• 1794 : exécution de Robespierre, Saint-Just, Couthon, et d’autres robespierristes, par leurs amis d’hier. C’est la fin de la « Terreur » républicaine. La mort de Robespierre fut particulièrement sordide.
• 1985 : mort de Michel Audiard, scénariste, réalisateur et écrivain.
Les dialogues de ses films (entre autres) Un singe en hiver, d’après le roman d’Antoine Blondin, et Les tontons flingueurs restent un modèle du genre et l’archétype d’une certaine esthétique, disparue avec « la France d’avant ».
Nombre de ses répliques sont d’ailleurs devenues « cultes ».
Le dernier de ses ouvrages s’intitule La nuit, le jour et toutes les autres nuits ; il y règle ses comptes avec une certaine société – celle de la « Libération » et son cortège de vilenies – qui lui a bousillé ses illusions. Il en reparle dans l’entretien écrit lisible en fin de cet article.
Un des seuls regrets qu’on lui connaisse est de ne pas avoir eu le temps d’adapter à l’écran le Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline.
Ici, en 1976, Audiard est interrogé sur sa carrière :
Dans le Figaro-Magazine (21 juillet 1984), il témoignait de l’horreur que lui avait suscité l’Epuration :
« Vivement qu’on ne se souvienne plus de rien. J’ai la mémoire en horreur. On va quand même faire un petit effort, à cause de l’anniversaire, des présidents sur les plages, de la vente des objets souvenirs qui a si bien marché, de tout ça.
Nous autres, enfants du quatorzième arrondissement, on peut dire qu’on a été libéré avant tous les autres de la capitale, cela en raison d’une position géographique privilégiée. On n’a même pas de mérite. Les Ricains sont arrivés par la porte d’Orléans, on est allé au-devant d’eux sur la route de la Croix-de-Berny, à côté de chez nous. On était bien content qu’ils arrivent, oui, oui, mais pas tant, remarquez bien, pour que décanillent les ultimes fridolins, que pour mettre fin à l’enthousiasme des « résistants » qui commençaient à avoir le coup de tondeuse un peu facile, lequel pouvait – à mon avis – préfigurer le coup de flingue. Cette équipe de coiffeurs exaltés me faisait, en vérité, assez peur.
La mode avait démarré d’un coup. Plusieurs dames du quartier avaient été tondues le matin même, des personnes plutôt gentilles qu’on connaissait bien, avec qui on bavardait souvent sur le pas de la porte les soirs d’été, et voilà qu’on apprenait – dites-donc – qu’elles avaient couché avec des soldats allemands ! Rien que ça ! On a peine à croire des choses pareilles ! Des mères de famille, des épouses de prisonnier, qui forniquaient avec des boches pour une tablette de chocolat ou un litre de lait. En somme pour de la nourriture, même pas pour le plaisir. Faut vraiment être salopes !
Alors comme ça, pour rire, les patriotes leur peinturlurait des croix gammées sur les seins et leurs rasaient les tifs. Si vous n’étiez pas de leur avis vous aviez intérêt à ne pas trop le faire savoir, sous peine de vous retrouver devant un tribunal populaire comme il en siégeait sous les préaux d’école, qui vous envoyait devant un peloton également populaire. C’est alors qu’il présidait un tribunal de ce genre que l’on a arrêté l’illustre docteur Petiot – en uniforme de capitaine – qui avait, comme l’on sait, passé une soixantaine de personnes à la casserole.
Entre parenthèses, puisqu’on parle toubib, je ne connais que deux médecins ayant à proprement parler du génie, mais ni l’un ni l’autre dans la pratique de la médecine : Petiot et Céline. Le premier appartient au panthéon de la criminologie, le second trône sur la plus haute marche de la littérature.
Mais revenons z’au jour de gloire ! Je conserve un souvenir assez particulier de la libération de mon quartier, souvenir lié à une image enténébrante : celle d’une fillette martyrisée le jour même de l’entrée de l’armée Patton dans Paris.
