Ce crâne a désormais un nom : celui de Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche, héros de l’histoire de France. C’est l’épilogue de 20 ans d’enquête digne des plus fins limiers, menée par le plus proche descendant vivant du chevalier.
Resté dans l’histoire pour sa bravoure et sa loyauté, Pierre de Terrail, seigneur de Bayard, dont les exploits sous Charles VIII, Louis XII et François 1er ont fait rêver des générations d’écoliers, fut enterré au couvent des Minimes à Saint-Martin-d’Hères, près de Grenoble. Mais ses restes furent disséminés.
Depuis deux siècles, historiens et passionnés ont cherché à identifier les restes du héros des guerres d’Italie, né en 1476 au château de Bayard, près de Grenoble, et mort au combat, d’un coup d’arquebuse en 1524 à Romagnano Sesia, dans le Piémont italien.
En 1937, un passionné trouva trois cercueils alignés à Saint-Martin-d’Hères (Isère), l’un des corps portant une plaque d’officier et l’un des crânes étant plus sombre. M. Parisot, qui obtint l’autorisation en 2012 de relever le nom de son ancêtre, assure aujourd’hui que l’étude de l’ADN mitochondrial de ce crâne, entreposé depuis les années 1960 sur une étagère des archives de l’Isère, a rendu possible l’identification du chevalier Bayard.
L’ADN a parlé
En février 2016, le professeur Gérard Lucotte de l’Institut d’anthropologie génétique moléculaire de Paris, spécialiste des questions génétiques, a effectué des prélèvements sur ce crâne qui a été reconstitué « comme un puzzle », a expliqué M. Parisot, qui a passé « 600 heures » à trouver un descendant en ligne féminine de Bayard.
Dans les dents, a été prélevé l’ADN mitochondrial, qui n’évolue que tous les 500 ans. Ce dernier est identique à celui du descendant de Bayard par les femmes, selon les résultats présentés jeudi. Vingt-cinq générations séparent ces deux ADN. Selon ces analyses ADN, le propriétaire du crâne avait les cheveux châtains, les yeux marron et la peau très blanche, « ce qui rejoint les commentaires et les représentations de l’époque de Bayard », a souligné M. Parisot.
Deux portraits peints du vivant de Bayard ont également été analysés par le logiciel FACEGEN qui permet notamment de « redresser le visage » à partir de portraits de trois quarts. Or ce faciès correspond « parfaitement à la forme du crâne et notamment à l’arcade sourcilière », selon son descendant, qui parle de « preuve par l’image ».
Une sépulture pour le chevalier?
« J’ai été très bouleversé en découvrant ce visage puissant », a déclaré M. Parisot. « Ça confirme qu’il devait être un colosse. » Selon les analyses, le chevalier mesurait entre 1,80 et 1,90 m. Jean-Christophe Parisot de Bayard, atteint de myopathie depuis l’âge de 13 ans, premier préfet handicapé de France, descend de la tante du chevalier Bayard.
Il veut désormais être reconnu comme le « gardien » du crâne de Bayard. « Je demande aux archives départementales de l’Isère qu’il soit rendu à sa famille afin de réaliser une sépulture digne de son rang », a-t-il dit, précisant qu’il avait déjà fait appel à des mécènes pour réaliser un gisant près de Grenoble.