Il y a soixante ans : fondation de l’Organisation armée secrète (OAS)

L’Organisation Armée Secrète fut créée à Madrid par Pierre Lagaillarde et Jean-Jacques Susini, qui avaient participé activement aux journées des barricades le 24 janvier 1960 à Alger, en présence du général Salan, soldat illustre (le plus décoré de France).

Hostiles à la nouvelle politique d’abandon de l’Algérie française du général De Gaulle, qui trahissait la parole qui l’avait amené au pouvoir (« moi vivant, jamais le drapeau du FLN ne flottera sur Alger »), ils prônent l’union de tous les « patriotes » français d’Algérie pour contester les prochaines négociations bilatérales entre le gouvernement français et le FLN.
Outre l’« agit-prop », cette opposition n’aura d’autre moyen que le combat puisque le pouvoir ne jugea pas utile de les convier aux futurs entretiens.

L’OAS regroupera de nombreux militaires (dont de très fameux, tels que – outre Salan –, le colonel Chateau-Jobert ou le « Crabe-Tambour ») et civils, des Français d’Algérie, Musulmans d’Algérie, Français de métropole. Parmi des milliers de Français, des personnalités gaullistes prestigieuses la rejoindront, rompant avec leur héros d’avant, telles que Georges Bidault (fameux résistant ayant pris la suite de Jean Moulin à la tête du CNR en 43) ou Jacques Soustelle (haut cadre de la « France libre » et ministre gaulliste) qui verront l’OAS comme une deuxième résistance.

L’OAS luttera contre les terroristes du FLN (lui-même soutenu par les communistes) et aura affaire aux barbouzes gaullistes qui tortureront et assassineront à grande échelle (environ 400 patriotes assassinés clandestinement).

Les premières inscriptions murales sur les murs d’Alger apparaissent le 27 février 1961. Le premier tract est distribué le 1er mars 1961 :
« L’UNION SACRÉE EST FAITE, LE FRONT DE LA RÉSISTANCE EST UNI.
Français de toutes origines.
La dernière heure de la France en Algérie est la dernière heure de la France dans le monde, la dernière heure de la France dans l’Occident.
Aujourd’hui tout est prêt d’être perdu ou sauvé. Tout dépend de nos volontés. Tout dépend de l’Armée Nationale.
Nous savons que l’ultime combat approche. Nous savons que ce combat pour être victorieux, exige l’unité la plus totale, la discipline la plus absolue.
Aussi tous les Mouvements Nationaux clandestins et leur organisation de résistance ont décidé de joindre unanimement leurs forces et leurs efforts dans un seul mouvement de combat L’ORGANISATION ARMÉE SECRÈTE, O.A.S.
Algériens de toutes origines.
En luttant pour l’Algérie Française, vous luttez pour votre vie et votre honneur, pour l’avenir de vos enfants, vous participerez ainsi au grand mouvement de rénovation nationale.
Dans cette lutte, vous suivrez désormais et exclusivement les mots d’ordre de l’O.A.S.
Soyez certains que nous nous dresserons tous ensemble les armes à la main, contre l’abandon de l’Algérie, et que la victoire est assurée si nous savons la mériter.
Dans le calme et la confiance.
Tous debout, tous prêts, tous unis.
VIVE LA FRANCE
L’ORGANISATION ARMÉE SECRÈTE »

L’échec de la révolte des généraux d’avril 1961, en sera le détonateur. Il décidera de nombreux officiers exaspérés par la nouvelle inflexion politique de De Gaulle, à entrer en dissidence.
Certains se constituerons prisonniers (les généraux  Challe, Zeller, Bigot, Nicot, Petit, le commandant Hélie de Noix de Saint Marc…) d’autres entreront dans la clandestinité (les généraux Jouhaud, Salan et Gardy, les colonels Lacheroy Argoud, Broizat, Gardes, Godard, le capitaine Sergent, les lieutenants Godot et Degueldre…).
Ces officiers et sous officiers, qui ont vu tant de leurs camarades tomber au combat, déjà meurtris par le dénouement indochinois, réalisent s’être battus pour rien depuis six années, si le plan de De Gaulle aboutit.
Le sacrifice inutile de ces hommes corvéables à merci, à qui on avait demandé aussi bien le maintien de l’ordre urbain que les opérations de guerre dans le djebel ; l’obligation qui leur est faite de renier leurs engagements et d’abandonner leur honneur et les populations qu’elles avaient en charge aux terroristes du FLN dont ils connaissent la barbarie, leur seront insupportables.
Ils seront rejoints par des civils.
Début de mai 1961, un Comité supérieur de l’O.A.S est instauré. Il a à sa tête le général Salan et, en second, le général Jouhaud.
L’OAS sera organisée en trois branches :
l’O.M (organisation des masses), l’A.P.P (action psychologique et propagande), et l’O.R.O (organisation renseignements-opérations) disposant de commandos armés.

organigramme

Elle a pour but de fédérer les différentes branches d’Algérie, de métropole et de l’étranger.
L’unification sera compliquée voire impossible à réaliser du fait du fait des difficultés liées à la clandestinité, de l’étendue du territoire et des rivalités propres à toutes organisations clandestines. L’OAS de l’Oranie et celle du Constantinois garderont une grande autonomie.
En métropole aussi, le revirement du chef de l’État entraînera des mouvements protestataires de la part d’anciens gaullistes de la première heure et d’anciens résistants (Soustelle, Bidault), d’intellectuels renommés, comme d’une partie de la droite. Elle aura une motivation différente et plus politique. Une division de la société française qui frôlera la guerre civile.
C’est en France que naîtront les projets d’attentats contre le chef de l’État.
Réunis sous la dénomination de « OAS Métro » le 03 juin 1961, ces diverses composantes appuyés par des soldats révoltés tentera de déstabiliser le pouvoir pour infléchir la nouvelle politique et essaiera de sensibiliser l’opinion métropolitaine.

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Outre les centaines de patriotes morts, des milliers d’autres connaîtront les geôles gaullistes ou l’exil, jusqu’à ce que De Gaulle, terrorisé par les étudiants gauchistes de Mai 68, décrète une amnistie générale sur demande du général Massu auprès de qui il était allé chercher de l’aide.

En Algérie, le bilan humain (sans parler des aspects économique, politique, géopolitique…) de la trahison gaulliste est effroyable : centaines de milliers de harkis et musulmans pro-français assassinés dans des conditions horribles, de même que des milliers d’Européens d’Algérie, et d’autres milliers de ceux-ci « portés disparus » (hommes envoyés dans les mines, femmes dans les lupanars…).

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Concernant la légitimité morale de l’action contre De Gaulle, l’abbé Rioult a publié un petit livre très bien : Jean Bastien-Thiry, De Gaulle et le tyrannicide.

Ici, on peut consulter le site de l’amicale des anciens détenus de l’OAS.