L’escroquerie entre collègues ça peut arriver. Mais lorsque le lieu de travail est le Parlement européen et les collègues deux eurodéputés, l’affaire relève de l’exceptionnel. C’est pourtant ce qui est arrivé pendant près d’un an au souverainiste Paul-Marie Coûteaux victime en 2003 d’une fraude aux indemnités. Michel Dary, ancien eurodéputé du Parti radical de gauche, est en effet soupçonné d’avoir détourné de l’argent destiné aux collaborateurs de son collègue. Il a été mis en examen le 9 septembre par une juge d’instruction parisienne pour recel d’abus de confiance.
Chaque année, tous les parlementaires ont le droit, en plus de leurs indemnités, à une enveloppe de 135.000 € par an afin de rémunérer leurs collaborateurs et les déplacements de ces derniers. Un argent qu’ils n’ont pas le droit de toucher eux-mêmes mais qui est reversé à un tiers qui se charge par la suite de payer les attachés parlementaires et les secrétaires des députés. Déçu par son précédent prestataire, Paul-Marie Coûteaux décide donc d’en changer et sur l’invitation de Michel Dary, qu’il rencontre en 2002 chez Jean-Pierre Chevènement, il confie la gestion de cet argent à Execau, une société a priori sérieuse qui s’occupe déjà de plusieurs autres députés. « Etant entre collègues, je ne me suis pas méfié, explique Paul-Marie Coûteaux, contacté par téléphone. Je ne savais pas que dans un cadre comme celui-là, on se volait aussi. »
Pendant quelques mois tout se passe bien, les collaborateurs touchent leur salaire régulièrement. Puis les choses se compliquent, la paye arrive de plus en plus tard jusqu’au jour où elle n’arrive plus du tout. Deux mois de suite les assistants de Paul-Marie Coûteaux ne sont même plus payés. C’est à ce moment que le doute s’installe et que le député floué va découvrir le pot aux roses. D’interrogations en dépôt de plainte Coûteaux rompt avec Execau mais ses collaborateurs saisissent les prud’hommes et c’est lui qui doit les payer sur ses deniers personnels.
Après enquête, il apparaît que la société Execau est une société écran, uniquement composée de Michel Dary et de Patrick Belotti, un expert-comptable auquel il s’est associé. Dary est le rabatteur et Belotti le gestionnaire. Ensemble ils auraient détourné 80 % des indemnités destinées aux collaborateurs, soit 108.000 €. Avec cet argent Dary a acheté deux voitures dont une Peugot 607 et a effectué plusieurs retraits en liquide dont le total est de 38.000 €. « Ils ont joué la montre, Dary me disait que ça allait s’arranger, poursuit Paul-Marie Coûteaux. Mais j’irai jusqu’au bout. »
Dans cette affaire, le droit européen a compliqué les choses. Michel Dary, qui a pris sa retraite en 2004, est parti s’installer en Suisse, Execau a déposé le bilan et Patrick Belotti s’est fait oublier. Durant son interrogatoire, Dary a nié les faits et a été laissé en liberté. Me Alexandre Varaut, l’avocat de Paul-Marie Coûteaux, demande malgré tout « une confrontation entre les deux hommes le plus rapidement possible ».
Source : France Soir
Était bien sûr le verbe excusez moi