Le pire c’est que la molécule du médicament est le fruit de la recherche publique. Les groupes pharmaceutiques se goinfrent sur le dos de la Sécurité Sociale en vendant des médicaments à des prix exorbitants.
Lu sur BFM : Médecins du Monde (MdM) est déterminé. L’ONG a engagé mardi une action européenne contre le brevet du sofosbuvir (commercialisé sous le nom de Sovaldi), médicament efficace contre l’hépatite C du laboratoire américain Gilead Sciences, pour protester contre son prix exorbitant, et inciter le fabricant à accepter la vente de génériques.
L’ONG française, qui affirme être la première en Europe à se lancer dans une telle démarche, a déposé un « mémoire d’opposition au brevet » du sofosbuvir, auprès de l’Office européen des brevets, organisme qui délivre et protège les brevets industriels dans 40 pays européens.
L’objectif de MdM est de permettre la production de versions génériques en Europe bien plus abordables pour ce traitement efficace contre l’hépatite C et sans effet secondaire, mais vendu en France au prix astronomique de 41.000 euros pour une cure standard de 12 semaines.
Or, une étude dirigée par un chercheur de l’Université de Liverpool, Andrew Hill, a évalué en 2014 le coût de fabrication réel du sofosbuvir entre 68 et 136 dollars (60 à 120 euros) pour les 12 semaines de traitement préconisées.
Une avancée résultant aussi de la recherche publique
MdM estime que « Gilead abuse de son brevet pour exiger des prix insoutenables pour les systèmes de santé » en Europe et ailleurs dans le monde. Ce tarif conduit à un « rationnement » des traitements alors que beaucoup plus de malades pourraient en bénéficier, dénonce l’ONG.
« Si l’utilisation du sofosbuvir pour traiter l’hépatite C est une avancée thérapeutique majeure, la molécule en elle-même, fruit de travaux de nombreux chercheurs publics et privés, n’est pas suffisamment innovante pour mériter un brevet », estime l’ONG dans un communiqué.
Gilead justifie le prix par la durée très courte du traitement
Sollicité par l’AFP mardi, Gilead n’a pas souhaité commenter cette information. Le laboratoire avait justifié en 2014 le prix de son traitement, soulignant que son médicament offrait une « thérapie courte » pour soigner définitivement la maladie, alors que les traitements classiques moins efficaces étaient administrés sur le « long terme ».
Au prix actuel du sofosbuvir, soigner tous les patients qui en auraient besoin en France coûterait plus de 5 milliards d’euros, soit 20% du budget consacré par la Sécurité sociale aux médicaments, selon les calculs de Médecins du Monde.
Un taux de guérison de 90%
Dans sa forme chronique, la plus grave, l’hépatite C touche 130 à 150 millions de personnes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Entre 350.000 et 500.000 personnes meurent chaque année des conséquences de cette maladie, principalement de cancer du foie ou de cirrhose.
En France, on estime à 230.000 les malades chroniques de l’hépatite C. Entre 80.000 et 128.000 d’entre eux ont besoin des nouveaux traitements de type AAD. Les AAD agissent en bloquant la capacité de multiplication du virus de l’hépatite C et sont bien plus efficaces que les traitements conventionnels par interféron et ribavirine, avec un taux de guérison dépassant les 90%.