Choquée par l’apparition, en 2011, d’une statue de la Vierge dans un parc municipal, la Fédération de la Libre Pensée de Haute Savoie (encore eux !) avait demandé au maire de Publier (Haute-Savoie), Gaston Lacroix, de la déplacer. Le tribunal administratif de Grenoble vient de lui donner raison, en décidant « d’annuler les décisions » de refus du maire.
« Considérant que la statue de la Vierge portant l’inscription ‘Notre Dame du Léman veille sur tes enfants’ constitue un emblème religieux ; qu’il est constant que le terrain sur lequel elle a été édifiée est un parc public ; que (… ) la commune ne pouvait légalement autoriser l’installation de cette statue sur le domaine public communal », le tribunal administratif, au nom de la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État, a décidé « d’annuler les décisions (…) par lesquelles le maire de Publier a refusé de déplacer la statue de Notre Dame du Léman en dehors du domaine public communal ».
« Cette statue est un repère »
Gaston Lacroix, le maire (divers gauche) de cette commune de 6 500 habitants, n’aurait « jamais pensé que l’affaire prendrait une telle ampleur »: « J’ai eu les services de l’État hier, raconte-t-il. Ils sont bien embêtés, car le jugement ne réclame pas le retrait de la statue. Alors que faire? ».
Bien qu’elle ait été bénie le 15 août 2011 par le curé de la paroisse, le père Robert Colloud, cette Vierge de 1,5 mètre de haut, qui surplombe la commune, est pour lui « à connotation culturelle plutôt que cultuelle ».
« De nos jours, la France ne sait plus où elle habite !, s’afflige l’édile. Regardez, les gamins, ils ne savent plus à quoi se raccrocher, ils partent faire le djihad ! On assiste à une perte de repères. Dans ce pays d’éducation judéo-chrétienne, cette statue, c’est un repère. Moi qui fais beaucoup de randonnées en montagne, je peux vous dire qu’il n’y a pas un sommet où on ne trouve pas une croix ou une Vierge…»
Une défense pleine de bon sens de la part de monsieur le Maire… Difficile d’en dire autant du curé malheureusement ! Le père Robert Colloud ne veut pas être « mêlé à cette histoire » : « L’intention n’était pas mauvaise, elle était même bonne, affirme-t-il. Mais ce n’était peut-être pas le moment de faire des choses comme cela… Moi je suis pour la paix ». Qu’un curé puisse imaginer le retour de la paix en France sans l’intervention de la Sainte Vierge laisse assez sceptique…
La laïcité montre son vrai visage anti-chrétien
Le maire insiste : « cela ne signifie pas, ‘tu t’arrêtes et tu fais une génuflexion’… C’est juste un repère. Au Conseil municipal, tout le monde m’a apporté son soutien. Même des musulmans m’ont dit que cela ne les dérangeait pas de passer devant »
A la Fédération de la Libre-pensée, on ne l’entend pas de cette oreille. « Depuis quand un maire de la République utilise-t-il sa fonction pour indiquer aux citoyens les repères qu’ils doivent avoir ?, interroge José Goemans. Le maire agit en tant que missionnaire qui veut évangéliser sa commune. Aujourd’hui, s’il est républicain, il doit procéder à l’enlèvement de cette statue. Il donnerait l’exemple ; ce serait un beau repère pour les jeunes ! S’il ne le fait pas, la Libre Pensée s’adressera au préfet de la Haute-Savoie et mènera campagne ».
Gaston Lacroix fera-t-il appel de ce jugement ? Le maire assure qu’il « travaille avec ses services techniques pour sortir de cette histoire par le haut ». La laïcité à la Française renoue avec ses vieux démons révolutionnaires, à commencer par la haine anti-chrétienne.