Des graffitis soutenant l’État islamique et l’UÇK ont été inscrits sur des murs de bâtisses appartenant au monastère de Visoki Dečani, dans la nuit de samedi à dimanche, à côté de l’inscription « le Califat arrive ». Les moines ont remarqué les graffitis dimanche, vers midi. Ils ont ensuite informé la police du Kosovo et la KFOR, qui ont ouvert une enquête. Selon les médias de Pristina, trois jeunes hommes soupçonnés d’avoir profané le monastère ont été arrêtés.
« Alors que j’étais avec le commandant local de la KFOR et le chef de la police de Deçan, un groupe de jeunes Albanais, postés à une centaine de mètres, a scandé pendant plusieurs minutes le nom de l’Armée de libération du Kosovo. Le chef de la police s’est dirigé vers son véhicule pour aller les identifier, mais ils étaient déjà partis », a expliqué le supérieur, le père Sava Janjić.
Il a expliqué que la KFOR italienne avait décidé ces dernières semaines de renforcer la surveillance du monastère et d’installer un nouveau système de vidéo-surveillance.
Mais ces mesures ne suffisent pas et il estime malgré tout le monastère en danger.
Il y a quelques mois, le père Sava avait lancé à contrecoeur la construction d’un mur d’enceinte autour du monastère, petite enclave serbe du Kosovo.
Ce n’est pas tant la mort qui leur fait peur que la destruction du monastère qui serait dramatique pour les chrétiens du Kosovo, déjà largement menacés. D’un point de vu spirituel mais également matériel : les terres entourant le monastère sont cultivées : les produits servent d’abord à faire vivre les moines mais sont également distribués aux villageois les plus démunis. Si le monastère venait à disparaître, beaucoup de chrétiens seraient forcés à l’exil et le Kosovo-Métochie, vieille terre chrétienne et berceau de la Serbie, livrée aux mains des musulmans albanais, ne serait plus.
Il avait donc fallu entamer la construction de ce mur. Depuis la fin de la guerre, il y a quinze ans, l’hostilité anti-chrétienne n’épargne pas le monastère, victime d’une vingtaine d’attaques dont plusieurs à l’arme de guerre. Des agressions qui étaient jusqu’à l’été dernier contenues par les soldats italiens de la KFOR, force armée de l’OTAN postée en permanence aux abords du site. Mais le commandement de l’OTAN a annoncé leur retrait avant la fin de l’année.
Ce mur s’est donc imposé comme seule « solution » pour éviter d’avoir à choisir, comme tant d’autres, entre la valise et le cercueil.