C’est une poudre dont les conséquences dévastatrices se mesurent jusqu’à l’hôpital. Selon les résultats inquiétants d’une enquête de l’Agence du médicament que nous révélons en exclusivité, ces six dernières années, le nombre d’intoxications à la cocaïne a été multiplié par six, pour atteindre 416 en 2016. Et le nombre de cas graves, (réanimation ou pronostic vital engagé) par 8 ! Enfin, quand cette drogue avait tué à 25 reprises en 2010, 44 personnes ont succombé en 2015, selon les dernières données disponibles. Un chiffre mortifère que nombre de professionnels s’attendent à voir rapidement dépassé.
Troubles délirants, douleurs thoraciques, troubles cardio-vasculaires… tous les signaux sont passés au rouge. «Notre réseau nous a fait remonter une hausse des hospitalisations liées à la cocaïne, détaille Nathalie Richard, de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM). Nous avons alors lancé une enquête d’envergure nationale. »
«En 2016, la teneur moyenne s’élevait à 51%», relève ainsi l’OFDT. «Pour certaines saisies, nous sommes à 80 voire 90 %, soit une drogue qui arrive quasi-pure, essentiellement depuis les Antilles et la Guyane», note le commissaire Antoine Moreau, numéro 2 de la brigade des stups de la PJ parisienne. Les «mules» sont de plus en plus nombreuses à faire le voyage, soit «cinq à 20 personnes par jour», estime le commissaire. «Il y a une explosion de ce trafic de «fourmis»», relève-t-il. Avec, à la clef, des effets sanitaires dramatiques pour les consommateurs.
Plus encore que les produits de coupe, la cocaïne elle-même est plus nocive et peut entraîner dans les cas les plus graves un arrêt du cœur comme le constate Patrick Henry, cardiologue à Lariboisière (AP-HP).