L’après-pétrole se prépare: chercheurs et industriels se penchent sérieusement sur les microalgues (des algues microscopiques) pour remplacer le pétrole ou les biocarburants de 1ère et 2ème génération. Leur avantage: elles n’ont besoin que d’eau de mer et de soleil pour pousser, n’entrent pas en compétition avec les productions alimentaires et n’empiètent pas sur les terres cultivables.
Le Professeur Daniel Thomas, président du Pôle de compétitivité IAR (Industries et agro-ressources), interrogé par 20minutes.fr, expose les avantages des microalgues: «Elles n’ont besoin que d’eau de mer et de CO2 pour pousser. Elles ne créent pas de conflit avec l’alimentation et leur production en grande quantité ne porte pas préjudice aux autres espèces d’algues.»
Les microalgues ont de multiples applications. Selon Daniel Thomas, on les retrouvera de plus en plus fréquemment dans les cosmétiques, puis elles seront utilisées dans la chimie fine et à plus long terme, il sera possible de produire un carburant assez bon marché pour pouvoir être utilisé dans les moteurs diesel.
Des avions qui volent aux algues
Des compagnies aériennes, dont Air France et British Airways, ont déjà mené des expériences de remplacement du kérosène par des microalgues. Pour Daniel Thomas, «c’est une bonne idée mais qui ne pourra pas être appliquée tout de suite. Ce ne sera pas viable avant 10 ans au moins. Tous les avions du monde ne marcheront pas aux microalgues, on parle d’un taux de remplacement de 20% maximum, mais cela permettra déjà d’économiser énormément de CO2».
Car les microalgues ont un énorme avantage : elles annulent elles-mêmes le CO2 qu’elles émettent. Les algues captent et fixent le CO2, elles sont aussi capables de métaboliser les polluants qui sont dans l’atmosphère. Une distillerie de whisky en Ecosse utilise déjà les algues pour se débarrasser des résidus polluants qu’elle émet.
Mais comment on peut faire rouler une voiture ou voler un avion avec des algues? Daniel Thomas explique que «sauf dans le cas très rare d’une microalgue qui produit des goutelettes qui peuvent créer des mini marées noires naturelles, le plus souvent on extrait les lipides (les huiles) des algues en cassent leurs cellules». Ces lipides peuvent ensuite être utilisées à la place du pétrole.
Daniel Thomas rejette cependant tout emballement: « La 3e génération de biocarburants se dessine, il y a beaucoup d’avancées, mais on en est encore aux débuts».
Merci à Pierrot