En 1896, une loi sur l’enseignement secondaire diminuait (déjà) la place du latin.
Le député socialiste Jean Jaurès, lui-même doté d’une solide culture classique (il avait même rédigé sa Thèse d’État en latin) expliqua avec cynisme à ses opposants pourquoi il votait cette loi :
« Je voterai pour l’enseignement moderne, parce que la suppression de la culture classique à laquelle, personnellement, je suis de tout mon cœur attaché, vous portera le coup le plus funeste. Lorsque, il y a cinquante ou soixante ans, sous Louis-Philippe, la bourgeoisie est arrivée au pouvoir, au gouvernement, aux affaires, elle avait compris alors que le prestige de la seule richesse ne lui suffisait pas, et elle essayait, en appelant à sa tête des hommes imprégnés de la culture antique, en la défendant partout, d’ajouter pour elle au prestige grossier de l’argent le prestige d’une noble culture. Vous faites de singuliers progrès dans la décadence, messieurs. Et vous paraissez croire aujourd’hui que, n’ayant plus que le prestige grossier de la richesse, vous pourrez vous défendre. Non, messieurs, vous vous désarmez, vous vous dépouillez, vous vous découronnez vous-mêmes, et voilà pourquoi nous votons avec vous. »