Par ailleurs, un de nos visiteurs nous signale que dans son journal du mardi soir 21 août, la chaîne franco-germanique – et surtout gaucho-atlanto-sioniste – Arte a diffusé des images de deux supposés « chabihas » aux mains d’un commandant rebelle à la barbe fournie. On voit très bien qu’un des prisonniers a déjà des marques de coups et des dents cassés, et le journaliste le fait d’ailleurs remarquer. L’homme est d’ailleurs emmené à la salle de torture (dixit le commentaire). Il sera pendu par les pieds et pendu. « Je l’ai vu ! » affirme le journaliste qui apparemment est rentré dans la dite salle de torture. Puis l’on voit le deuxième captif entrainé à son tour vers cette salle.
En octobre dernier, la même chaîne Arte diffusait une émission de propagande (en faveur de rebelles) d’anthologie, due à la « journaliste » Sofia Amara et que nous avions épinglée avec a sévérité qu’elle méritait (voir notre article « Soirée Arte sur la Syrie : deux heures de stalinisme bobo », mis en ligne le 12 octobre 2011). Une dizaine de mois plus tard on est passé du stalinisme gauche caviar à une ébauche d’objectivité. Les temps changent (lentement) comme chantait Bob Dylan…
L’avertissement de l’épicier Saad aux lecteurs et rédacteurs de Libé
Le même correspondant a également écouté sur France Inter, mercredi matin 22 août, la Revue de presse de Laetitia Gaillet. Qui se faisait l’écho d’un article de Libération. Qui donnait la parole à des Alépins. Or que disent la dizaine de sondés de ce « micro-trottoir » réalisé dans le quartier sunnite de Bustan al-Qasr ? À part un dont le fils a été battu, assure-t-il, par des chabihas, aucun n’accable Bachar, et aucun ne prend fait et cause pour les rebelles. Le plus disert, et pas le moins intéressant, est Saad, un épicier de 34 ans, dont le commerce est une des victimes de la « bataille d’Alep » : « On voit bien que nous sommes coincés entre deux camps qui s’affrontent » dit-il. « Les Occidentaux veulent abattre notre souveraineté.. On vivait sous la tyrannie d’un clan. Mais on s’y était habitué« . Et de l’analyse, Saad passe à la vie concrète, et à la nostalgie : « On pouvait circuler, aller manger une glace et aller se baigner à Lattaquié, ou rouler de nuit vers Damas. Rien ne pouvait nous arriver. Les femmes circulaient la nuit. Maintenant, elles sortent et elles se font tuer dans la rue« .
Ce paradis ordinaire perdu, Saad n’est pas prêt à la capitulation pour pour pouvoir le retrouver. À l’enquêteur de Libération il lâche, après avoir évoqué la « tyrannie » des al-Assad : « On ne veut pas de celle des Américains, d’Israël, des Français, des Anglais ou des Allemands« . Et Saad, depuis sa modeste épicerie, lance aux lecteurs bobos de Libération cet avertissement : « C’est ici à Alep, que se prépare la troisième guerre mondiale« . Et, ajoute-t-il, « les Russes ne lâcheront pas le régime et l’Iran non plus« . En quelques mots, Saad a exprimé l’irréductible nationalisme syrien. Et toisé, sans le savoir, les dizaines de « spécialistes » et « analystes » pro-ASL et pro-OTAN que Libération a fait défiler dans ses colonnes depuis un an et demi !
L’article se conclut par cette confidence d’un médecin qui opère les blessés du quartier dans une école désaffectée : « Il ne faut pas croire que les gens sous les bombes sont tous acquis à l’ASL. Ici, les gens ne diront rien mais la fidélité silencieuse à Bachar est toujours importante ». Nous, contrairement au lectorat et rédacteurs de Libération, nous n’avons jamais douté de ce fait, et c’est pour cela que nous avons écrit, dès les débuts de la bataille d’Alep, que celle-ci serait perdue par l’ASL politiquement, avant que de l’être militairement, comme à Damas.
Un pionnier de l’humanitaire contre l’humanitarisme bidon de Fabius
Enfin, certaines personnalités françaises n’ont pas à évoluer car elles ont toujours grosso modo conservé leur autonomie de pensée et une certaine honnêteté intellectuelle. Ainsi Rony Brauman, qu fut une grande figure de cet envahissant – au détriment du politique – secteur « humanitaire » via sa position éminente à Médecins sans Frontières. Eh bien ce 22 août sur une radio française, Rony Brauman a fustigé les poses « humanitaires » de Laurent Fabius sur la Syrie, paravent transparent de son atlantisme. Il a dit en substance que l’humanitaire ne faisait justement pas partie (en dépit des efforts de son ex-copain Kouchner) de la tradition diplomatique française. Et il s’est prononcé, lui l’homme de MSF, contre la stratégie dite des « couloirs humanitaires« , lancée par Juppé et reprise par Fabius, car ils conduisent tout droit, ces couloirs, à la guerre ouverte, ce qu’il refuse pour la Syrie. Brauman préfère la paix à la guerre. Peut-être bien pour des raisons humanitaires, justement…