Hier soir, lors de la manifestation aux Invalides, Christine Boutin s’est écartée du défilé en confiant : « J’ai entendu Frigide Barjot parler de l’alliance civile. Je travaille depuis longtemps sur le sujet; je sais très bien que cela aboutira aux mêmes conséquences sur la filiation, aux mêmes combines avec la PMA et la GPA. Donc je ne marche plus avec cela, je m’en vais. »
C’est une première, car Christine Boutin est le seul homme politique hostile au « mariage » homo qui se soit désolidarisé de Frigide Barjot et de la démagogie dont elle fait preuve.
Sur le fond, il est évident que le problème qui nous distingue des partisans au « mariage » homo est celui de la reconnaissance par la loi des catégories sexuelles. Là où nous voyons des hommes et des femmes, ceux-ci voient des hétéros et des homos : plus de nature sexuée, seulement l’orientation sexuelle ; plus d’objectivité de la nature, mais la subjectivité du désir. Et il faudrait mettre la loi au service de ce désir, au service de la jouissance, en la détournant du bien commun. Demain, l’enfant en fera les frais, objet du désir, objet de la loi. A cette école, l’union civile et le mariage ne diffèrent pas essentiellement car ils se rattachent tous deux à cette même structure de pensée. Différence de degré donc.
Sur la forme, Frigide Barjot court derrière la gauche. Le même peuple qui s’oppose aujourd’hui au « mariage » homo s’opposait hier au Pacs. Aujourd’hui, Frigide veut l’améliorer. Faut-il n’avoir en permanence sur la gauche qu’un combat de retard. Faut-il courir derrière elle sur toutes les questions de société, et finir par la rattraper ?
Enfin, vouloir donner des gages de bonne volonté à un système qui vous a déjà condamné, au risque d’introduire une confusion sur la ligne que l’on défend et de susciter ainsi des divisions internes, voilà ce à quoi s’est exposée Frigide Barjot. Et voilà ce que paye le mouvement de contestation.