C’est en tout cas le projet de députés macronistes, comme l’évoque Georges Michel sur BVoltaire :
« Le concours Lépine des fausses bonnes idées bat son plein chez les députés LREM et leurs supplétifs du MoDem. BFM Business nous révèle qu’un groupe de députés de la majorité vient de pondre un rapport qui milite en faveur de l’extension de la redevance audiovisuelle à l’ensemble des foyers. Et si j’ai remisé ma télé au grenier ou que je l’ai transformée en poulailler (il doit bien encore exister des anciens modèles qui ont hébergé Léon Zitrone et Danièle Gilbert) ? On vous dit télé obligatoire. Vous n’allez pas commencer à mégoter. C’est pour votre bien. Bon alors, c’est l’État qui va payer l’achat de mon téléviseur ? Bah, non ! Ah, d’accord. Je comprends…
Sur ce principe, du coup, je pense à un truc : et si on faisait payer une taxe forfaitaire aux Français pour circuler sur les autoroutes ? Riche idée, non ? Pour paraphraser ce rapport sur la taxe audiovisuelle : « Le temps est venu de franchir le pas et d’assumer politiquement l’universalisation » du péage d’autoroute. Et tant pis pour les vilains réactionnaires, anarchistes et autres asociables qui empruntent les chemins de traverse de notre société mondialisée. Péage obligatoire pour tout le monde ! Et je suis certain qu’on doit pouvoir trouver plein d’autres idées du même tonneau, si on va bien chercher un peu au fond.
Vous me direz, sans le savoir, le concept est depuis longtemps développé. Prenez l’école, par exemple. Tous les contribuables payent pour l’école de qualité que l’on sait. Même ceux qui mettent leurs enfants dans le privé. La triple peine revenant à ces fous qui confient leurs enfants aux écoles hors contrat. Là, on paye une fois pour fabriquer des générations entières qui ressortent du système avec un certificat d’aptitude à regarder Hanouna à la télé. Une deuxième fois pour contribuer au privé sous contrat où, parfois, il devient incongru d’être catholique, lorsqu’il s’agit d’écoles relevant de l’enseignement du même qualificatif. Et une troisième fois, finalement, pour que sa propre progéniture apprenne à lire, écrire, compter et dire bonjour à la dame pour le reste de ses jours. Mais on s’éloigne du sujet. Quoique…
Donc, redevance obligatoire, qu’y z’ont dit. Bon, on va me dire qu’en 2016, 93,9 % des foyers français étaient équipés d’un téléviseur, d’après l’Observatoire de l’équipement audiovisuel des foyers (si, si, ça existe, ce machin). Je me répète, on ne va pas mégoter pour une poignée d’irréductibles. Mais alors, l’idée est peut-être d’étendre cette redevance aux ordinateurs. Mais non : « Ce serait une fausse bonne idée… L’obsolescence technologique nourrira sans cesse l’obsolescence réglementaire », écrivent les députés de la start-up macronienne. Exit, aussi, l’idée de taxer l’accès à Internet à haut débit car cela ferait payer les jeunes et les pauvres et que ce ne serait pas équitable. Donc, haro sur cette bonne vieille téloche. Guy Lux, reviens, ils sont devenus fous !
Mais attention, là où ça confine au génie, c’est lorsque le rapport préconise de rendre la redevance proportionnelle aux revenus en exemptant les plus faibles revenus. Nous y voilà. Le troupeau docile de vaches à lait que sont les classes moyennes de ce pays pourra bien supporter une nouvelle traite. Pourquoi, alors, ne pas étendre l’idée à d’autres services : du côté de la Sécurité sociale, par exemple. Pourquoi (soyons fous) ne pas aller encore plus loin, plus fort – l’informatique permet de faire des choses formidables – ne pas payer son Caddie® dans les grandes surfaces en fonction de ses revenus. Au final, la France deviendrait ainsi un vaste pays de pauvres. Il est vrai qu’elle est déjà sur le bon chemin… »