Une affaire de pédophilie dans l’église lyonnaise, que l’on croyait éteinte, se rouvre demain. Au cardinal Barbarin, il est reproché son silence. C’est un classique. Il a été lancé par la presse, singulièrement le New York Times, lors du grand scandale suscité par la pédophilie dans l’église américaine à partir des années 90 qui s’est étendu au monde entier depuis 2010. Contre Jean-Paul II et Joseph Ratzinger, président de la Congrégation pour la doctrine de la Foi puis pape. Il est nécessaire de s’arrêter sur ce cas, fortement documenté, car le mauvais procès intenté au cardinal Barbarin n’en est qu’une suite, s’intégrant dans une longue campagne de dénigrement de l’Eglise.
Le reproche de silence fait à Barbarin et à l’Église est injuste
Notons d’abord que le reproche de silence est décalé. Dès le début, Jean Paul II et le cardinal Ratzinger ont fortement poussé l’épiscopat des États-Unis à former une commission pour y remédier et à changer les règles de fonctionnement de leur clergé. Une fois devenu pape, Benoît XVI a demandé à toute la hiérarchie de l’Église une transparence totale. La critique d’un dysfonctionnement ancien tombe précisément sur celui qui s’est employé à le réformer.
Ce reproche de silence est particulièrement mal fondé car l’Eglise romaine, si elle a, comme toutes les autres institutions (comme l’éduction nationale, par exemple), une tendance à laver son linge sale en famille, a été la première à lever un coin du voile et oser rendre publiques ses fautes.
Reprenons l’exemple américain, car toute la controverse est partie de là-bas. De 1950 à 1974, Lawrence C. Murphy, prêtre dans le Wisconsin, aurait abusé de dizaines d’enfants dans un établissement pour sourds. En 1996, vingt-deux ans après le dernier acte, quarante-cinq ans après le premier, soit largement après ce qui serait en France le délai de prescription, cinq hommes portent plainte. Murphy écrit au cardinal Ratzinger, alors président de la Congrégation pour la doctrine de la Foi. Nulle réponse n’a été conservée, ni peut-être écrite. Murphy meurt en 1998, toujours prêtre.
Un rapport statistique sur la pédophilie dans l’église américaine
Devant le scandale, l’église américaine demande une étude à un organisme indépendant, l’institut de justice criminelle John Jay, qui publie un rapport sur les abus sexuels commis par des membres du clergé américain entre 1950 et 2002. C’est un rapport unique au monde, tant par la taille de l’échantillon, que par la durée de l’observation et par la réputation scientifique de l’institut. Il offre une image précise de la question « pédophile » dans l’Église, du moins aux États-Unis.
Voici pour commencer quelques données d’ensemble. Sur cent mille prêtres en exercice dans la période étudiée, 4.392, soit 4,4 %, ont été accusés par plus de dix mille jeunes d’abus sexuels. Le nombre des faits incriminés a cru fortement dans les années soixante pour atteindre un pic dans les années soixante-dix, décroître dans les années quatre-vingt et retrouver dans les années quatre-vingt-dix le niveau des années cinquante. C’est précisément au moment où les choses se normalisaient, en 1992, que les premiers scandales ont éclaté dans les médias.
L’Église plus qu’aucune institution se repent de la pédophilie
La même année, alors que les abus sexuels sur mineurs dans l’Église sont déjà en forte régression, ils atteignent au contraire un pic historique pour l’ensemble de la société américaine, plus de 142.000. On peut donc affirmer sans crainte d’être contredit que l’Église n’a pas réagi moins vite que la société américaine dans son ensemble.
Selon le rapport John Jay, les accusations de pédophilie comportaient dix pour cent de pénétrations du pénis, vingt pour cent de fellations et le reste en attouchements, paroles et visionnages de films X. Malgré des faits allégués si graves, moins du dixième des dénoncés ont été mis en accusation par la justice américaine, 252 ont été condamnés dont seulement 140 à des peines de prison : ce résultat confirme qu’il n’a pas existé de silence particulier dans l’église américaine – juste le silence ordinaire des hommes pécheurs.
Les anticatholiques mettent en question le célibat
Derrière le reproche de silence se cache un autre reproche, plus fondamental, doctrinal : si l’Eglise se tait, c’est que c’est une « structure de péché » (formule utilisée dans le Monde par un collectif d’intellectuels chrétiens de gauche, où l’on trouve Henri Tincq, Jean Delumeau et Christine Pedoti) qui, selon l’évêque émérite de Poitiers, Rouet, rend possibles les « dérives sexuelles », la « pédophilie » en particulier. C’est l’opinion d’Anderson, l’avocat qui a fait ses choux gras du scandale. C’était aussi celle de Voltaire : « Les moines chargés d’élever la jeunesse ont été toujours été un peu adonnés à la pédérastie. C’est la suite nécessaire du célibat auquel ces pauvres gens sont condamnés ».
