Homs, capitale de la province qui porte son nom, a été très touchée par de multiples affrontements destructeurs entre islamistes et armée syrienne de 2011 jusqu’au printemps 2014. Reportage.
Au terme de deux ans et demi de conflit, un accord était trouvé le 9 mai dernier entre les deux parties : les islamistes évacuaient les quartiers qu’ils occupaient dans le centre de la ville avec l’autorisation de n’emporter qu’une arme chacun.
Les faubourgs de Homs continuent à vivre malgré les quelques magasins pillés ou brûlés que l’on devine, le quartier « arménien » (qui n’en compte plus un seul !) est dévasté, les volets baissés et l’évêque de Homs affirme qu’une voiture piégée explose tous les quinze jours. La guerre a fait son œuvre et continue à terroriser la population qui n’aspire qu’à la paix.
Monseigneur Jean Abdo Arbach est évêque de Homs, Hama et Yabroud depuis deux ans, il avait été rappelé en pleine guerre alors qu’il vivait paisiblement en Argentine depuis des années. « Mes fidèles argentins me demandaient souvent si j’avais peur, ma réponse est toujours non. La Syrie est mon pays et il est normal que d’y sois alors que mon peuple souffre. Mon espérance dépasse ma peur et s’il faut que je sois martyr, je le serai » confie-t-il avec un sourire désarmant.
Quelques rues plus loin, le spectacle est apocalyptique.
Les immeubles sont effondrés et le centre-ville n’est plus qu’un enchevêtrement de poutres et de gravas. Quelques personnes vont et viennent pour constater les dégâts. D’autres, plus chanceux, remontent dans un appartement qui a été miraculeusement sauvé. Quelques bénévoles de l’association Français SOS Chrétiens d’Orient sont là, une Syrienne les interpelle : « Comment la France qui est un pays chrétien peut-elle cautionner les actes de ces monstres ? »
Au loin se dresse massivement la cathédrale Notre-Dame de la paix dont il ne reste que les quatre murs brûlés. Deux jours après la libération de la ville, une bombe cachée dans la cathèdre explose et détruit tout ce qu’il restait. L’iconostase, le chœur, les icônes avaient déjà été détruits, il restait les vitraux et les murs. L’un d’eux est désormais penché, le trou creusé par l’explosion est énorme… « Il faudra la raser avant de reconstruire » commente tristement l’évêque.
Au sous-sol, les djihadistes avaient installé leur hôpital : du matériel très moderne récupéré par l’hôpital de la ville, des médicaments par milliers, « impossible de penser qu’ils n’ont pas d’aide extérieure » glisse monseigneur Arbach.
Sur la porte, quelques inscriptions rappelle que le lieu est la propriété des islamistes et que l’accès est interdit à toute autre personne.
« Aucun de mes fidèles n’a pu entrer dans la cathédrale pendant qu’ils l’occupaient » affirme un prêtre de la ville voisine de Yabroud, alors qu’il examine les inscriptions à la lampe de poche.
Les autres églises de la ville ont toutes souffert mais il est possible de les restaurer, ce que sont entrain de faire quelques hommes de la ville : « reconstruire et reconstruire encore quels que soient les risques à venir » sourit l’un d’eux, « ils doivent comprendre que nous ne partiront pas » ajoute un autre penché sur sa brouette.
« L’avenir est difficile à prévoir commente monseigneur Abrach, mais une chose est certaine : les Syriens veulent tous rester chez eux, à commencer par les Chrétiens. Nous ne laisserons pas cette présence historique disparaître. Beaucoup de musulmans sont d’accord, cette présence est nécessaire pour que revienne la paix en Syrie»