Tribune libre de l’essayiste Olivier Piacentini (ses livres ici).
Ce 17 avril, le professeur nobellisé Luc Montagnier a lancé une bombe dans les médias : le Covid 19 ne serait pas le fruit d’une mutation accidentelle d’un animal vers un humain via une ingestion, mais une fabrication artificielle depuis un laboratoire à Wuhan. Selon l’éminent scientifique, l’hybridation d’un coronavirus avec le VIH ne peut se produire par l’opération du Saint Esprit, mais relève d’une manipulation humaine. « C’est un travail d’apprenti sorcier », s’est même fendu Luc Montagnier. Cette déclaration recoupe les alertes de diplomates Américains, qui après avoir visité le fameux laboratoire P4 en 2018, s’étaient alarmés des normes de sécurité baroques, qui leur faisait craindre un risque majeur de pandémie…
La Chine se voit donc désormais accusée d’une négligence d’autant plus criminelle que des mises en garde lui avaient été formulées.
Les Occidentaux avaient déjà largement de quoi étayer leur réquisitoire contre Pékin : état sanitaire lamentable, sous-évaluation du bilan humain, qui a minimisé la réalité et fait prendre du retard aux autres pays dans la réaction. Comme par hasard, la Chine vient de reconnaitre 1300 morts supplémentaires, sous la pression internationale : un véritable aveu de négligence, voire de dissimulation, qui alourdirait encore plus le passif.
A peine sorti du cœur de la crise, et déjà le régime Chinois en profitait pour plastronner sur la scène internationale, face à un Occident en plein marasme. Quand l’Italie s’est sentie abandonnée, seule face à la pandémie, la Chine a bondit à son secours, pointant ainsi les carences de l’Union Européenne : habile façon de s’adjuger les faveurs d’un pays fondateur de l’UE en difficulté. Le 14 avril, un article dans « Global Times », média proche du PCC, soulignait l’affaiblissement de l’Occident, parlait d’une mondialisation occidentale à bout de souffle : se sentant tirée d’affaire, et contemplant l’Occident en détresse, l’heure semblait venue pour Pékin de pousser ses pions, remettre en cause un ordre mondial trop Américano centré…
C’est en fait un véritable bras de fer qui s‘engage entre la Chine et les Etats-Unis, il pourrait se révéler autrement plus explosif que la guerre commerciale ouverte en 2018. Washington a déjà annulé la contribution à l’OMS : outre la disproportion des sommes versées entre Etats-Unis et Chine (400 millions de dollars contre 40 millions…), c’est surtout le manque de réactivité et la mansuétude face à Pékin qui sont en cause. Trump exige d’ores et déjà une commission d’enquête : Xi Jinping acceptera-t-il un tel camouflet, de nature à lui faire perdre la face sur la scène internationale comme devant son opinion publique ? Sous la pression américaine, Pékin se mure dans le déni, le monde entier choisit son camp : Poutine soutient Xi Jinping, et refuse la politisation de la pandémie quand Macron, dans une de ses déclarations ambivalentes dont il a le secret, parle de « choses étranges dont on ne sait pas tout… » La tension est forte, tout le monde sent que des enjeux majeurs se jouent en ce moment. Si la responsabilité Chinoise est à ce point engagée, quelles sanctions lui infliger ? Sera-t-on en mesure d’exiger de Pékin des réparations ? Et comment les imposer à un régime totalitaire qui ne pourra s’y plier sans risquer de sombrer ? Tout ceci peut aller loin, très loin…
Quoiqu’il arrive, la page de la mondialisation heureuse est sur le point de se tourner. Pour aller vers ce monde ouvert, apaisé, où échanges et coopération internationale triompheraient définitivement des guerres, on a laissé à un régime totalitaire communiste les clés de tous nos approvisionnements, y compris les plus vitaux, les plus stratégiques. Comme l’UE a mandaté Erdogan pour nous préserver de la submersion migratoire. Aujourd’hui, Xi comme Erdogan n’ont plus besoin de mobiliser leurs armées contre nous : il leur suffit de bloquer nos approvisionnements, ou de lâcher leurs réfugiés… Comme je le décrivais en 2015 dans mon livre « Vers la chute de l’Empire Occidental », la volonté de puissance persiste, la haine de l’Occident aussi, et tout cela conditionne la géopolitique. Nous autres occidentaux, dans le confort de la société de consommation et des loisirs, nous sommes ralliés la fleur au fusil à l’utopie d’un monde pacifié, gagné à nos valeurs : tout ceci n’était qu’illusion. Nos ennemis ont profité de notre assoupissement pour fourbir leurs armes. Il va falloir désormais retrouver d’urgence le socle de notre puissance, pour repousser les défis terribles qui nous assaillent.