Article traduit par Benoît-et-moi sur les pratiques sacrificielles des Aztèques :
« La première description de la tour des crânes de Tenochtitlan est faite en 1521 par Andrés de Tapia (v.1498 -1561) qui accompagnait Hernán Cortés et les Totonaques, Tlaxcaltèques et autres tribus à l’assaut de la ville. Puis elle sera reprise par Bernal Díaz del Castillo(v.1495-1581) et par Francisco López de Gómara (v.1511 –1566).
Elle sera ensuite niée des milliers de fois, et avec elle ce système de sacrifices humains des Aztèques, parce que l’empire aztèque devait appartenir à l’éden indigène que les Espagnols barbares avaient détruit quand ils ont rasé l’Amérique.
En conséquence, ces descriptions de la terreur aztèque ne pouvaient être que mensonges pour justifier la conquête du Mexique. Les Mexicains eux-mêmes racontent que leur histoire commence avec la fondation du dieu Quetzalcóatl, [alias Serpent à plumes] pour se voir interrompue avec l’arrivée destructrice des Espagnols, puis s’est poursuivie par sa voie naturelle après l’indépendance.
Cela fait déjà longtemps que l’on sait, – si l’on veut savoir – que les chroniqueurs espagnols ne mentaient pas. Mais, naturellement, ce n’était pas suffisant. Ce n’est jamais suffisant. Aujourd’hui cela ne le sera pas non plus. La découverte spectaculaire par différents archéologues de la tour des crânes de Tenochtitlán sera oubliée et les mythes de la légende noire continueront à être bien vivants parce que comment allons-nous expliquer les problèmes actuels de l’Amérique hispanique sans l’horrible Empire espagnol? Tout ce qui nous arrive aujourd’hui c’est parce que nous avons jadis été colonisés par les méchants. Et s’ils n’étaient pas si méchants que cela, qu’est ce que nous faisons ? Une autocritique? Jamais.
Il y a quelques jours, une agence de presse a révélé que dans les excavations archéologiques qui sont pratiquées depuis 2015 à côté de la cathédrale métropolitaine de Mexico, on a retrouvé une tour de crânes qui répond point par point à la description des chroniqueurs espagnols. L’exactitude [de la description] est étonnante, tellement est dessiné avec des mots ce que les archéologues ont découvert aujourd’hui :
«Un ossuaire de crânes d’hommes prisonniers de guerre et sacrifiés au couteau, un ossuaire qui était fait comme un théâtre plus long que large, construit d’une façon particulièrement résistante, avec ses gradins, sur lesquels étaient incorporés, pierre à pierre, des têtes de mort dont la face avec les dents était tournée vers l’extérieur ».
Cortés ne mentait pas. Avec le fait aggravant que ce n’était pas seulement des guerriers sacrifiés, comme l’ont dit les Aztèques, mais aussi des femmes et des enfants.
La négation des sacrifices a eu différentes versions, toujours entièrement en vigueur. Le 25 avril de cette année Jason Suárez, du département d’Histoire du El Camino Collegeen Californie expliquait lors de sa conférence Questions of ritual human sacrifice que l’idée des sacrifices humains est erronée et le fruit d’une interprétation abusive des images qui représentaient ces sacrifices, pour justifier la conquête. Il donne comme argument que quiconque verrait le Christ cloué sur la croix pourrait en conclure que les chrétiens (??) faisaient aussi des sacrifices humains, en déformant une représentation symbolique qui ne correspond pas à cette réalité. Une autre présentation, plus sophistiquée, qui ne nie pas la réalité mais la justifie, c’est celle de l’argument alimentaire. Pour Marvin Harris, c’est le manque de protéines qui explique les sacrifices humains. Tout cela contribue à renforcer l’idée que les Espagnols ne sont pas arrivés au Mexique pour en finir avec une horreur institutionnalisée, parce que l’horreur devait être incarnée par eux, par Cortés et ses hommes, – comme le chante avec une méconnaissance absolue Neil Young dans son Cortez the killer [paroles ICI]-, et que par conséquent, rien de bénéfique ne pouvait venir de là.
