Dans une déclaration relatée par l’AFP, le président du conseil d’administration du groupe chinois Boyalife, Xu Xiaochun, assure qu’il dispose de la technologie suffisante pour cloner les humains. Seule la peur des réactions adverses de l’opinion réfreine la mise en application du clonage humain, ajoute-t-il. Le clonage est déjà une affaire de gros sous en dépit des controverses. Boyalife, avec sa filiale Sinica, construit la plus grande usine de clonage au monde, sur le port de Tianjin, au nord de la Chine, pour un montant de 31 millions de dollars. Boyalife et son partenaire coréen Sooam avaient déjà ouvert leur première usine de clonage à but commercial en 2014, dans la province de Shandong. L’usine de Tianjin produira jusqu’à 1.000.000 d’embryons clonés de bétail, de chevaux de courses ou d’autres animaux.
Du clonage animal au clonage humain, il n’y a qu’un pas
D’après Boyalife, les scientifiques se livrent au clonage animal depuis l’an 2000, pour la production de bœufs, de moutons ou de porc en vue de leur consommation. L’apport de la technologie moderne a permis de raccourcir considérablement le long processus de sélection dans l’élevage. De plus le clonage, par la sélection des gènes désirés, rend possible la production immédiate d’animaux répondant aux caractéristiques souhaitées. Des propriétaires de chiens ont déjà eu recours au clonage de leur animal de compagnie préféré. C’est d’ailleurs la société Sooam, partenaire coréen de Boyalife, qui s’est spécialisée dans cette activité avec Snuppy, le premier chien cloné en 2005. Sooam se penche maintenant avec intérêt sur la réplication des primates. Or, du primate à l’homme, il n’y a qu’un pas. D’ailleurs, le Daily Mail avait rapporté l’année dernière que des scientifiques chinois avaient cloné 30 embryons humains en guise de réserves de cellules pour des traitements médicamenteux.
Les arguments bienveillants de la justification du clonage à l’œuvre
Arguant de la perfectibilité des produits, Xu Xiaochun a fait le choix d’améliorer l’offre de la production alimentaire : « Nous voulons [des produits] uniformes, très consistants et de toute première qualité. », sans oublier l’argument économique de rentabilité pour la filière d’abattage. Après tout, pourquoi s’en priver ? Et pourquoi faudrait-il également se priver des possibilités qu’offre le clonage d’éliminer les risques génétiques à la naissance, tels le bec de lièvre, la trisomie 21 ou encore le spina bifida. La banque génétique de l’usine de Tianjin contiendra jusqu’à 5 millions de gènes cryogénisés, un catalogue qui pourrait bien, un jour, s’enrichir de gènes humains. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a présidé à l’implantation de l’usine sur le sol chinois, la Corée s’opposant aux pratiques du clonage humain sur son territoire.
Xu Xiaochun déplore d’ailleurs que « malheureusement, pour l’instant, la seule façon d’avoir un enfant est de le concevoir pour moitié d’un père et pour l’autre moitié d’une mère. » et d’ajouter « Peut-être aurons-nous trois possibilité à l’avenir, soit une conception à 50-50, soit une conception génétique issue à 100% du père ou de la mère. Ce n’est qu’une affaire de choix. »
Le clonage humain proposé par Boyalife en butte aux réticences sociétales
Toutefois, le clonage animal soulève pour sa part la controverse quant à la question de la sécurité alimentaire pour l’homme. Le Parlement européen a interdit la consommation de produits clonés alors que la FAO doit émettre un avis en la matière. Han Lanzhi, spécialiste des questions de sécurité relatives aux OGM à l’Académie chinoise des sciences de l’agriculture remet en cause la vraisemblance des allégations de Boyalife quant à la sécurité, l’étendue et la chronologie de leurs manipulations : « Le processus de certification relatif à la sécurité du clonage animal doit être très long ».
Les propos du président de Boyalife traduisent clairement sa volonté de servir les intérêts propres au développement de sa société, dans une Chine très peu regardantes quant aux trafics de « pièces détachées » humaines. Il n’est qu’à observer la vente d’organes ou de parties du corps des condamnés à mort chinois pour s’en convaincre.
Dès lors, quid de l’embryon humain dès la première seconde après sa conception ? Est-ce aussi une « pièce détachée » comme une autre, un bras ou une jambe par exemple ? La position de Boyalife et de son président laisse clairement entrevoir ce que risque de devenir notre société : une société dans laquelle ceux qui auront les moyens pourront s’offrir la progéniture de leur choix la plus parfaite qui soit, et les autres qui devront vivre avec les « tares génétiques » de leur hérédité – ou se voir interdire de procréer.
Une telle perspective n’est pas sans rappeler la folle idée du projet de sélection raciale Lebensborn de l’Allemagne nazie dans le cadre duquel 20.000 enfants de la « race supérieure des germains nordiques » sont nés dans les maternités SS.
Rappelons la sentence de Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Et que Dieu pardonne aux contempteurs prométhéens de sa création.
Nicklas Pélès de Saint Phalle pour Reinformation.tv