TRIBUNE LIBRE
Alors que le peuple appelle de ses vœux une révolution, pourquoi Marine Le Pen a-t-elle voulu se porter au secours du Régime qui était en train de vaciller ces derniers jours ?
Sont-ce ses convictions personnelles qui s’expriment ? Si oui, voilà un criant manque de lucidité et de formation, quant au Système intrinsèquement pervers qui a mené la France là où elle est : endettée à mort, non plus indépendante mais soumise à des institutions étrangères, tyrannisée par les lobbies et tout simplement sur le point de disparaître culturellement et physiquement.
Ou alors s’agit-il peut-être de gages donnés pour éviter davantage de problèmes (judiciaires en particulier) ou s’attirer les faveurs du Régime en question et de ses médias ?
Dans tous les cas, diront certains d’entre nous, c’est précisément pour ce genre d’attitude qu’elle a été promue par les médias au début des années 2000, car ils avaient compris qu’elle pourrait faire évoluer le FN – pas particulièrement républicain et incompatible avec le Système par certains aspects de son programme (défense de la vie des enfants in utero, défense de la famille, remigration, défense de l’identité ethnique française, opposition radicale à l’UE…) – vers un parti largement moins opposé au projet gaucho-cosmopolite.
En attendant, il ne faut pas se plaindre que l’extrême-gauche récupère les Français révoltés, ils y sont presque poussés par Marine Le Pen…
Henri Ménestrel
Dans cette lettre ouverte, on relève ainsi :
« Portées par une colère légitime qui s’exprime avec le mouvement des Gilets Jaunes, certaines personnes, souvent plus par désenchantement que par conviction, ont pu se laisser tenter par une remise en cause plus ou moins implicite de nos institutions de la Vème république.
Certes, si le droit de critiquer nos institutions relève de la démocratie, la remise en cause de nos institutions y compris avec une prétendue VIe République me paraît totalement malvenue.
A un moment où le ministre de l’Intérieur tente de discréditer le mouvement par l’accusation artificielle de sédition, au moment où le pays a besoin de décisions, les imprécations en faveur d’un renversement de la Vème République sont inutiles, mais surtout ambiguës et donc inutilement dangereuses.
Cette revendication qui fait écho de manière assez grossière, au programme politique d’un candidat à la présidentielle vient, en outre, entacher l’image d’apolitisme que le mouvement citoyen éminemment estimable des Gilets Jaunes tient à juste titre à conserver.
Sur le fond, dans les moments qui engagent la paix civile, il m’apparaît, au contraire, utile de réaffirmer notre attachement à la République, à ses valeurs et tout particulièrement au régime politique, dont le général de Gaulle nous a fait les héritiers.
Le fait qu’un titulaire de la charge présidentielle manque à ses devoirs par une attitude vécue par des millions de Français au-delà du mépris comme une violence, le fait qu’il exerce son mandat davantage comme un banquier d’affaires que comme un homme d’Etat ne doivent pas conduire à des conclusions erronées. La France ne souffre pas de l’institution présidentielle. Elle pâtit du défaut d’incarnation de la fonction par un homme dénué d’empathie pour le peuple, engoncé dans la morgue des élites et le mépris de classe. Cette haute et si nécessaire fonction est abîmée par les logiques comptables de technocrates qui n’ont que l’argent comme critère d’appréciation humain et comme fil conducteur politique. […] »