Mais désormais la découverte de la tour des crânes de Tenochtitlán, décrite d’une façon tellement véridique par les chroniqueurs, oblige à regarder Cortés et ses gens d’une autre manière. Nous ne savons pas si cela aura des conséquences, mais c’est peu probable. Très vite va tomber une nouvelle chape de silence sur cette réalité comme elle est tombée sur tant d’autres réalités qui n’avaient pas besoin d’une équipe d’archéologues [pour être (re)découverte]. Comme par exemple que le gouverneur nommé par Cortès pour Mexico dans le nouvel ordre chrétien s’appelait Andrés de Tapia Motelchiuh et que c’était un Aztèque qui a été baptisé en prenant précisément le nom du chroniqueur et en conservant aussi le sien et que c’était un homme de la plèbe presque un esclave que le système social aztèque ankylosé n’aurait jamais permis de prospérer. Il a accompagné Cortés pendant trois ans dans ses expéditions. Mais nous pourrions aussi nommer un autre plébéien, Don Pablo Xochiquenzin, qui fut aussi gouverneur pendant cinq ans. Ou Don Diego de Alvarado Huanitzin, qui a accompagné Cortés lors de l’expédition en Honduras et qui a été nommé gouverneur d’Ecatepec, charge qu’il a occupée pendant 14 ans. Puis le vice-roi Antonio de Mendoza l’a nommé gouverneur de Tenochtitlán. Ou Don Diego de San Francisco Tehuetzquitizin, ou Don Alonso Tezcatl Popocatzin, ou don Pedro Xiconocatzin. Faut-il continuer ? Tous indiens, tous dirigeants au sein du vice-royaume de la Nouvelle Espagne. »
Les principales missions des chefs nommés par les colons étaient de prélever les impôts et d’organiser des rafles d’esclaves. En quoi le fait d’assigner ces missions à des autochtones de la « plèbe » (c’est-à-dire des hommes qui n’avaient aucune légitimité dans leur société) diminue-t-il le caractère barbare de la colonisation ?
Quand les archéologues européens trouvent un ossuaire sur leur continent, ils disent qu’il s’agit d’une sépulture. Quand ils en trouvent en Afrique ou en Amérique, ils disent que ce sont des preuves que les « sauvages » pratiquaient des sacrifices humains. Malcolm X disait : « Si le Blanc trouvait le courage de se regarder dans un miroir, il reconnaîtrait lui-même qu’il doit disparaître. »
Chers lecteurs, prière de ne pas accorder crédit au commentaire précédent. Vous avez devant vous un exemple flagrant de personne imbue de Légende noire jusqu’au bout des ongles. Une personne qui manifestement ne sait pas à quoi ressemble une sépulture et pourquoi on ne peut pas dire que cet “ossuaire” (où des crânes sont disposés en décoration) en est une. Et qui a une vision bien trop réductrice du rôle de gouverneur. Personne ne cherche à nier la barbarie qui a lieu pendant la colonisation, ce qui est démontré c’est qu’on ne peut pas jeter toute la barbarie sur les Espagnols, souvent représentés comme des monstres assoiffés de sang. Si c’était le cas, les Espagnols n’auraient jamais nommé des autochtones comme gouverneurs de leur propre pays (rôle bien plus important que ce que cette personne insinue). Ce que le précédent commentaire fait, c’est précisément ce qui est dit dans l’article : nier les pratiques sacrificielles des Aztèques pour jeter la honte et la culpabilité sur les Conquistadors (il va jusqu’à réfuter les travaux d’archéologues, bien plus experts dans ce domaine, parce qu’ils ne s’accordent pas avec ses convictions. Les Conquistadors étaient blancs, certes, mais peut-on en dire autant de tous les archéologues qui ont participé à ces récentes découvertes ?). On peut très facilement constater le manque de crédibilité et surtout d’objectivité dans ce qu’a écrit notre cher François, particulièrement clair à travers sa dernière citation, où il est évident qu’il pense que les blancs sont les seuls responsables de tous les maux (peut-être ignore-t-il qu’il fait preuve de racisme ? Ah oui, j’oubliais, les blancs ne peuvent pas être “racisés”, c’est impossible…). C’est peut-être pour ça que personne n’a pris la peine de lui répondre !