Par Olivier Piacentini, essayiste dissident (ses livres ici) :
« Les chiffres de déficit commercial de la France sont tombés, et ils ne sont guère flatteurs pour notre pays : en 2020, le déficit commercial récurrent de la France s’est encore creusé, à près de 84 milliards, record battu après les 70 milliards de l’année 2019… Nos exportations reculent encore, nos importations se maintiennent, tous les indicateurs sont dans le rouge.
Ce chiffre traduit à lui seul la décadence totale de notre compétitivité, la disparition accélérée de nos industries. La faute à l’euro ? La faute à la crise sanitaire ? Ces deux facteurs participent sans doute à ce fiasco. Mais ils sont loin d’être les seuls.
Pour preuve, l’Allemagne continue, elle, d’afficher un excédent de 183 milliards, certes en baisse, mais toujours plantureux. Ses exportations représentent près du triple des nôtres, on ne peut désormais plus se comparer à une Allemagne qui nous a complètement distancés en termes d’industrie.
Et que dire d’une Italie surendettée que l’on annonce moribonde mais qui affiche un excédent de 64 milliards d’euros, en progression par rapport à l’année précédente ? Si la péninsule est plombée par sa dette, gère mal ses finances publiques, elle est parvenue malgré tout à conserver un tissu industriel compétitif, et ce, malgré un euro qui la pénalise autant que nous.
L’Espagne est en déficit, certes, mais de 15 milliards – son problème n’est pas du même ordre. Un pays doit attirer notre attention : les Pays-Bas enregistrent un nouvel excédent, 65 milliards, soit l’équivalent de l’Italie avec trois fois moins d’habitants. Ses exportations sont largement supérieures aux nôtres : les Pays-Bas sont un dragon commercial agricole et industriel au cœur de la zone euro, preuve que cela est possible.
La France paie, à travers ce déficit commercial, quarante ans d’erreurs stratégiques majeures : pays socialiste, qui distribue allègrement aides sociales et postes de fonctionnaires en veux-tu en voilà et n’hésite pas à creuser les déficits et la dette pour cela, elle plombe sa compétitivité à cause des impôts et charges que cela occasionne. Mais l’argent distribué aux ménages est aussitôt consommé en produits étrangers, et repart aussi sec dans les caisses de nos concurrents : nos impôts coulent nos entreprises, ils servent aussi à financer les industries allemandes, chinoises, japonaises, hollandaises ou italiennes… La démagogie socialiste de nos gouvernements successifs nous coûte, cette année, 84 milliards d’euros : si nous avions gardé le franc, nous subirions une terrible dévaluation, et une inflation à deux chiffres qui ruinerait la population. L’euro nous évite cela, grâce aux excédents allemands, italiens ou hollandais, mais il nous empêche de mesurer l’ampleur de notre déclin, de réagir à la situation. Laxisme, démagogie, socialisme peuvent ainsi continuer à détruire notre moteur productif, personne ne s’en rend compte tant que l’euro se maintient et que l’on peut s’endetter pour soutenir le train de vie des Français.
Il serait temps de réagir, avant qu’il ne soit trop tard, et que nous ne devenions définitivement le mezzogiorno d’une Allemagne qui ne sera guère généreuse dans le futur… »
Source BVoltaire