Depuis l’aube les blindés s’engouffraient dans la ville. Terrorisé par ce serpent d’acier lui passant au ras des pattes, le lion de Denfert-Rochereau tremblait sur son socle.
Édentée, disloquée, le corps bleu, éclaté par endroits, le regard vitrifié dans une expression de cheval fou, la fillette avait été abandonnée en travers d’un tas de cailloux au carrefour du boulevard Edgard-Quinet et de la rue de la Gaïté, tout près d’où j’habitais alors.
Il n’y avait déjà plus personne autour d’elle, comme sur les places de village quand le cirque est parti.
Ce n’est qu’un peu plus tard que nous avons appris, par les commerçants du coin, comment s’était passée la fiesta : un escadron de farouches résistants, frais du jour, à la coque, descendus des maquis de Barbès, avaient surpris un feldwebel caché chez la jeune personne. Ils avaient – naturlicht ! – flingué le chleu. Rien à redire. Après quoi ils avaient férocement tatané la gamine avant de la tirer par les cheveux jusqu’à la petite place où ils l’avaient attachée au tronc d’un acacia. C’est là qu’ils l’avaient tuée. Oh ! Pas méchant. Plutôt voyez-vous à la rigolade, comme on dégringole des boîtes de conserve à la foire, à ceci près : au lieu des boules de son, ils balançaient des pavés.
Quand ils l’ont détachée, elle était morte depuis longtemps déjà aux dires des gens. Après l’avoir balancée sur le tas de cailloux, ils avaient pissé dessus puis s’en étaient allés par les rues pavoisées, sous les ampoules multicolores festonnant les terrasses où s’agitaient des petits drapeaux et où les accordéons apprivoisaient les airs nouveaux de Glen Miller. C’était le début de la fête. Je l’avais imaginée un peu autrement. Après ça je suis rentré chez moi, pour suivre à la T.S.F la suite du feuilleton. Ainsi, devais-je apprendre, entre autres choses gaies, que les forces françaises de l’intérieur avaient à elles seules mis l’armée allemande en déroute.
Le Général De Gaulle devait, par la suite, accréditer ce fait d’armes. On ne l’en remerciera jamais assez. La France venait de passer de la défaite à la victoire, sans passer par la guerre. C’était génial. »
P.I.P.
« Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche. »
Y aurait pas de la betterave des fois ?
Deux milliards d’impôts ? J’appele plus ça du budget, j’appele ça de l’attaque à main armée.
– C’est quand même marrant les évolutions. Quand je l’ai connu « le mexicain », il recrutait pas chez tonton.
– Vous savez ce que c’est, non ?! L’âge, l’éloignement. A la fin de sa vie il s’était penché sur le reclassement des légionnaires.
– Ah ! Si c’est une oeuvre alors là, là c’est autre chose.
Audiard en 75
« Puisqu’il faut que quelqu’un se dévoue… quitte à me faire quelques nouveaux amis… je vais me répéter : il n’y a pas eu dans toute l’Europe occupée, de citoyens plus enclins au « balançage » que les französichs. Délateurs, anonymographes, faisant la queue dès potron-minet aux guichets des Kommandantur, dénonçant les tapeurs de faux tiquets, les fraudeurs d’étoiles jaunes ou tout simplement le voisin de palier qui venait de recevoir du jambon d’Auvergne, ou la petite blonde d’en face qui « ne voulait rien savoir ». Il paraît qu’à la fin, les fritz ne décachetaient même plus les enveloppes. Les services étaient saturés.
Tout ça n’est pas bien grave. Des remarques, c’est tout. Je ne règle pas de comptes. J’en veux à personne. Je pardonne tout. Pour que tout soit bien net, j’ajouterais même ceci : je préfère les lâches aux héros. Les premiers sont fragiles, friables, inquiêts, en final assez démunis. Les seconds me font franchement peur. Ils ont presque toujours un pistolet chargé dans la tête, un meurtre qui mijote au bain-marie quelque part dans leur cerveau plein de rêves d’exploits.
