C’est le titre de cet article de Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire :
« Le couvercle de la cocotte-minute est en train de trembler. Jusqu’à peut-être sauter.
« Marion Maréchal-Le Pen est seule et isolée sur la question de l’IVG » a déclaré, mardi, Florian Philippot à l’antenne de BFM TV. La guerre de tranchées – niée en public, omniprésente en privé – que se livrent les deux factions du FN vient de franchir un degré supplémentaire. Il n’y avait eu, jusqu’à présent, aucune attaque directe entre les deux têtes d’affiche ; c’est désormais chose faite.
La popularité dont jouit la jeune femme, sa place symbolique dans le parti ainsi que l’extrême sensibilité du sujet ne pouvaient manquer de déclencher de profonds remous. « À l’image de @HdeLepinau, plusieurs secrétaires départementaux et élus apportent leur soutien à MMLP », tweete, mercredi matin, le journaliste de l’AFP Guillaume Daudin, évoquant les selfies avec Marion Maréchal fleurissant, en signe de solidarité, sur les réseaux sociaux.
À peu près dans le mêm
e temps, Le Salon beige relaie cette anecdote, lue dans Minute : le secrétaire départemental de l’Aveyron, Jean-Guillaume Remise, ayant expliqué en haut lieu à quel point le soutien de Philippot aux récentes affiches LGBT avait agacé les militants aurait été gratifié, dans son dos, de la part de l’intéressé, d’un « Celui-là, il faut qu’il dégage ».
Est-ce le sort qui attend, aussi, les ci-dessus cités ?
La vérité est que le couvercle de la Cocotte-Minute est en train de trembler. Jusqu’à peut-être sauter. Florian Philippot, arrivé en 2011 au Front national, fait l’objet de la part d’un militant de ce commentaire imagé : « Il a fait, en somme, ce que l’on reproche aux immigrés. Au début, il était seul, il s’est intégré, fondu dans la masse. Et puis il a fait venir ses amis, et il a imposé sa loi. C’est à nous, FN historique, de nous assimiler. Nous sommes devenus dhimmis ! »
Il est vrai que les escarmouches se multiplient en nombre et en intensité.
Qu’elles soient dissensions d’ordre personnel, sociétal, philosophique, elles creusent le fossé, comme si, consciemment ou non, on avait décidé d’en finir avec la vieille garde conservatrice, comme si l’on voulait faire lâcher prise aux plus accommodants par un ultime non possumus : il y a cette saillie de Gaëtan Dussausaye, qui, sur TV Libertés, cite Marx comme maître à penser. Il y a le plaidoyer de Sophie Montel pour l’IVG au banquet du 1er mai. Il y a, sur Twitter, ce message de soutien des militants FN de Sciences Po à la marche des fiertés LGBT. Il y a l’Internationale, que les mêmes, un autre soir, se mettent à chanter. Il y a cette insulte faite aux pieds-noirs (toujours sur Twitter) par Alexandre Benoît. Il y a ces sarcasmes après le résultat de Poisson, discrètement soutenu par l’aile conservatrice du FN (Éric Domard : « Échec cinglant du courant conservateur, confessionnel, obnubilé par les sujets sociaux »). Il y a, enfin, ces hommages à Castro (Julien Odoul : « Hommage au père de la Révolution cubaine qui aura marqué so
n époque. L’histoire du monde perd l’une de ses figures »).Les ripostes fusent de l’autre côté, parfois agressives lorsqu’elles viennent de simples sympathisants, toujours mesurées lorsqu’elles émanent de l’appareil : Florian Philippot y est craint. Et au milieu de ces tirs d’artillerie, on ne sait plus très bien la ligne officielle du FN, tant le buzz, aujourd’hui, fait loi.
Quid de la suite ? L’attelage de la carpe et du lapin tiendra-t-il encore, à hue et à dia, jusqu’aux élections, pour un dénominateur commun « immigration et souveraineté » ? Pour cela, Marine Le Pen ne pourra pas faire l’économie d’un poing sur la table. Si elle est encore la patronne… »