« « Pour nous balancer des gaz lacrymogènes, s’insurge une femme, ils trouvent toujours l’argent, mais pour nourrir et loger les trois millions de pauvres en Grèce, il n’y a en jamais. »Depuis que la crise de sa dette publique a éclaté en 2008, la Grèce, mise au régime sec par la « troïka » Fonds monétaire international, Commission européenne et Banque centrale européenne, s’enfonce dans une crise sans précédent.
Coupes budgétaires drastiques dans les services publics, salaires divisés par deux, salaire minimum fixé à 476 euros, augmentation de la TVA, baisse des retraites… la cure d’austérité, avalisée par un gouvernement libéral, devait aider le pays à regagner la confiance des marchés. Elle n’a pourtant pas permis de diminuer la dette, passée de 124 % du PIB en 2008 à 174 % aujourd’hui. Avec un taux de chômage avoisinant les 30 % de la population active, la misère s’est installée partout.
Sans emploi, Chryssanti, qui élève seule sa fille Konstantina, survit grâce aux subsides qu’elle trouve auprès d’associations caritatives comme Praksis. « Dans les hôpitaux, le système de santé est en train de s’écrouler, relève Nathalie Simonnot, de Médecins du monde-Grèce. Les hôpitaux nous appellent pour des pansements, des bandages. […] Les parents ne vaccinent plus leurs enfants parce que c’est trop cher. »
Autres signes de cet effondrement, les maternités qui gardent en otages les nourrissons tant que les parents n’ont pas payé les frais d’accouchement ou les malades, suivis pour un cancer ou un diabète, qui ne se soignent plus, faute de moyens.
L’école, de son côté, a vu fondre son budget d’un quart. Mais quand on informe Chryssanti que six cents personnes viennent d’être licenciées à l’université d’Athènes, elle n’en a cure : « Je n’ai aucune pitié pour les fonctionnaires. Ils comprendront comme c’est dur pour nous dans le privé depuis plus de quatre ans. » »