Lu sur Infosyrie : Le fait que leur rêve de subversion de la Syrie s’évapore ne dissuade par certains journalistes et médias militants de continuer à mentir et désinformer.
Parmi ceux-ci nous sommes contraints, une fois encore, de « distinguer » I-Télé qui s’est empressée lundi soir, d’une part de relayer une thèse abracadabrantesque, et d’autre part de mentir ouvertement sur un fait, ces deux désinformations ayant, on l’aura deviné, pour but commun de charger le gouvernement syrien de crimes qu’il n’a pas commis, même en pensée.
Sensationnel ! Kadhafi « donné » par Bachar
Evidemment, le pompon est la présentation façon « scoop » des déclarations au quotidien britannique The Daily Télegraph d’un ex-responsable du Conseil national de transition (CNT) libyen, selon lesquels le colonel Kadhafi, réfugié avec une poignée de fidèles à Syrte, a pu être localisé – et assassiné – par des agents français envoyés par Sarkozy… grâce au numéro de son téléphone satellitaire personnel, numéro fourni aux Français par… Bachar al-Assad !
C’est Rami El Obeidi, ex-responsable des relations avec les agences de renseignements étrangères du CNT, qui est l’auteur de cette thèse grotesque, qu’il pense étayer en expliquant que le président syrien aurait agi ainsi pour obtenir de Sarkozy qu’il diminue la pression sur le régime – « ce qui est arrivé », affirme Rami El Obeidi sans crainte du ridicule. Tout le monde, sur ce site et ailleurs, a pu constater que Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont été, avant et après la mort de Kadhafi, parmi les dirigeants occidentaux les plus hostiles à l’encontre de Damas. Pour l’ex-diplomate Patrick Haimzadeh, interrogé par Le Point, Rami El Obeidi, un ancien militaire qui a été écarté du CNT, ne cherche qu’à exister politiquement.
On ajoutera que, ne serait-ce que pour d’évidentes raisons de jurisprudence internationale, le gouvernement syrien a condamné l’implication de la France et de l’OTAN dans la guerre civile libyenne. Plus c’est gros, plus ça passe ? Pas tant que ça, et ce mardi, les médias mainstream ne reviennent guère sur cette » information » – ils ne développent pas beaucoup non plus, il est vrai, les déclarations, peut-être de plus de poids, de l’ex-Premier ministre libyen post-Kadhafi Mahmoud Djibril, qui a affirmé lui aussi hier que c’est « un service de renseignements étranger » qui a tué l’ancien Rais libyen, sans donner pus de précisions, il est vrai.
Mais pour en revenir à la « piste Bachar », la direction de la rédaction d‘I-Télé aura pu cracher un peu de venin supplémentaire, l’espace d’une soirée, sur le président syrien : disons que ça ne change rien à l’évolution de la crise syrienne, mais que ça soulage ces messieurs-dames, certainement contrariés par l’échec de leurs amis barbus à Alep et ailleurs.
Le même soir, c’est une « pointure » d’I-Télé, Olivier Ravanello, chef du service de désinformation Etranger de la chaîne (déjà « distingué » sur ce site pour l’ensemble de son oeuvre), qui s’est surpassé en revenant sur l’incendie du souk d’Alep, expliquant que celui-ci avait été déclenché par un bombardement de l’aviation syrienne, affirmation « étayée » par une vue d’avion de combat dans le ciel syrien. Ce alors qu’il existe des vidéos – mises en ligne ici même – d’insurgés contemplant l’incendie qu’ils ont allumé aux cris de « Allah o akbar ! ». Alors que lundi l’AFP a publié les déclarations de commerçants du souk précisant bien que seuls les rebelles étaient présents dans le dédale du souk au moment du départ de cet incendie. Travestir à ce point la réalité est certainement la marque des plus grands « agents d’influence », et il faudrait instituer décidément un prix Pulitzer de la désinformation pour récompenser le « talent » d’un Olivier Ravanello – à qui on pourrait remettre « en prime » aussi quelques déclarations américaines ou qatari…
Quand l’AFP joue les ventriloques d’Ali Akbar Salehi
Mais l’AFP, quand il s’agit de « gauchir » les faits , et de faire dire à des personnalités ce qu’elles n’ont même pas pensé, n’est pas en reste sur I-Télé. Ainsi cette soi disant « mise en garde » de l’Iran à Damas sur son éventuelle utilisation d’armes chimiques dans le conflit en cours.
Quels sont les faits, et les mots ? Interrogé à ce propos lundi au cours d’un débat organisé par le CFR, une puissante société d’influence géopolitique américaine néoconservatrice, le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi a répondu que « si cette hypothèse se vérifiait (…) ce serait la fin de tout« . Donc, en bon français, même traduit de l’anglais diplomatique, Salehi n’a fait qu’exprimer son opposition à l’emploi éventuel des dites armes chimiques par le gouvernement syrien, utilisation « hypothétique » d’après ses propres propos.
Le chef de la diplomatie iranienne a d’ailleurs immédiatement ajouté ceci, qui recadrait la question : « Si un pays quel qu’il soit, y compris l’Iran, utilise des armes de destruction massive, c’est la fin de la validité, de la légitimité de ce gouvernement« .
Bref, rien de nouveau sous le soleil diplomatique : tous les pays, y compris les alliés de la Syrie, condamnent l’utilisation des armes chimiques, sous quelque latitude ou quelque gouvernement que ce soit. Et l‘AFP rappelle – tout de même – qu’Ali Akbar Salehi avait lui-même rappelé à ses interlocuteurs que l’Iran a eu précisément à souffrir de l’utilisation de tels moyens de destruction : pendant la guerre Iran/Irak de 1980/88, le forces de Saddam Hussein ont utilisé des gaz de combat contre les soldats iraniens.
Mais, là aussi, là encore, un média français aura tenté de semer l’esquisse d’un doute sur la solidité des liens entre Téhéran et Damas, solidité pourtant attestée à mainte reprises et tout récemment encore lors de la rencontre du même Ali Akbar Salehi avec Bachar. Mais ces messieurs nous ont déjà fait le « même coup » avec la Russie, cherchant désespérément à susciter, par leurs grands titres mensongers, un début de désolidarisation entre la Syrie et son principal défenseur à l’ONU.
Maintenant que tous ces mensonges et falsifications soient l’effet d’une claire conscience politique ou soient au contraire comme une seconde nature chez des journalistes formatés depuis l’école, est un autre débat