C’est dans la presse belge que l’on peut lire le témoignage de Wendy Reid, 28 ans, qui a décidé de se livrer à une GPA pour venir en aide à un couple qui ne pouvait avoir d’enfants : la femme a dû subir une hystérectomie pour raisons médicales. Wendy devra fournir ses propres ovules. Elle a déjà une fille de 7 ans et son compagnon est d’accord.
En guise de « défraiement » – la maternité de substitution ne saurait avoir des motifs commerciaux au Royaume-Uni – elle accepte la coquette somme de 9.700 euros, aux termes d’un contrat verbal. Tout se passe comme prévu mais Wendy va découvrir qu’on l’a bernée. L’histoire de cette mère porteuse qui regrette son « don » est poignante, elle la raconte au Daily Mail – mais son témoignage est censuré. Informations interdites.
Le texte anglais de son témoignage, publié en fin de semaine dernière par le quotidien à grand tirage, a été retiré d’internet, sous la pression d’un avocat représentant les services sociaux du Royaume-Uni, moins de 24 heures après sa mise en ligne.
Wendy Reid pensait qu’être mère porteuse serait une preuve de générosité
On sait, grâce au site belge sudinfo.be, que Wendy a accepté de s’auto-inséminer de manière « artisanale » au moyen d’une seringue spéciale. Très vite, elle va tomber enceinte et sa grossesse se déroule normalement.
Les deux couples : le sien, et celui du couple commanditaire, se rencontrent tous les mois. La naissance a lieu : Wendy qui déclare ne rien avoir ressenti de spécial à l’égard de la petite fille, Emily, la fait remettre dès la naissance entre les bras des futurs « parents ».
Le bébé pleure, et Wendy suggère qu’on la pose sur son ventre. C’est le choc : elle est submergée d’émotions à l’égard de cet enfant qui est le sien, et qu’elle a porté pendant neuf mois.
A partir de ce moment là, elle « ne cesse de penser à Emily ». Elle a accepté de tirer son lait pendant 6 mois pour que la petite bénéficie d’une forme d’allaitement maternel. A chaque rencontre avec le bébé, lorsque les « parents » viennent chercher le lait, elle a de plus en plus de mal à se séparer de cet enfant qui se précipite dans ses bras. Et elle remarque qu’Emily semble mal nourrie, mal soignée…
Un jour que les parents ne viennent pas comme convenus récupérer le lait maternel, Wendy Reid panique et prévient la police : y a-t-il eu un accident ? C’est alors qu’elle découvre que les commanditaires, Jane et William, ont déjà trois grands enfants qui leur ont été retirés par les services sociaux. Il n’y a jamais eu d’hystérectomie…
Après la GPA, Wendy Reid regrette d’avoir fait don de sa fille
Wendy va se battre pour récupérer sa fille. Son propre couple éclatera sous la pression ; la garde d’Emily est retirée au couple de « clients » mais Wendy ne l’obtient pas non plus : la petite fille sera confiée en vue de l’adoption, au motif qu’elle n’a pas fait preuve d’assez d’amour maternel et qu’elle a abandonné son bébé. Un comble, alors que la pratique de la maternité de substitution fait des mères porteuses des parangons de l’héroïsme contemporain, à en croire les promoteurs de la GPA !
C’est si vrai que les services sociaux, irrités de voir cette histoire circuler d’abord de manière anonyme dans les médias, puis avec le nom de l’intéressée dans le Daily Mail, vont exiger qu’elle soit retirée du site du journal. Wendy Reid assure n’avoir parlé que pour être sûre que sa fille pourra un jour, à sa majorité, connaître sa propre histoire et la retrouver. Elle veut que ses regrets soient connus du monde entier. Selon l’agent médiatique de Wendy, qui s’en est ouvert dans Featureworld, c’est parce que les services sociaux et les tribunaux chargés des affaires familiales veulent à tout prix préserver le climat d’opacité qui entoure leurs décisions, bien souvent prises envers et contre les demandes des parents biologiques dont les enfants se trouvent au centre de procédures dramatiques.
L’animatrice de Featureworld, Alison Smith-Squire, dénonce la censure qui règne parmi les services sociaux, et qui même prend de l’ampleur. Elle affirme être mise au courant de tels conflits quasiment chaque jour, contre une affaire par deux mois ou par trimestre il y a quelques années. « Beaucoup de parents sont complètement désespérés. Les tribunaux familiaux tiennent audience à huis-clos et très souvent les parents n’ont rien à dire quant à l’avenir de leurs enfants. »
Un témoignage négatif sur la GPA censuré par les services sociaux du Royaume-Uni
Sans nier que parfois une telle rigueur puisse se justifier, l’avocate observe que « très souvent, on en fait très peu pour assurer que les enfants puissent demeurer auprès de leurs parents naturels » : la « solution de facilité », c’est de les confier à des tiers. Et « malheureusement, il est incroyablement difficile de faire publier ces histoires ». Dès lors qu’apparaît le moindre motif pour que l’enfant soit effectivement placé, aucun média n’accepte de les publier par crainte de poursuites…
Or les jugements de placement sont de plus en plus souvent « ridicules », assure Alison Smith-Squire.
On peut se gausser devant cet « agent médiatique » qui a fait de la publication d’histoires « remue-tripes » une véritable affaire commerciale. On peut se demander pourquoi une jeune femme comme Wendy Reid, qui s’est lancée tête baissée dans une aventure immorale qu’elle regrette aujourd’hui amèrement, mériterait la pitié. On peut poser des tas de questions.
Mais ce qui est vrai, dans notre monde tordu, c’est que l’atteinte aux droits et des parents et à leur réalité même est de plus en plus grave, et qu’elle est devenu une affaire d’Etat, dans tous les sens. Ce sont les Etats qui font – plus ou moins – le lit des drames familiaux de ce type en autorisant la GPA, la procréation médicale avec donneur. Et ce sont encore les pouvoirs publics qui s’arrogent le droit d’éduquer et de déterminer le droit des enfants, de manière de plus en plus insistance dans des pays comme le Royaume-Uni, le Canada et d’autres supposés être de terres de liberté.