En raison du manque d’ouvriers « flottants », capables de remplacer leurs collègues pendant des absences, les cadres interdiraient parfois aux employés de prendre une pause. L’ONG Oxfam a rassemblé plusieurs témoignages anonymes.
« Les cadences sont telles qu’il leur est parfois difficile de prendre une pause pipi. Aux Etats-Unis, certains employés du secteur volailler ont donc choisi de porter des couches au travail, selon des témoignages anonymes recueillis par l’ONG Oxfam. « La grande majorité » des 250 000 ouvriers « dit ne pas bénéficier de pauses-toilettes adéquates », en « claire violation des lois américaines de sécurité au travail », indique l’étude (PDF en anglais).
Un ouvrier, par exemple, évoque l’expérience de sa mère, qui porte des couches au travail, après avoir été contrainte d’uriner dans ses vêtements. Au Texas, une femme assure que plusieurs collègues de son usine font de même. Mêmes difficultés pour Dolores, ancienne employée dans l’Arkansas, dont les demandes de pause ont été rejetées « de nombreuses fois ». Après avoir essayé de porter une serviette hygiénique, elle a finalement opté pour des couches. « Moi et beaucoup d’autres, nous devions porter des Pampers. »
« Les chefs de ligne refusent aux ouvriers ces pauses parce qu’ils sont sous pression pour maintenir la vitesse de production », explique l’étude. Et « beaucoup d’employés craignent d’être moqués, punis ou virés » en cas d’absence aux toilettes. Ils doivent alors patienter pendant plus d’une heure ou « se précipiter » pendant des pauses de dix minutes. Il leur faut alors traverser rapidement de vastes plateaux d’usine, après avoir enlevé et remis leurs vêtements de protection.
Difficile, toutefois, de confirmer ces témoignages et d’évaluer l’ampleur du phénomène. Oxfam cite une enquête menée auprès de 266 ouvriers en Alabama par l’association antidiscriminations Southern Poverty Law Center, selon laquelle « presque 80% des ouvriers disent ne pas avoir le droit d’aller aux toilettes quand ils en ont besoin », ainsi qu’une autre dans le Minnesota, où « 86% des ouvriers disent avoir moins de deux pauses-pipi par semaine ».
L’ONG cible notamment quatre poids lourds de la volaille : Tyson Foods, Pilgrim’s, Perdue et Sanderson Farms, qui contrôlent 60% du secteur et emploient plus de 100 000 personnes au total. « Nous sommes inquiets de ces accusations anonymes, a répondu Tyson Foods, dans un communiqué (en anglais). Bien que nous n’ayons pour l’instant pas de preuves qu’elles soient vraies, nous vérifions que nos réglementations sur les toilettes sont appliquées. » »