En décembre dernier, deux chercheurs de science politique, Michael LaCour de UCLA et Donald Green de Columbia, publiaient une étude sur le mariage gay qui eut grand retentissement outre-Atlantique, et fut relayée par de nombreux médias dans le monde entier (du New-York Times au Jerusalem Post en passant parLe Monde en France). L’idée principale de cette enquête était la suivante: une simple discussion rationelle pouvait changer l’opinion des gens sur le mariage gay. 22 minutes de conversation avec un avocat homosexuel suffiraient pour faire changer d’avis une personne hostile au mariage entre personnes de même sexe. L’étude, intitulée «Quand le contact change les mentalités: l’exemple de la transmission du soutien au mariage gay», qui se basait sur une «enquête méticuleuse» sur un échantillon de 9500 personnes, avait été publiée par la prestigieuse revue Science. La méthode utilisée était celle du porte-à-porte. Dans les groupes ayant reçu la visite d’un militant, le vote en faveur du mariage gay progressait de 8 points. «Ce qui revient à transformer un habitant du Midwest [conservateur] en électeur du Massachusetts [progressiste]», écrivait les auteurs. La conclusion allait à l’encontre de précédentes études qui montrait que les convictions des individus, largement ancrées dans leurs cultures respectives étaient difficilement perméables à la persuasion rationnelle.
Une conclusion étonnante. Trop. En réalité, l’enquête était truquée. Lacour avait falsifié les données. Mardi, son collègue Green, visiblement dupé, s’est rétracté publiquement, et a demandé au journal Science de retirer l’étude.