Elle a été reprise par de nombreux anticléricaux, notamment la troisième république et Waldeck-Rousseau, ou encore Hitler. Aujourd’hui, elle est très en vogue en Australie. Ritv signalait un rapport allant dans ce sens voilà trois ans, et un autre voilà deux jours. Le célibat des prêtres engendrerait la pédophilie. Cette affirmation est fausse, les statistiques le prouvent, les pasteurs mariés, les enseignants mariés, ou plus souvent les proches, amis et membres de la famille des victimes mariés présentent un taux de pédophilie égal ou supérieur à celui des prêtres célibataires.
La réalité de la pédophilie dans l’Eglise est la pédérastie
Je ne suis pas en train d’exonérer les prêtres pécheurs de leurs fautes, simplement d’établir que les scandales de pédophilie dans l’Eglise agités par les médias sont un moyen parmi d’autres de controverse anticatholique.
Une dernière statistique extraite du rapport John Jay permettra de le montrer encore plus nettement. Il établit que 81 % des victimes alléguées étaient masculines et que 77,4 % d’entre elles avaient entre onze et dix-sept ans. Autrement dit, plus de quatre cas de pédophilie sur cinq étaient des actes de pédérastie. On a vu plus haut que le pic de pédophilie dans l’Eglise se situe dans la deuxième moitié des années soixante et dans les années soixante-dix, conséquence de ce qu’un philosophe belge a nommé le « soixantisme », phénomène auquel mai 68 sert d’étiquette, mais dont le concile Vatican II, la loi Neuwirth en France, sont d’autres moments forts. Les fautes de l’Eglise d’alors ont été provoquées par l’infiltration d’une idéologie dont les tenants actuels attaquent violemment l’Eglise de toujours.
Convergence révolutionnaire des gays et de la pédophilie
Au risque assumé d’être très long, il faut rappeler la situation d’après 1968 en Europe, en France en particulier. Des intellectuels révolutionnaires se servaient de toutes les déviances de l’amour physique pour dissoudre une société qui se laissait faire. Tony Duvert, prix Médicis 1973, poulain de Roland Barthes et rédacteur en chef de la revue littéraire Minuit, revendiquait alors sa liaison avec un garçonnet de huit ans. Daniel Cohn-Bendit se vantait de ses exploits avec les petites filles de cinq. Une frange non négligeable des intellectuels dits de progrès militait pour l’abaissement de la majorité sexuelle ou même pour la suppression de toute barrière d’âge à la libre sexualité. Partout on repoussait, au nom de la révolution, les normes de la morale dite bourgeoise. On luttait pour les droits des homosexuels et des pédophiles. Michel Polac, journaliste et écrivain, ancien chroniqueur à Charlie Hebdo, figure de la grève de l’ORTF en 68 parle dans l’un de ses livres de son expérience homosexuelle et « pédophile »! Romain Goupil, cinéaste, socialiste, ancien membre de la Ligue communiste révolutionnaire déclarait : « J’ai envie de dire : oui, je suis pédophile ! »
Quand les intellectuels mettaient en question la société bourgeoise
Le cas Dejager, Gallien et Bruckardt marqua les esprits. En janvier 1977, ces trois prévenus devaient être jugés à Paris pour pédophilie. Or, des communistes aux « nouveaux philosophes », toute l’intelligentsia signait une pétition en leur faveur : Louis Aragon, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Roland Barthes, Francis Ponge, André Glucksmann, Bernard Kouchner, François Chatelet, Patrice Chéreau, Philippe Sollers, Félix Guattari, Jack Lang. Il s’agissait alors de « libérer » les enfants de l’oppression de ces institutions que sont la famille, l’école ou l’Eglise. La pédophilie était une arme de guerre pour détruire un ordre social et moral prétendument sclérosé.
Les gens à la page prônaient alors toutes sortes de « sexualités périphériques », qui incluaient éphéborastie et pédomanie. Un passage de la revue marginale Tout d’avril 1971 résume leur pensée : « Les fondements et tous les verrous de l’ordre naturel doivent sauter en même temps. À bas la société des hétéro-flics ! À bas la sexualité réduite à la famille procréatrice ! » Coucher avec un enfant n’était pas seulement une liberté comme les autres, mais un acte révolutionnaire positif.