Le héros d’alors était ce genre de type qui vous flinguait un soldat allemand dans le métro. Bravo, bravo ! Mais le lendemain une affiche rouge informait la population que cinquante hotages avaient été fusillés contre le mur de la Santé. Vous auriez pu être un de ces otages. Pensez-y avant d’applaudir. On peut échapper aux mouchards, beaucoup plus rarement aux héros. Personnellement, je me souviens d’avoir toujours fait très gaffe aux uns comme aux autres. Pas causant. Au bistrot, par exemple, ou dans la queue devant l’épicier, lorsqu’un de mes bouillants compatriotes exhaltait les succès militaires de la Wermarcht, je ne me serais jamais avisé de le contredire, approuvant au contraire quitte à « en remettre ». Les lieux publics étaient pleins, comme ça, de provocateurs qui passaient par là, vous glissaient un petit mot, guettaient la réponse et vous envoyaient au poteau. Beaucoup sont morts, des gens bien innocents d’avoir répondu étourdiment à leur concierge. La Résistance aurait-elle fait plus de mal que de bien ? Question à ne pas poser même trente-cinq ans après. Mais j’ai toujours eu un sens inné de ce qu’il ne faut pas écrire. Ca dérange les « paranoïaques ».
Des années plus tard, on peut toujours raconter qu’on a abrité des parachutistes anglais, zigouillé des feldwebel, niqué des « souris grises », rendu Himler maboul à force de malice. Mais lorsqu’on est dans la mouise, il y va un peu différemment. Et nous y étions ! Pour subsister, nous autres (je parle des enfants du quartier) n’ayant pas le privilège d’opérer dans le marché noir, d’exporter des métaux non ferreux, ni de construire le mur de l’Atlantique, ni de diner chez les Abetz, on volait des vélos. Combien ? J’ai oublié. Des cycles pas toujours pimpants qu’on échangeait chez les commerçants « honnêtes » contre de la margarine, quelques litres de pinard trafiqué, ou mieux encore, de ces boissons bizarres, qui s’appelaient des trucs comme « Kina roc », des elixirs qui vous dégringolaient tout droit dans les godasses, parfois aussi contre des Gauloises piquées par des types qui travaillaient à la Régie. Tout le monde volait un petit peu. Fallait bien. »
Michel Audiard, Paris-Match n° 1525, 18 août 1975
et ça passe les générations. Tous mes enfants connaissent les répliques par cœur.
« Alors il dort le gros con? Ben il dormira encore mieux quand il aura pris ça dans sa gueule! Il va entendre chanter les anges le gugus de Montauban! »
« Ecoute, on t’connais pas, mais laisse nous te dire que tu te prépare des nuits blanches, des migraines, des nervous break down comme on dit d’nos jours »
On lapidait bien aussi à Paris en 1945.
La libération de Paris racontée par Michel Audiard
Au moment où la communauté nationnale se congratule des massacres commis au nom du bien et de la liberté, où les populations civiles sont bombardées afin d’être protégées, que la légalité internationnale est bafouée par les plus hautes institutions, il convient de faire un petite mise au point, elle concerne ce que l’on a coutume d’appeller pudiquement « les constituants de la nature humaine ».
Comme se serait trop brutal de vous dire ce qu’il en est de maniére explicite, je vous propose un témoignage, celui du dialoguiste Miche Audiard, c’est du vécu et historiquement on ne peut le récuser, tout ce qu’il décrit s’est produit ailleurs dans le pays.
Inutile donc d’invoquer une quelconque barbarie ontologique qui ne serait que l’apanage d’autres races, ça s’est passé en France, un des pays les plus civilisés.
Chacun en tirera ses propres conclusions selon les moyens dont il dispose.
http://leschroniquesderorschach.blogspot.fr/2011/08/la-liberation-de-paris-racontee-par.html
J’aurais été marechaliste en 40 sans aucun doute après la défaite mémorable de l armée française
Ensuite j’aurais détesté les boches les collabos et les faux résistants de la dernière heure