui fait face, donnant sur un parking désert, est ouverte jour et nuit, puisque la porte qui la fermait est couchée au sol, sur les folles herbes qui s’étendent jusque dans la cour.
En entrant dans la chapelle, grande ouverte, on ne peut manquer le triste spectacle qui s’offre au visiteur : un énorme tag noir, épais, en lettres « gothiques », recouvre le fond de l’édifice. Au fond de l’aile gauche, un autre tag barbouille le mur : « Hip hop is my religion » peut-on lire à côté d’un personnage démoniaque, habillé d’une cape et tenant une croix d’une main, un transistor de l’autre. Ajouté à cela l’état de délabrement des parquets, murs…
Le reste du séminaire n’est pas épargné, les tags, tantôt satanistes, tantôt orduriers, se comptent par centaines, le séminaire étant devenu un terrain de squat depuis plus d’une décennie. Dans l’une des dizaines de pièces que compte le bâtiment, on trouve une statue renversée, brisée en plusieurs blocs, dont on peut lire qu’elle provient d’Ancenis et qu’elle a été fabriquée en 1840. Sans doute la statue d’un saint.
Symptomatique de l’abandon du grand séminaire par la mairie, la page touristique qui lui était destinée sur le site web de la commune est vide depuis plusieurs jours : « Cette page est vide… ».