Louis XVII, le fils et héritier de Louis XVI, est-il bien mort au Temple en 1795 comme l’affirme l’historiographie officielle (et la majorité des historiens), ou alors a-t-il été exfiltré et a-t-il fait souche (avec la lignée « Naundorff ») comme le pensent toujours d’autres ?
De récentes analyses ADN semblent relancer le débat.
Via Le Figaro :
« Les résultats d’une nouvelle analyse accréditeraient l’hypothèse que le fils de Marie-Antoinette et de Louis XVI ne serait pas mort en 1795 à la prison du Temple, mais cinquante ans plus tard en Hollande.
Grâce à l’ADN, l’un des plus grands mystères de l’Histoire, l’un des plus polémiques aussi, est peut-être en train de s’éclaircir. Le mythe de Karl-Wilhelm Naundorff, mort en Hollande en 1845, qui prétendait être Louis XVII, le fils de Marie-Antoinette et de Louis XVI emprisonné à l’âge de 7 ans au Temple et décédé officiellement en 1795, est relancé par une nouvelle révélation.
Alors que des études ADN commandées par les Bourbons il y a une quinzaine d’années – pour en finir avec ce fantasme historique et cet «imposteur» – avaient «définitivement» attesté que Naundorff n’était pas Louis XVII, de nouvelles analyses démontreraient que son descendant direct est bien un Bourbon.
Cette découverte inédite revient au Pr Gérard Lucotte, généticien et anthropologue, et à l’historien Bruno Roy-Henry, à l’initiative de cette enquête dans les profondeurs moléculaires. C’est le descendant mâle de la branche aînée de Naundorff, un libraire de 40 ans vivant en France, qui a soumis ses gènes au microscope du Pr Lucotte. Il s’agit d’Hugues de Bourbon – la lignée des Naundorff porte le nom des Bourbons par «une courtoisie de la cour de Hollande», explique un historien, légalisée par plusieurs jugements de la justice française mais toujours très contestée par les Bourbons. Il est le fils de Charles Louis Edmond de Bourbon, descendant très médiatique de Naundorff, décédé en 2008, que beaucoup de gens appelaient «Monseigneur» en soulignant sa ressemblance criante avec Henri IV.
Les prélèvements sur le jeune Hugues ont eu lieu à La Rochelle, il y a deux ans. L’étude a porté sur les marqueurs du chromosome Y (spécifique de la lignée masculine). Au contraire de la précédente, il y a 15 ans, qui portait sur l’ADN mitochondrial (spécifique de la lignée féminine), prélevé sur Anne de Roumanie, descendante de Marie-Antoinette par la branche Habsbourg, et avait été comparé à l’ADN contenu dans un os de Naundorff. Ces recherches, conduites par le Pr Cassiman, avaient alors exclu toute parenté maternelle Habsbourg. Cette fois, l’analyse du chromosome Y du descendant Naundorff a été comparée avec l’haplotype des Bourbons grâce à «un profil du chromosome Y» de la maison royale établi en octobre dernier par le Pr Cassiman. Résultat: «On retrouve chez lui l’essentiel des marqueurs du chromosome Y des Bourbons, il fait partie de la famille», conclut le Pr Lucotte. Publiés dans la revue scientifique International Journal of Sciences, ces résultats seront présentés samedi par le généticien devant le Cercle d’études Louis XVII.
Outre la vérité historique, les enjeux et passions sont de taille, compte tenu des intérêts patrimoniaux et de la prétention symbolique au trône de France. Selon son entourage, Hugues n’aurait toutefois «pas du tout les revendications» de son défunt père qui prétendait au trône de France en cas de retour de la monarchie.
Que le jeune Naundorff soit un Bourbon n’établit pas pour autant que «l’enfant du Temple» a survécu et qu’il est le fruit de sa descendance. Enfin pas encore. Cette découverte de Lucotte et Roy-Henry n’est que la première étape d’une série de travaux à venir. Pour savoir si Naundorff était bien Louis XVII, il faudrait établir son ADN complet. Or, il y a quatre mois, des cheveux de Naundorff ont été récupérés par des scientifiques. Qui chercheront à prouver que l’ADN mitochondrial Habsbourg – démenti il y a quinze ans – est bel et bien dans ses cheveux. Ces scientifiques remettent en cause la qualité et l’authenticité des prélèvements d’os sur Naundorff, lors de ces tests anciens, car le cercueil avait été ouvert en 1950 lors de la restauration du tombeau.
Tribune de Bruno Roy Henri (l’un des deux signataires de l’étude)
L’article scientifique (en anglais)