Les Vikings sont arrivés en Amérique plus tôt qu’on ne le croyait, et leurs colonies y sont restées plus longtemps.
Traduction de l’article du New Observer, par Blancheurope :
En conjuguant l’étude des Eddas et l’observation d’imagerie satellitaire, des archéologues ont pu découvrir les traces de colonies vikings dans le Nouveau Monde, révélant ainsi que les Normands avaient exploré l’Amérique du Nord plus profondément qu’on ne le croyait.
Auparavant, le seul site viking authentifié était celui de l’Anse aux Meadows, au Nord de l’île de Terre-Neuve. Mais il semble que cette colonie temporaire, datée de l’an mille, fut abandonnée par les Normands au bout de quelques années.
Pendant des décennies, les autorités universitaires ont tourné en dérision les preuves d’une exploration viking plus poussée, qui montraient que leur présence ne se cantonnait pas à l’Anse aux Meadows.
Ces indices étaient des objets manufacturés vikings trouvés lors de fouilles d’anciennes places de marché indiennes, l’usage par des tribus indiennes des maisons longues de type viking, plusieurs forges et même des pierres runiques.
En outre, la couleur plus pâle de la peau de certaines tribus indiennes, qui avait été remarquée par des explorateurs européens de l’époque de Christophe Colomb, indiquait la présence d’un sang mêlé. Mais la manie de « prouver » que les soi-disant peuples indigènes sont les propriétaires de l’Amérique du Nord avait fait négliger ces éléments, qui étaient balayés sous le tapis de l’histoire.
Mais désormais, un long article du National Geographic fait le point sur les nouvelles découvertes à Pointe Rosée, à des centaines de kilomètres au sud de l’Anse aux Meadows, qui indiquent que l’activité nordique au Nouveau Monde s’est déroulée pendant une période beaucoup plus longue.
Ce site de Pointe Rosée a été découvert par l’archéologue Sarah Parcak, qui a reçu le sobriquet d’ « archéologue de l’espace » à cause de son usage de l’imagerie satellitaire pour débusquer cités, temples et tombes égyptiennes perdues.
Après avoir passé des heures à étudier les images satellitaires, Parcak a pu identifier le site de Pointe Rosée, avant de conduire des fouilles avec une équipe d’archéologues, secondés par la BBC et le National Geographic, qui explique :
Le trésor qui a été découvert, un foyer de forge en pierre destiné au travail du fer, pourrait permettre de ré-écrire la primitive histoire de l’Amérique du Nord et aider à chercher les colonies vikings perdues décrites dans les sagas du temps jadis. Les archéologues ont pris garde de ne pas fanfaronner, concédant que les preuves leur manquaient encore pour conclure que les Vikings avaient bel et bien construit ce foyer de forge.
En effet, d’autres peuples s’étaient établis à Terre Neuve il y a des siècles, notamment des Amérindiens et des pêcheurs basques. Cependant, les experts sont prudemment optimistes. Douglas Bolender, archéologue spécialiste des colonies vikings, affirme que le site de Pointe Rosée « a le potentiel de révéler la physionomie de la première vague de colonisation nordique, non seulement à Terre Neuve, mais aussi dans le reste de l’Atlantique nord ».
L’imagerie satellitaire utilisée par Parcak lui a montré des restes de bâtiments, ou plutôt les traces de ces restes. Comme l’explique le National Geographic :
Les structures vikings étaient essentiellement faites de bois et de terre cuite, ce qui fait que dans les images qu’elle étudiait, Parcak n’a pas recherché des ruines, mais a examiné la couverture végétale du sol. Les restes des structures bâties à Pointe Rosée ont modifié la teneur en humidité du sol environnant, ce qui a affecté à son tour la croissance de la végétation. En détectant les variations du spectre infra-rouge de la végétation, la silhouette de constructions datant de plus de dix siècles a pu se dévoiler.
Les archéologues savaient que les Vikings affinaient le fer au charbon de tourbe, et comme Parcak l’avait prévu, un magnétomètre, instrument sensible au fer, révéla un endroit qui était partiellement parcouru de lignes droites, indiquant les possibles ruines d’une petite structure. Les fouilles ont mis au jour ce qui semble bien être des murets de tourbe et un foyer de forge en pierre. A l’intérieur de cette structure, le puits contient des traces de charbon de bois et 12,7 kg de scories, indiquant qu’il s’agirait bien de minerai de torréfaction.
L’article du National Geographic précise ainsi :
La structure de tourbe qui entoure partiellement le foyer de forge ne ressemble en rien aux abris faits par les peuples indigènes qui vivaient à Terre Neuve à l’époque, ni à ce que fabriquaient les pêcheurs basques et les chasseurs de baleines qui arrivèrent au XVIè siècle.
Même si les scories métallurgiques sont chose commune, « il n’y a aucune civilisation connue, préhistorique ou moderne, qui aurait creusé des mines et affiné le fer avec du charbon de tourbe à Terre Neuve, si ce n’est les Vikings », dit Bolender.
Cette découverte vient enfin venger et donner raison à l’archéologue canadienne Patricia Sutherland, qui avait découvert des ruines vikings sur la Terre de Baffin, au-delà du cercle polaire, qu’elle considérait comme une tête de pont commerciale. Elle perdit son emploi lorsqu’elle publia ses découvertes, à cause de la pression du politiquement correct au Canada.
Une image satellite de Pointe rosée utilisée par l’archéologue Sarah Parcak dans ses recherches sur des installations vikings?. Les lignes droites sombres indiquent les possibles restes de structures.