Un propos intéressant.
« Bref, si Marx avait lu Sade, il aurait sans doute compris que le capitalisme disposait d’une réserve fantastique : la démocratisation de la jouissance de l’objet. (…)
Le personnage de la pin-up n’a, à l’évidence, pas été inventé par hasard au moment de la crise de 1929. Il est au contraire un élément essentiel à la compréhension d’une époque. En d’autres termes, pour comprendre quelque chose au capitalisme sadien dans lequel nous vivons depuis trois générations, il faut regarder, voire même contempler une pin-up dans une de ces nombreuses situations sadiennes soft où ce personnage s’est alors retrouvé jeté.(…) C’est ce personnage culturel sadien devenu mythique, qui a véritablement sauvé le capitalisme de la crise de 1929 et, par là, changé le cours du monde.
(…) Le capitalisme, en effet, aurait dû alors mourir, victime d’une crise majeure de surproduction, comme Marx l’avait annoncé.[1]Nous resterons prudents, voire réservés, quant à cette assertion sur l’origine de la crise de 29 – NDCI Mais la pin-up arriva et relança progressivement la machine en se montrant capable d’érotiser à outrance n’importe quel objet manufacturé que les consommateurs n’eurent plus qu’à acheter en masse, moyennant le formatage et l’exploitation industrielle de leur énergie libidinale. Le marché est ainsi devenu peu ou prou pornographe : il y avait une pin-up affriolante derrière, ou devant, chaque objet. »
Dany-Robert Dufour, « La Cité perverse », Folio Essais.
Notes
1. | ↑ | Nous resterons prudents, voire réservés, quant à cette assertion sur l’origine de la crise de 29 – NDCI |