BAC : le nombre de mentions « très bien » multiplié par 13 en 25 ans


Tout est fait pour donner le BAC au maximum de candidats, les mentions sont devenues la norme et le ministère explique que c’est grâce à l’élévation du niveau de formation (sic!!!).

Décryptage du Figaro :

L’absence de mention, que l’on affuble pudiquement de l’expression «mention passable», est devenue l’exception: en 2014, 52 % des lauréats du bac général étaient reçus avec une distinction, contre seulement 32 % en 1967. Mieux, en 2014, 10,7 % des candidats ont décroché la mention «très bien» contre 0,3 % à décrocher ce Graal en 1967! Depuis vingt-cinq ans, le pourcentage des titulaires de mentions «très bien» a même été multiplié par 13.

L’inflation a commencé au début des années 2000. Qu’on en juge. En 1990, seuls 0,8 % des bacheliers décrochaient ce sésame, contre 3,3 % en 2004, 7 % en 2010, et 10,7 % en 2014. «Ne traduit-elle pas une inquiétante dévalorisation du diplôme?», s’était un temps interrogé benoîtement le sénateur Jean-Louis Masson. Le ministère s’était contenté de répondre que cette progression ne traduisait «nullement une dévalorisation» du bac et qu’elle correspondait à «une élévation du niveau de formation». Circulez, il n’y a rien à voir… Les chiffres sont pourtant étonnants.

INFOGRAPHIE – Depuis vingt-cinq ans, le pourcentage des titulaires de la mention «très bien» a été multiplié par 13. L’inflation a commencé au début des années 2000.

L’absence de mention, que l’on affuble pudiquement de l’expression «mention passable», est devenue l’exception: en 2014, 52 % des lauréats du bac général étaient reçus avec une distinction, contre seulement 32 % en 1967. Mieux, en 2014, 10,7 % des candidats ont décroché la mention «très bien» contre 0,3 % à décrocher ce Graal en 1967! Depuis vingt-cinq ans, le pourcentage des titulaires de mentions «très bien» a même été multiplié par 13.

L’inflation a commencé au début des années 2000. Qu’on en juge. En 1990, seuls 0,8 % des bacheliers décrochaient ce sésame, contre 3,3 % en 2004, 7 % en 2010, et 10,7 % en 2014. «Ne traduit-elle pas une inquiétante dévalorisation du diplôme?», s’était un temps interrogé benoîtement le sénateur Jean-Louis Masson. Le ministère s’était contenté de répondre que cette progression ne traduisait «nullement une dévalorisation» du bac et qu’elle correspondait à «une élévation du niveau de formation». Circulez, il n’y a rien à voir… Les chiffres sont pourtant étonnants.

«Pression à la hausse des résultats»

Cet accroissement s’explique par la multiplication des options assorties d’un coefficient particulièrement favorable. Les points obtenus grâce au latin et au grec comptent désormais triple. Les travaux personnels encadrés introduits en 2002 au bac, affectés d’excellentes notes, poussent les résultats vers le haut. D’où la multiplication des candidats qui obtiennent des résultats supérieurs à 20. Quant aux professeurs, ils sont fermement invités à utiliser tout le panel des notes, ce qui n’était pas le cas auparavant. L’ensemble du système exerce une «pression à la hausse des résultats» écrivait le sénateur Jacques Légendre en 2008 dans un rapport sur le baccalauréat qui fait toujours référence.

Les mentions n’ont en réalité plus du tout la même valeur. Statistiquement, une «vieille» mention «assez bien» décrochée y a vingt-cinq ans correspond aujourd’hui à une mention «bien», une «vieille» mention «bien» équivalant à une mention «très bien». Quant aux «vieux» titulaires d’une mention «très bien», c’étaient des lauréats particulièrement brillants, vu leur rareté… Le sénateur Jacques Legendre estimait souhaitable de «revenir à une situation où les options apportaient des points supplémentaires sans que ceux-ci ne soient multipliés».

Injustice suprême, les mentions n’ont par ailleurs pas la même signification selon les séries. Il est toujours deux fois plus facile statistiquement aujourd’hui d’obtenir une mention très-bien ou bien avec un bac scientifique (S) qu’avec un bac économique (ES) et surtout littéraire (L). Logique, car les disciplines littéraires continuent à être plus sévèrement notées que les matières scientifiques. Autre curiosité, les bacheliers technologiques et professionnels semblent abonnés aux seules mention assez bien et bien. À peine 1 % obtiennent une mention très-bien…