La pédophilie, instrument de libération de l’extrême gauche
C’était l’époque où le FHAR, le front homosexuel d’action révolutionnaire, unissait ses efforts à ceux du CARP, le comité d’action pédérastique révolutionnaire, où Libération (mai 77) annonçait la naissance du FLIP, le Front de libération des pédophiles. Serge July, qui dirigeait alors ce quotidien, a dénoncé en 2010 « les lupanars pédophiles incrustés au cœur des écoles chrétiennes ». Il oublie qu’il a publié naguère avec ferveur interviews et apologies qui sortent de la pédomanie ordinaire pour entrer dans l’inceste, le viol, l’orgie et la copromanie. En Allemagne, les Grünen voulaient dépénaliser les relations sexuelles avec les enfants. Aux Pays-Bas existait un parti pédomane qui souhaitait dans un premier temps ramener la majorité sexuelle à douze ans puis la supprimer, et il existe toujours. Tous les pédophiles n’étaient pas pédérastes, tous les pédérastes pas pédophiles, mais les revendications de tous allaient dans le même sens. Une part notable des militants portait double casquette. Même s’il ne leur plaît pas qu’on le dise aujourd’hui, des associations gays sont objectivement à l’origine de la banalisation de la pédophilie.
Réprimer la pédophilie suppose de résoudre certaines questions
Aujourd’hui, fort heureusement, la pédophilie (ou plus justement la pédomanie, car la philia est l’amour amitié, et si d’aventure un pédophile aime un enfant d’amitié, ce n’est pas cela qui lui est reproché) est justement tenue pour une faute grave. Mais Caroline More, auteur de Les violences sexuelles sur mineurs publié à L’harmattan constate que cela n’était pas le cas avant le milieu des années quatre-vingt.
Cependant ce juste souci entraîne des questions que les statistiques d’âge du rapport John Jay suggérait. En premier, l’atteinte sexuelle contre un enfant est-elle de même nature que l’atteinte sexuelle contre un garçon ou une fille nubiles ? Et parmi les adolescents nubiles, quels actes relèvent de la « pédophilie », quels actes non ?
Aux USA, Polanski et Brigitte Macron poursuivis pour pédophilie ?
Pour y répondre on recourt en France au terme de majorité sexuelle, qui n’existe pas dans le code pénal, mais qui est déduit de l’article 227-25 réprimant l’atteinte sexuelle sur mineur, et que le Conseil constitutionnel définit ainsi, « l’âge à partir duquel un mineur peut valablement consentir à des relations sexuelles avec une personne majeure à condition que cette dernière ne soit pas en position d’autorité à l’égard du mineur ». En France, elle est fixée par principe à quinze ans. En Espagne, à treize, aux Etats-Unis à dix-huit. On voit donc que Roman Polanski, qu’une femme vient d’accuser cet été d’une nouvelle affaire sur mineure voilà quelques dizaines d’années, devrait être jugé, avec ses tendrons de treize ans, même si le viol n’est pas établi, pour pédophilie, si l’on reprenait la norme juridique américaine ordinaire, appliquée aux prêtres catholiques. Et si Emmanuel et Brigitte Macron avaient vécu aux Etats-Unis le début de leur histoire d’amour, Brigitte serait accusée à bon droit de pédophilie.
L’étonnante convergence entre islam et chienlit parisienne
En France, d’ailleurs, Brigitte Macron aurait pu être accusée de détournement de mineur. La presse répète, et les intéressés ne démentent pas, que le jeune Macron a copulé avec son aînée alors qu’il n’avait pas seize ans. Sans doute en avait-il plus de quinze, dit-on, mais la définition du Conseil constitutionnel précise bien que la personne majeure ne doit pas être « en position d’autorité à l’égard du mineur ». Or Brigitte Macron était professeur, et qui plus est enseignait le théâtre au petit Macron, discipline éminemment manipulatrice.
On s’étonnera vite enfin – ou l’on ne s’étonnera pas – du silence assourdissant de nos médias sur l’âge de certaines jeunes femmes dans les mariages forcés bénis par l’islam, en Europe ou en pays d’islam. Certaines épousées, âgées de douze ou treize ans, sont nubiles, mais on a vu la Cour suprême d’Arabie saoudite refuser en 2008 le mariage d’un homme de 58 ans avec une fillette de huit. Huit ans. Le même âge que le pauvre giton de Tony Duvert : l’islam indulgent à la pédophilie rejoint la chienlit soixante-huitarde parisienne.
Pauline Mille pour Reinformation.tv