Trouvé sur Les Echos : Pas de décrue en vue. En 2019, les montants que la France devra emprunter sur les marchés financiers resteront aussi impressionnants que cette année : 195 milliards d’euros de titres à moyen et long termes seront émis, en net (l’Etat rachète chaque année des titres). Il s’agit d’un montant record depuis au moins 2004. La France restera sans doute le deuxième plus gros emprunteur de la zone euro, derrière l’Italie.
Le montant à financer sera pourtant nettement supérieur à celui de 2018, à 227,6 milliards contre 198,5 milliards. Une différence due à l’alourdissement du déficit, et à la hausse des montants de dette à refinancer, héritage des emprunts destinés à soutenir l’économie après la crise financière de 2008.
Ne pas inquiéter les investisseurs
Néanmoins, le programme de financement a été conçu de manière à ne pas dépasser la barre symbolique des 200 milliards d’euros, pour ne pas inquiéter les investisseurs. « « L’accroissement des besoins de financement est lié à des éléments non récurrents que sont la bascule CICE et la mise en oeuvre du prélèvement à la source, souligne Anthony Requin, patron de l’Agence France Trésor (AFT), chargée des opérations de financement de l’Etat sur les marchés. Nous avons souhaité ne pas augmenter notre programme d’émission de titres moyen long terme car la France ne rentre pas dans une tendance durable de hausse de ses besoins. »
Plus de dette à court terme
L’AFT va plutôt augmenter le recours à la dette de court terme. Après quatre années de baisse, les encours de bons du trésor (BTF) vont ainsi croître de 15 milliards l’an prochain. Une stratégie qui permettrait en outre, selon l’AFT, de redonner de la liquidité au marché des emprunts courts.
A priori, le calendrier d’émission de la France ne devrait pas être impacté par l’avance, en janvier, de 60 % du crédit d’impôt dont bénéficient les particuliers afin de lisser les effets du prélèvement à la source . « Nous avons anticipé cette évolution et nous disposons des ressources nécessaires pour y faire face sans bousculer notre rythme d’émission », affirme Anthony Requin.
Hausse de la charge de la dette
La charge de la dette devrait s’inscrire en hausse l’an prochain, à 42,1 milliards d’euros, du fait de l’accroissement du stock, mais la progression reste contenue. Cette année, elle sera légèrement supérieure aux estimations de la loi de Finances initiale, à 41,2 milliards, à cause du renforcement de l’inflation en France et en zone euro. Certaines obligations à moyen et long termes françaises sont en effet indexées sur l’inflation. Plus celle-ci augmente, plus les rendements à verser aux investisseurs sont importants.
Comme en 2018, les économies réalisées en refinançant des obligations anciennes arrivées à échéance par des nouvelles affichant de taux plus bas devraient encore permettre de contrebalancer partiellement les augmentations des montants à payer aux investisseurs.
Remontée des taux
Par prudence, l’AFT envisage une hausse des taux significative, avec un rendement français à 10 ans à 1,40 % en fin d’année et à 2,15 % fin 2019, contre 0,82 % actuellement. Elle avait prévu une hausse plus importante pour 2018. Mais elle a émis en moyenne à 0,54 %, « sa deuxième meilleure année après 2016 ».