Présentés de manière simpliste comme des libérateurs face aux barbares de l’Etat Islamique, les Kurdes communistes du PYD (branche syrienne du PKK) se servent depuis le départ de la guerre syrienne pour s’affranchir de la tutelle syrienne et imposer aux populations qui vivent sous leur domination, leur vision idéologique du monde.
Trouvé sur l’Orient le jour : les chrétiens du nord-est de la Syrie ne savent plus à quel saint se vouer. Minoritaires dans une région dominée aujourd’hui par les forces kurdes, les Assyriens sont en proie à une répression de la part des autorités de la province autonome de facto. À la faveur de leur lutte contre l’EI, les Kurdes ont pu accroître leur domination dans l’Est syrien et ainsi gagner en autonomie vis-à-vis du régime avec lequel ils entretiennent des relations ambivalentes.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS, à majorité kurdes et soutenues par Washington) jouent leur propre carte en Syrie dans le but d’établir le grand Rojava, une zone autonome a la frontière syro-turque. C’est plus précisément dans le canton d’el-Jeziré que le ton est monté entre la minorité religieuse et les FDS, notamment à cause de la promulgation de plusieurs décrets cet été, jugés « nuls et non avenus » par les différentes Églises, concernant la gestion des écoles privées. Des opposants assyriens sont, depuis, la cible de la police du gouvernement autonome.
Fin août, plusieurs établissements se sont vu fermer leurs portes par les autorités en place, avant que la population et les chefs communautaires ne manifestent leur indignation et leur refus de se plier aux lois du Rojava. Après avoir mis la main sur près d’une centaine d’écoles gouvernementales afin d’y imposer leur programme scolaire, les Kurdes espéraient parvenir à faire plier les écoles chrétiennes à Qamechli, à Darbassiya et à Malikiya. Le parti de l’Union syriaque, qui a rejoint la coalition kurde du PYD (Parti de l’union démocratique, considéré par Ankara comme la branche syrienne du PKK terroriste), a été envoyé pour imposer ses propres enseignants et un même corpus scolaire aux directeurs de ces écoles qui accueillent des enfants de toutes les communautés religieuses. « Ils veulent désormais qu’on refuse les enfants kurdes sous prétexte qu’ils iront dans leurs propres écoles. Et le dernier décret en date stipule que tout fonctionnaire de la région autonome qui enverrait ses enfants dans des écoles suivant le programme de l’État devra payer une amende d’un million de livres syriennes et recevra une peine de prison de trois mois », déplore Mgr Benham Hindo, évêque syro-catholique de Hassaké, contacté par téléphone. « Nous refusons de nous soumettre à leurs diktats et continuerons à résister à la domination kurde. Ils veulent nous voler notre terre, notre langue et notre culture, en somme nous faire partir », poursuit-il.