Trevor Phillips, ancien responsable de la commission pour l’Egalité et les Droits humains au Royaume-Uni – l’équivalent de la HALDE et du Défenseur des droits en France – a décidé de faire son mea culpa. Il a réalisé un documentaire au titre provocateur, diffusé ce jeudi soir sur Channel 4 : Things we won’t say about race that are true (Les choses que nous refusons de dire sur la race et qui sont vraies). La promotion de la société multiculturelle et le discours de l’antiracisme sont mis sur la sellette par celui-là même qui en était chargé.
En deux mots : Trevor Phillips rappelle qu’on a essayé, lui le premier, d’empêcher les gens d’exprimer leur avis sur la manière dont change la face de leur pays, devenu société multiculturelle, en les traitant de « racistes ». « Les activistes de mon espèce pensaient sincèrement qu’en empêchant les gens d’exprimer leurs préjugés, ils cesseraient de les avoir. Nous avions tort : complètement tort. »
Et pas seulement sur le plan d’un antiracisme qui aurait raté sa cible. Au même moment où la commission pour l’Egalité cherchait à contrer les « stéréotypes de race », affirme aujourd’hui Trevor Phillips non sans dépit, un nombre « troublant » d’entre eux se révélait exact.
Son documentaire en présente un échantillon, tiré de statistiques réalisées au Royaume-Uni.
• Un tiers des pickpockets de Londres aujourd’hui sont roumains.
• Les délinquants emprisonnés pour vol sont six fois plus nombreux chez les Noirs que dans le reste de la population.
• Les maffieux Chinois n’ont pas leur égal pour le trafic humain.
• Les trafiquants de stupéfiants Afro-Américains sont de « pathétiques amateurs » comparés à leurs homologues Colombiens.
• Les imbéciles blancs sont les champions du crime provoqué par l’excès d’alcool.
Le tabou sur les stéréotypes et le discours antiraciste ont pesé sur l’efficacité des forces de l’ordre : un ex-officier (musulman) de la police métropolitaine rejoint Phillips pour dire que le refus du profilage racial correspond à une attitude idéologique. « OK, peut-être que nous pourrions attraper plus de criminels, mais on pourrait nous penser un peu racistes. »
C’est en raison de la glorification de la société multiculturelle que la petite Victoria Climbié a été tuée, affirme Trevor Phillips. Cette petite Ivoirienne a été soumise à des traitements barbares par sa grand-tante à qui on l’avait confiée, et le petit ami de celle-ci : elle est morte à huit ans en 2000, à Londres, abandonnée des services sociaux, des églises et autres instances qui avaient tous fait le constat des coups et des tortures dont elle était victime. On s’était accommodée de n’importe quelle explication, sauf la bonne, affirme aujourd’hui l’ancien responsable de la commission pour l’Egalité : ses gardiens ivoiriens étaient des brutes cruelles et superstitieuses. Mais quiconque à cette époque aurait pu sauver la petite Victoria aurait « marché sur des œufs ». C’est le credo de la société multiculturelle, au service de l’égalité des races, qui a laissé assassiner une fillette parce que des Blancs étaient gênés d’accuser ses bourreaux noirs.
De la même façon, explique-t-il, c’est au nom de l’antiracisme que des censeurs ont fait modifier un film destiné aux adolescentes des collèges pour les mettre en garde contre legrooming : on y montrait un Asiatique qui faisait miroiter belles voitures et amour pour les piéger dans la prostitution. Dans la deuxième version, le jeune homme était blanc. Du coup le scénario ne mettait plus les jeunes filles contre aucun danger réel – mais du moins ne pouvait-on plus le taxer de discrimination raciale…
Dans la société multiculturelle, souligne le documentaire de Phillips, les Blancs font du mal aux autres, l’inverse n’est pas concevable – ou plus exactement on n’a pas le droit de le concevoir. « Nous avons donné à certains une sorte d’exemption culturelle par rapport à un comportement normal, raisonnable et décent », affirme-t-il aujourd’hui.
Il le dit d’autant plus facilement qu’il a été lui-même un tenant de l’idéologie de l’antiracisme – et qu’il est Noir. Un Blanc le pourrait-il sans être aussitôt lynché par le monde du politiquement correct ?
Things We Won’t Say About Race That Are True, Channel 4, jeudi 19 mars à 21 heures.