Âgé de 66 ans, un ex-militaire a été arrêté ce mardi dans le comté d’Antrim, en Irlande du Nord, quarante-trois ans après les affrontements à Londonderry. Il est le premier suspect à être interpellé.
Ce dimanche sanglant de 1972, treize hommes, âgés de dix-sept à quarante-et-un ans, sont morts sous les balles des parachutistes britanniques. Treize autres ont été blessés; l’un d’entre eux mourrait de ses contusions, quelques mois plus tard.
Le «Bloody Sunday» est, sans nul doute, l’un des épisodes les plus sombres des trente ans de violences en Irlande du Nord. L’homme arrêté ce mardi et interrogé à Belfast, aurait un lien avec ces événements marquants. Pour le moment, les motifs exacts de sa détention restent inconnus, tout comme son identité. Son arrestation marque, selon Ian Harrison, l’inspecteur en charge de l’investigation, «une nouvelle phase dans l’enquête» menée depuis 2012. L’inspecteur Harrison a malgré tout souligné que les recherches devraient encore durer «quelques temps».
En quête de vérité
En quarante-trois ans, trois enquêtes ont été ouvertes sur le «Bloody Sunday». Les conclusions de la première, menée par Lord Widgery, avait été très controversées.
Elles suggéraient que les soldats britanniques, qui ont tiré sur la foule ce jour-là, ne faisaient que répondre aux attaques des manifestants armés d’explosifs et de pistolets. C’est seulement vingt ans plus tard, en 1998, à la fin du conflit nord-irlandais, que Tony Blair lança une enquête publique, afin de connaître les circonstances exactes des affrontements de ce 30 janvier 1972.
Après douze ans de recherches et d’interrogatoires, le rapport rédigé avait conclu en 2010, que des parachutistes britanniques avaient tiré les premiers dans la foule manifestant à Londonderry, deuxième ville nord-irlandaise. Le Premier ministre britannique, David Cameron, avait présenté, dans la foulée, des excuses, décrivant l’action de l’armée comme «injustifiable», «ce qui s’est produit n’aurait jamais, jamais dû se produire. Certains membres de nos forces armées ont mal agi». À la suite de la publication du rapport, l’enquête avait été ouverte de nouveau en 2012. Depuis, aucune information n’avait été divulguée, à l’exception, en septembre dernier, d’une annonce faite par les services de police nord-irlandais, indiquant leur volonté d’interroger sept ex-soldats sur leur implication.
Paix en danger?
L’opinion publique est divisée sur la pertinence de poursuites contre les auteurs de ce drame. Certains estiment qu’elles sont indispensables et d’autres craignent qu’elles ne fragilisent le processus de paix et n’ouvrent une boîte de Pandore.
Nombre des familles des quelque 3500 personnes tuées lors des trente ans de violences pour l’égalité des droits entre catholiques et protestants en Irlande du Nord, n’ont en effet pas eu droit à un procès.
Des accords de paix ont été conclus en 1998, mettant fin à l’essentiel des troubles dans la province britannique désormais dirigée par une coalition composée de républicains et d’unionistes.