Le cinéaste Marco Pontecorvo a produit un film dénommé Fatima – sur les célèbres apparitions mariales de 1917 au Portugal – et diffusé en France depuis le 6 octobre par la société Saje (qui distribue plusieurs bons films par ailleurs).
Nous reproduisons la conclusion de la recension de ce film, que fait Yves de Lassus :
« Si, sur le plan artistique, le film est très réussi, il est bien dommage d’avoir ainsi modifié le scénario. Grâce au très grand nombres de témoins, l’histoire de Fatima est parfaitement connue et a fait l’objet de nombreux livres. Pourquoi ne pas avoir suivi, par exemple, le narratif fait par le chanoine Barthas dans son livre Ils étaient trois petits enfants, ou mieux d’avoir construit le scénario à partir du livre du père de Marchi, Témoignages sur les apparitions de Fatima. Tout est raconté dans le moindre de détail et représente un scénario tout fait. Ces livres, publiés en 1940, se trouvent très facilement.
La plupart des coupures faites sont regrettables.
Certes, il n’était pas possible en moins de deux heures de tout raconter. Malgré tout, il aurait été au moins possible de représenter brièvement les apparitions manquantes. Cela aurait conduit à avoir en moyenne une dizaine de minutes entre chaque apparition. Et s’il fallait absolument ne pas rallonger la durée du film, il aurait été possible de raccourcir certaines scènes champêtres parfois longue ou peu en rapport avec l’histoire. Ces scènes sont bien sûr utiles pour bien décrire l’atmosphère dans laquelle eurent lieu les apparitions. Mais il n’était nul besoin d’en avoir autant.
Quant aux modifications apportées aux faits (comme celles de la première apparition de l’Ange ou de la Sainte Vierge arrivant en marchant), elles sont toutes regrettables, car elles édulcorent nettement l’aspect surnaturel des apparitions.
Mais le plus grave est, sans conteste, la suppression d’environ la moitié des paroles prononcées par l’Ange et la Saint Vierge. Cette suppression s’explique difficilement, car la récitation de l’intégralité des paroles de façon posées prend sept minutes. Or le film dure 1 h 45 : rajouter 3 à 4 minutes de dialogue était donc tout à fait possible sans rallonger sa durée outre mesure.
Le plus étonnant est de voir le filtre qui a dû servir au choix des paroles à retenir pour le film. Quasiment tout ce qui concerne le péché, les pécheurs, la nécessité de se convertir a été supprimé, ainsi que tous les détails sur la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Il en résulte un message sensiblement transformé, pour ne pas dire mutilé. C’est particulièrement visible lorsque l’on compare les paroles prononcées dans le film avec celles que sœur Lucie rapporte dans ses mémoires. (Voir annexes 1 et 2)
En conclusion, que reste-t-il ? Un beau film certes, mais qui malgré son titre ne raconte pas fidèlement l’histoire de Fatima, loin s’en faut. Peut-être peut-il contribuer à faire connaître les apparitions de Fatima à ceux qui les connaissent mal ou pas du tout. Mais malgré ses qualités, le film leur donnera une vision édulcorée et déformée du message réellement transmis par l’Ange et Notre-Dame. L’impact du film aurait été beaucoup plus fort et beaucoup plus impressionnant si Marco Pontecorvo avait mieux respecté les faits.
Cette analyse plutôt critique du film nous aura au moins permis de revenir sur les points essentiels du message de Fatima : la nécessité de réciter quotidiennement le chapelet et de faire des sacrifices pour obtenir la conversion des pécheurs, de laquelle découlera la paix pour le monde. »