Crise dans la FSSPX : le curé de Saint Nicolas du Chardonnet et d’autres responsables démis de leurs fonctions

Un nouvel évènement grave vient ébranler la Fraternité St Pie X (principale organisation catholique traditionaliste, avec 600 prêtres dans le monde).

Depuis quelques années, Mgr Fellay veut – contre l’avis d’une majorité de prêtres (spécialement en France) et d’évêques de la FSSPX – se réconcilier avec Rome, sans que les profonds désaccords doctrinaux ne soient d’abord levés, et se placer, de fait, sous l’autorité de la « Rome moderniste ». Il en a résulté une crise au sein de la FSSPX, avec l’expulsion ou le départ volontaire de dizaines de prêtres et la rupture avec les Dominicains traditionalistes d’Avrillé.

Il y a quelques semaines, le pape François a posé un nouveau geste concernant les mariages célébrés par des prêtres de la FSSPX, considérés par Rome jusqu’à présent comme invalides (ce que nie la FSSPX évidemment), en proposant qu’ils soient célébrés en union avec les évêques locaux.
Et, il y a quelques jours, plusieurs responsables importants de la FSSPX en France, dont le « curé » de l’église parisienne emblématique St Nicolas du Chardonnet, ont publié une lettre rappelant la position traditionnelle de la FSSPX sur cette question, et mettant finalement en garde contre un accord pratique.

La réaction de la hiérarchie a été, comme souvent, radicale, voire brutale.
L’abbé de la Rocque et les autres responsables signataires (hormis bien sûr ceux représentant les « communautés amies », indépendantes) sont démis de leurs fonctions.

Voici le communiqué de l’abbé Bouchacourt, supérieur de la FSSPX pour la France, suivi de la lettre qu’il a adressée à tous les prêtres de France de la FSSPX :

«  Le 27 mars 2017, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, président de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et de la Commission Ecclesia Dei, signait, par mandat du pape François, une Lettre adressée aux évêques du monde entier « au sujet des permissions pour la célébration de mariages de fidèles de la Fraternité Saint-Pie X ».

La Maison générale a publié le 4 avril 2017 un communiqué de presse afin de remercier « profondément le Saint-Père pour sa sollicitude pastorale, telle qu’elle s’exprime à travers la lettre de la Commission Ecclesia Dei, dans le but de lever ‘les doutes quant à la validité du sacrement de mariage’ ». Ce communiqué rappelait la volonté de la Fraternité de poursuivre dans le même esprit ce qu’elle a toujours fait, à savoir « préparer au mariage les futurs époux, selon la doctrine immuable du Christ sur l’unité et l’indissolubilité de cette union (cf. Mt 19, 6), avant de recevoir les consentements dans le rite traditionnel de la Sainte Eglise. »

Le site officiel de la Fraternité Saint-Pie X (fsspx.news) dans un « commentaire autorisé » rappelait clairement les positions de la Fraternité concernant les mariages, en particulier leur validité, même sans délégation officielle : « Pour autant, de même que le sacrement de pénitence n’était pas conféré de manière invalide par les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X avant 2015, de même les mariages célébrés par eux, sans délégation officielle de l’évêque du lieu ou du curé de la paroisse, ne l’étaient pas davantage. » Ce commentaire s’appuie sur ce que le Droit canon prévoit dans de tels cas.

Depuis toujours, les autorités de la Fraternité n’ont eu de cesse de protester auprès des instances romaines contre les injustes et scandaleuses déclarations de nullité prononcées presque automatiquement par les tribunaux ecclésiastiques, au motif que la forme canonique n’était pas respectée. Par ce geste du Souverain Pontife, c’est un changement important qui s’opère : le clergé officiel sera désormais obligé de reconnaître la capacité des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X à être des témoins autorisés de l’Eglise, et les mariages ne pourront plus être déclarés nuls, sans un procès canonique en bonne et due forme.

Mgr Bernard Fellay, Supérieur général, a informé les supérieurs et autres membres de la Fraternité qu’un Directoire serait établi pour l’application prudente de ces nouvelles dispositions.

Malheureusement, n’attendant pas la publication de ce Directoire, le dimanche 7 mai 2017, quelques prêtres du District de France ont imprudemment lu en chaire et diffusé une Lettre adressée aux fidèles, sans en aviser le Supérieur de District, mettant en cause la direction de la Fraternité Saint-Pie X.

Le Supérieur du District, l’abbé Christian Bouchacourt, a déchargé de leurs fonctions de doyens les signataires de cette prise de position. Il condamne fermement cet acte subversif, préparé dans le secret, visant à déstabiliser les supérieurs et prenant en otages les fidèles.

Cette douloureuse épreuve nous rappelle que le combat de la foi doit être mené dans un esprit de foi, avec des moyens surnaturels. Unis dans la prière, gardons la paix qui est la « tranquillité de l’ordre », et livrons généreusement ce combat, persuadés que Dieu seul donnera la victoire. »

D’après nos informations, de source interne, les prêtres signataires ont d’abord soumis leur projet de lettre à l’abbé Bouchacourt, puis ont fini, en l’absence de réponse satisfaisante, par la publier. Il ne s’agirait donc pas d’une manœuvre « préparée dans le secret ».

Et voici la lettre envoyée aux prêtres français :

« A tous les prêtres du district de France
Pour information aux communautés amies
Objet : Mariages FSSPX

Chers Confrères,
Suite aux évènements douloureux qui ont motivé ma lettre de dimanche dernier, je souhaite vous donner des nouvelles de la situation présente et vous communiquer les décisions qu’ils m’ont amené à prendre.
Je souhaiterais tout d’abord revenir sur une expression employée dans mon dernier courrier. Les termes « mépris et rebut », sûrement d’une dureté excessive, concernaient les circonstances qui entouraient la publication du document. Il est bien évident qu’il n’y avait de ma part aucune volonté de mépriser ses auteurs. Le texte diffusé présente certes des erreurs, des insuffisances, mais proposé avec loyauté avant sa publication soit au district, soit à la Maison générale, il aurait mérité d’être étudié et amendé, comme d’ailleurs l’étude que je vous ai moi- même envoyée. Le modum employé étant inacceptable, parce que subversif, il a entraîné mon refus de considérer le contenu du document. La fin ne justifie pas les moyens. On ne peut utiliser un moyen illégitime pour atteindre un bien présumé. Pourquoi avoir écrit ce texte dans le secret ? Pourquoi l’avoir montré à certains prêtres et caché aux autres ? La confusion s’est alors répandue chez nos fidèles. Beaucoup d’entre eux n’ont pas compris ce qui se passait dimanche dernier à la messe. De plus, des divisions désastreuses et très pénibles se sont manifestées entre les prêtres d’une même communauté. Les fruits de cette initiative ne sont pas bénis de Dieu.
Aussi, en accord avec Monseigneur Fellay, il m’a fallu prendre de difficiles décisions envers les confrères qui ont signé le document incriminé. Monsieur l’abbé de La Rocque est relevé de sa charge de « curé » de Saint-Nicolas du Chardonnet et les sept signataires eux- mêmes relevés de leur charge de doyen. Monseigneur Fellay a nommé Monsieur l’abbé Vassal en remplacement de Monsieur l’abbé de La Rocque. Quant aux nouveaux doyens, ils seront nommés au 15 août prochain.
Abbé Bouchacourt »