L’émission de télé-réalité Koh-Lanta, diffusée sur TF1, aura fait deux morts en quelques jours : celle d’un candidat du jeu, Gérald Babin, pris d’un malaise durant une épreuve, le 22 mars dernier, et celle du médecin présent sur le lieu de tournage au moment du drame.
Le médecin s’est en effet suicidé au Cambodge dans la nuit de dimanche à lundi.
Thierry Costa, 38 ans, a laissé une lettre, transmise à sa famille, expliquant qu’il se sentait « sali » par l’affaire de la mort de Gérald Babin : «Ces derniers jours, mon nom a été sali dans les médias. Des accusations et suppositions injustes ont été proférées à mon encontre», écrit-il. Et de poursuivre : «Je suis certain d’avoir traité Gérald d’une manière respectable, comme un patient et non comme un candidat. Même si je regrette cette fin malheureuse, j’ai agi conformément au serment d’Hippocrate et entouré de vrais professionnels». Quant à la société de production du jeu de TF1, Adventure Line Productions, elle a tenu à souligner«son très grand professionnalisme et son humanité à l’égard des participants et des équipes de production ont toujours fait l’unanimité».
Ce qui est inquiétant dans cette affaire, c’est que selon les témoins du drame, et leurs témoignages concordent, la production aurait attendu avant de faire intervenir le médecin, suite au malaise de Gérald Babin, afin de ne pas nuire à l’audience. Quoiqu’il en soit, l’un des vices inhérents à la nature de ce genre d’émissions, dites de télé-réalité, c’est l’instrumentalisation de l’humain au service de la production et de la consommation. L’individu se vend : en vertu de son contrat, sa vie, son quotidien et son intimité appartiennent à la société de production et seront étalés publiquement devant des millions de spectateurs, transformés pour l’occasion en adeptes du voyeurisme. Jouer avec l’humain, en plus d’être moralement suspect, voilà qui expose parfois à des drames…